Par Caroline Smith, conseillère pédagogique responsable du Programme de mentorat au Centre de services scolaire de Montréal
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12 mars 2020. Comme vous tous, mon quotidien a été bouleversé.
(N’éteignez pas votre appareil!)
Bien sûr, les semaines, les mois qui ont suivi ont été tout sauf un long fleuve tranquille. De l’incertitude est née l’adaptabilité et sa cousine, l’agilité. Pour les acteurs de l’éducation, cette pandémie fut une occasion unique de faire un bond en avant spectaculaire, notamment sur le plan technologique.
Ce bouillonnement créatif et son effervescence nous portent, encore aujourd’hui, dans un monde du travail en pleine transformation.
En mars 2020, une pandémie a frappé alors qu’un nouveau programme de mentorat voyait le jour aux Services pédagogiques du CSS de Montréal. Ce projet novateur du CSS a d’ailleurs été repris par le gouvernement dans la toute nouvelle convention collective des enseignants.
Le mentorat au temps de la pandémie
Du jour au lendemain, la plateforme Microsoft Teams est devenue mon principal outil de travail pour accompagner à distance de nouveaux enseignants que je connaissais à peine et qui, pour la plupart, s’intégraient nouvellement à notre CSS ou carrément au système d’éducation québécois!
Vous imaginez la précarité de leur situation quand nos vies professionnelles ont basculé à distance, alors qu’eux n’en étaient qu’à leurs toutes premières expériences en classe dans un établissement du secteur jeunes (du Québec).
Je me souviens d’un soir d’avril 2020 où une enseignante originaire de la Tunisie m’a demandé – à moi – si elle faisait le bon choix en prenant le dernier vol qui la conduirait vers sa famille, qu’elle avait quittée quelques mois plus tôt…
Ce lien qui traverse l’écran
De rencontres individuelles en rencontres de groupe, nous avons traversé ensemble les différentes étapes qui ont conduit vers ce retour en classe au primaire, puis au secondaire. Entre adultes, nous avons réussi à créer des liens, même à distance, pour échanger justement à propos de ces stratégies à mettre en place pour préserver la relation enseignant-élèves, peu importe la modalité de travail. Sachez d’ailleurs que cet enjeu est encore bien présent aujourd’hui, ce récent webinaire de Réseau réussite Montréal en fait état.
Et la compétence numérique dans tout ça?
Mon développement professionnel n’aura jamais été aussi soutenu, alors que mon travail d’accompagnement habituel se poursuivait.
Les rencontres virtuelles en petits groupes sont devenues des moments de développement professionnel où tous pouvaient s’exercer dans un espace sécuritaire. À partir de la création d’un code d’éthique en ligne, les membres de la communauté ont eu la chance de découvrir une variété d’outils technologiques pour qu’ils puissent, à leur tour, offrir un enseignement à distance qui rende les élèves actifs dans leurs apprentissages. Il est clair que nous avons tous développé une plus grande aisance avec la technologie. Mais, ce qui est plus remarquable encore, c’est ce désir récent d’approfondir la compétence numérique dans toutes ses dimensions plutôt que de se limiter aux habiletés technologiques et, surtout, se former pour faire face aux défis humains soulevés par le numérique.
Ce fameux citoyen éthique à l’ère du numérique, qui est-il?
Communiquer avec authenticité
Les vagues se sont succédé et mon accompagnement a gagné en efficacité grâce aux nouvelles modalités de travail (travail hybride). Toutefois, des experts nous mettent en garde contre le phénomène de déshumanisation qui se serait accru durant la pandémie et dont les conséquences affecteraient les communications interpersonnelles.
La technologie nous rend tous plus rapides, mais cela se fait-il au détriment de notre rapport aux autres? (Écoutez Benoit Petit à ce sujet.)
Pour ma part, je suis convaincue que le renforcement des compétences humaines, dans une approche réflexive, est une voie à privilégier pour mieux collaborer, créer et communiquer à l’aide du numérique. Des études montrent qu’être soi-même dans ses relations génère de la confiance et améliore la communication; cette disposition d’esprit me semble une avenue porteuse qui se doit d’être explorée davantage si nous voulons parvenir à une certaine élévation de l’humain par le numérique, et nous avons tous le devoir d’y croire pour les générations à venir.
Le 4 octobre dernier, je suis allée au théâtre : c’était soir de retrouvailles avec la première cohorte du programme de mentorat.
« Il est toujours plus facile d’exiger la confiance des autres que d’inspirer confiance aux autres ! Inspirer confiance, c’est une tâche quotidienne à ne jamais prendre pour acquis. »
– Marc-André Girard (compte LinkedIn)