L’utilisation des réseaux sociaux est devenue la source principale de développement professionnel pour les enseignants, et ce dès le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. Les conseillers pédagogiques ont aussi été fortement sollicités afin de les accompagner dans les changements rapides qu’ils ont connus.
C’est ce que révèle une recherche sur le développement professionnel autonome chez les enseignants dans le contexte de la pandémie, menée par la chercheuse indépendante Viorica Dobrica-Tudor et la conseillère pédagogique Alexandra Coutlée. Par le biais de cette recherche, elles souhaitaient confirmer si le contexte avait amené les enseignants du primaire et du secondaire à parfaire leur développement professionnel et quelles avaient été les ressources utilisées.
De fait, du jour au lendemain, les enseignants ont été forcés de repenser leur enseignement. Création de parcours d’apprentissage à distance, suivi des tâches à réaliser par les élèves, production de consignes claires et rétroactions efficaces ont été au cœur des changements. Afin de relever ces défis, les enseignants se sont effectivement tournés vers différentes sources visant à les soutenir dans cette adaptation.
Au final, trois profils d’enseignants ont été identifiés :
- ceux dont le développement professionnel a reposé en majorité sur les interactions avec des collègues connus;
- ceux qui se sont plutôt fié à leurs propres réflexions et aux conseillers pédagogiques;
- ceux qui se sont inspirés des échanges professionnels sur les réseaux sociaux pour développer leur pratique.
Les réseaux sociaux comme communautés de pratique en ligne
Les chercheuses ont observé que les enseignants, à la recherche de réponses rapides à leurs questionnements, se sont naturellement tournés vers les réseaux sociaux. Ceux qui les utilisaient déjà avant la pandémie ont accentué leur usage. Ceux qui ne les utilisaient pas se sont d’abord tournés vers leur entourage immédiat et les conseillers pédagogiques de leur milieu. Puis, plusieurs ont aussi fait leurs premiers pas en ligne à la recherche de témoignages concrets de collègues sur lesquels s’appuyer.
Ainsi, « la plupart des enseignants ont augmenté la fréquence d’utilisation des réseaux sociaux durant la pandémie et n’envisagent pas de la diminuer une fois la période de confinement dépassée, ce qui suggère des changements durables qui seront intégrés dans les pratiques quotidiennes », lit-on dans le rapport.
Par ailleurs, le recours aux réseaux sociaux demanderait une plus grande confiance en soi. Les enseignants qui vivaient davantage d’insécurité souhaitaient davantage « recevoir des outils et des ressources pédagogiques de la part des conseillers pédagogiques ».
« Nos résultats devraient servir aux conseillers pédagogiques pour mieux soutenir le développement de compétences permettant l’adaptation des pratiques enseignantes à des situations hors du commun. Par exemple, la présence des conseillers pédagogiques sur les réseaux sociaux pourrait apporter des pistes d’accompagnement et même guider les échanges des enseignants qui y sont », suggèrent les chercheuses en fin de rapport.
En complément :
Le rapport intitulé La fonction de conseillère ou de conseiller pédagogique au Québec, des professeures Nancy Granger et Suzanne Guillemette, du département de gestion de l’éducation et de la formation de l’Université de Sherbrooke, avec l’assistante de recherche Bianca B.-Lamoureux, avait déjà confirmé que les conseillers pédagogiques ont joué un grand rôle auprès des enseignants au cours de la pandémie, tout particulièrement en ce qui a trait à l’accompagnement, au soutien et à la formation liés au numérique.
En lire plus dans cet article déjà paru dans l’École branchée : Les conseillers pédagogiques sont devenus des « accompagnateurs du numérique » pendant la pandémie.