Chaque matière amène son lot de défis lorsqu’il est question d’enseignement à distance. Comme enseignant, il faut alors revoir à la fois nos façons d’enseigner et d’évaluer. En français, plusieurs questions peuvent se poser. En voici quelques-unes, accompagnées de conseils afin de vous aider à trouver des réponses.
L’écriture : la longueur des tâches et la correction efficace
Comment faire vivre des situations d’écriture à distance en tenant compte du support (numérique ou papier), de la présence d’auto-correcteur dans plusieurs plateformes et de la rétroaction à donner?
Proposer de petites tâches ou décortiquer en plusieurs étapes une rédaction de plus longue haleine.
Par exemple, les élèves peuvent écrire un paragraphe ou une partie de leur récit, effectuer une première correction et vous l’envoyer. À la fin, il ne faut cependant pas oublier de retravailler la cohérence de tout le texte pour qu’une fois ensemble, les différentes parties s’assemblent bien.
En plus d’éviter la surcharge cognitive qu’amène une tâche d’écriture, cette façon de faire augmente le nombre d’échanges entre l’enseignant et les élèves et diminue la charge de correction ponctuelle.
Que faire maintenant avec l’auto-correcteur? Sachez que, dans la majorité des applications et logiciels, il est possible de le désactiver. Bien sûr, les élèves pourraient le remettre, mais faites-leur confiance. D’ailleurs, les auto-correcteurs demandent qu’on s’arrête à leurs propositions. Ils n’ont pas toujours tout bon. De plus, en ciblant non seulement les critères reliés à l’orthographe et au vocabulaire, mais aussi ceux liés à l’organisation des idées, par exemple, vous évaluerez plus globalement les compétences de vos élèves et passerez outre l’auto-correction.
Concernant la correction et ses critères, plusieurs plateformes, comme Classroom, Kami, Notability, permettent d’ajouter des commentaires et des signes sur une copie d’élève. L’extension Chrome « Talk and Comment », l’application Notability ou tout simplement l’option d’enregistrement d’écran sur iPad ou sur l’ordinateur permettent également d’ajouter des commentaires audio aux travaux. Ainsi, en corrigeant, vous pouvez commenter à voix haute pour nommer les bons points et les défis de chaque élève. En leur remettant un enregistrement, vous leur offrez une rétroaction efficace et signifiante. Et même si les élèves vous remettent une photo d’un texte écrit à la main, il est toujours possible de leur enregistrer un commentaire sous format vidéo ou audio en guise de rétroaction.
Finalement, en modifiant les objectifs d’une tâche et les critères de correction, il est possible de ne pas sentir la pression de corriger « comme d’habitude ». Pourquoi ne pas cibler uniquement 2 ou 3 critères de correction associés aux difficultés de chaque élève? Par exemple, dire à un élève: « dans le paragraphe que tu me remettras, je n’identifierai que les erreurs de ponctuation, d’accord de l’adjectif et reliées aux majuscules ».
La lecture : diminuer le temps d’écran et engager les élèves
Les élèves peuvent-ils (doivent-ils?) lire un texte de plusieurs pages à l’écran comme sur papier? Afin de répondre à cette question, rappelez-vous que la lecture ne se fait pas de la même façon à l’écran que sur papier. Il devient donc irréaliste d’imposer les mêmes façons de faire aux élèves.
Proposer plutôt plusieurs petites lectures accompagnées d’exercices et d’évaluations pour guider les élèves.
Afin de limiter la fatigue oculaire et d’optimiser le degré d’attention, proposez-leur de lire des articles de presse, de blogues, ou encore de scinder la lecture d’un texte plus long en plusieurs petites lectures.
Voici quelques mines d’or directement sur le Web afin de faire lire vos élèves :
Pour engager les élèves et garder des traces de leur compréhension de lecture, on peut concevoir des questionnaires à l’aide d’applications comme Google Forms, MS Forms, Quizziz, Classkick ou Formative. En prime, certaines options dans ces applications permettent la correction automatique des réponses.
Pour les réponses plus élaborées (critères de réaction et de jugement critique, par exemple), il peut être intéressant d’opter pour un outil d’enregistrement tel que Flipgrid afin que les élèves répondent oralement aux questions. De plus, cet outil intègre un volet de rétroaction qui permet à l’enseignant de donner des précisions à chaque élève.
Les outils de collaboration de Google ou Microsoft peuvent aussi être de bons alliés si vous posez une question qui demande de rédiger une réponse plus élaborée. Classkick et Formative peuvent également être pertinents pour la composition de réponses de ce type, mais certains élèves préfèrent les outils qui sont faits pour le traitement de texte. N’hésitez pas à les consulter sur leurs préférences et à leur offrir le choix!
L’oral : un moyen de faire un pause
Combien de fois, en classe, aimeriez-vous appuyer sur pause lorsqu’un élève fait une présentation orale ou bien qu’il discute avec d’autres afin de mieux évaluer ses habiletés de communicateur? Ce qui est bien avec le numérique, c’est que c’est maintenant possible!
Enregistrer les interventions orales des élèves ou leur demander de s’enregistrer
Dans la majorité des outils de visioconférence, comme Teams, Zoom ou Meet, il y a une option d’enregistrement. Si vous désirez offrir des commentaires ou garder des traces des interventions des élèves, les enregistrer permet de les réécouter. Il faut toutefois être transparent et dire aux élèves que vous observez leurs interventions selon des critères préétablis. Ici, vous pouvez même pousser plus loin en leur demandant de construire la liste de critères avec vous. Ils pourraient par exemple répondre à la question : Qu’est-ce qu’une intervention pertinente dans un cours en ligne?
Par ailleurs, Flipgrid peut être un allié pour demander aux élèves de s’enregistrer et de vous envoyer des clips audio. Petite astuce : à chaque fois qu’une tâche est envoyée dans l’application, gardez-vous un espace pour offrir de la rétroaction sur la prise de parole en général. Ils sauront alors quoi améliorer pour la prochaine fois.
En somme, lorsqu’il est question de français à distance, tout se joue au niveau de la longueur des tâches et de la rétroaction. Pour engager les élèves, il faut qu’ils se sentent en confiance et qu’ils aient un portrait clair de ce qui se passe. Ils se sentiront ainsi propulsés, et non surchargés.