À l’occasion du dernier colloque international en éducation organisé par le CRIFPE, la professeure Carole Raby a présenté les conclusions d’une étude sur l’utilisation du portfolio professionnel utilisé en formation des maîtres.
D’entrée de jeu, Carole Raby a expliqué qu’afin de documenter le développement des compétences et aider les futurs enseignants à développer leur identité professionnelle, on a instauré le portfolio d’apprentissage à l’UQÀM. Il est utilisé au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire depuis 2009-2010. Cependant, la seule rubrique obligatoire pour les étudiants est celle concernant les compétences professionnelles. Les autres sont laissées à leur discrétion. En effet, l’outil a comme objectif de faciliter l’évaluation des 12 compétences professionnelles des enseignants en formation.
La professeure Raby et son équipe ont voulu en savoir plus sur la perception des futurs maîtres de cet outil. Pour ce faire, ils ont administré un questionnaire à chacune des cohortes, en début d’année, pendant 4 ans. Les questions touchaient notamment la définition du portfolio, son format, son contenu, l’état d’avancement, leur perception de son utilité, les aspects positifs, les difficultés et les besoins. Une question ouverte à la fin a permis de recueillir de nombreux commentaires parmi les 600 à 650 participants chaque année.
Parmi les faits saillants, on note que la satisfaction augmente d’année en année en ce qui a trait à la possibilité de réfléchir sur la profession, sa pratique et son cheminement grâce au portfolio. Les cohortes de 2e année apprécient particulièrement la possibilité d’y regrouper des ressources et réalisations. En 3e et 4e année, on remarque qu’il mène effectivement à une meilleure compréhension des compétences professionnelles.
Du côté des difficultés, un tiers des répondants, surtout en 3e et 4e année de bacc, déclarent manquer de temps pour le tenir à jour. Certains expriment que les exigences et consignes sont parfois confuses, et qu’il est souvent difficile de trouver un lien entre la théorie les artéfacts demandés dans la rédaction des billets. En effet, on leur demande de trouver un exemple concret d’application d’un élément de théorie.
Nombreux aussi sont ceux qui souhaiteraient pouvoir personnaliser leur portfolio à leur image et avoir plus de liberté dans la rédaction des billets. Enfin, en 1ère année, les étudiants estiment manquer d’expérience pour pouvoir s’exprimer convenablement sur les éléments demandés dans leur portfolio.
Donc, parmi les besoins des étudiants, les chercheurs ont identifié la nécessité d’un meilleur soutien à toutes les années, incluant l’aspect technique pour les 1ère et 2e années. Les étudiants ont également besoin de plus de temps, de consignes et directives plus claires sur le contenu (en 1ère et 2e année particulièrement), d’exemples pour s’inspirer (toujours pour les 2 premières années) et de plus de liberté pour mettre le portfolio à leur image (besoin exprimé uniquement par les 3e et 4e années).
En conclusion, Carole Raby estime que l’objectif du portfolio est atteint pour ses aspects positifs. Elle suggère de détendre le cadre de la démarche pour les 3e et 4e année et leur laisser du temps dans les cours pour l’entretenir. Elle recommande finalement de persévérer avec l’outil dans la formation des futurs enseignants.
Remarquez-vous un parallèle avec un portfolio utilisé au secteur des jeunes? Les jeunes aimeraient-ils eux aussi avoir plus de liberté dans la personnalisation de l’outil, plus de temps pour le compléter et des consignes moins rigides? Observent-ils eux aussi qu’il favorise une meilleure compréhension des compétences à développer? N’hésitez pas à partager votre expérience en laissant un commentaire à la suite de l’article.