Le 27 février dernier se tenait le CréaCamp Ottawa organisé en collaboration avec l’équipe ICE (innovation, créativité, entrepreneuriat) du Conseil des écoles publiques de l’Est-ontarien. Plus de 50 professionnels de l’éducation de tous les niveaux provenant du Québec et de l’Ontario se sont réunis pour réfléchir, explorer et approfondir de nouvelles approches pédagogiques.
Comme à tous les CréaCamps de l’École branchée, les participants devaient faire un choix déchirant en début de journée parmi les ateliers proposés par l’équipe de facilitateurs. Celle-ci était majoritairement constituée de conseillers pédagogiques et d’enseignants dynamiques du CEPEO. L’École branchée a eu l’opportunité de s’entretenir avec eux afin de vous partager leur vision de la pédagogie, du numérique et de l’innovation!
Dans cette série d’articles, nous vous présentons les artisans du CréaCamp Ottawa.
Le développement de l’esprit entrepreneurial
Cet atelier était animé par Julie Soini et Michèle Guitard de l’école secondaire publique Mille-Îles ainsi que par Chantal Larivière, conseillère pédagogique au CEPEO. Les trois facilitatrices étaient accompagnées de Jean-Sébastien Reid d’Idée éducation entrepreneuriale.
Enseignante de maths, sciences et techno, Julie est passionnée de pédagogie, plus particulièrement ce qui touche au développement de l’esprit entrepreneurial et à l’intégration novatrice et créative des technologies en milieu scolaire. Michèle enseigne le français en 7e et en 8e année et coordonne le programme d’éducation intermédiaire du Baccalauréat international.
En tant que conseillère pédagogique affiliée à l’équipe TacTIC du CFORP, Chantal accompagne les enseignants dans la réflexion, la planification et la mise en œuvre de scénarios pédagogiques authentiques et innovants.
Qu’est-ce qui vous a mené à animer cet atelier?
Julie : Je suis lead en entrepreneuriat à l’école secondaire publique Mille-Îles. Avec ma super collègue Michèle, nous avons mis en place en 2017-2018 un projet entrepreneurial à la grandeur de notre école (pour TOUS les élèves et qui implique TOUS les membres du personnel). Nous poursuivons cette initiative cette année. Je suis convaincue que ce type de projet ne peut que bénéficier les élèves ainsi que la communauté scolaire.
Michèle : Comme Julie a indiqué, nous sommes vraiment passionnées par l’innovation, la créativité et l’entrepreneuriat. Dans mon travail de coordonnatrice, je ne peux m’empêcher de voir des liens directs avec la pédagogie du Baccalauréat international. Nous voyons comment ces éléments peuvent pousser tous les élèves, mais aussi les enseignants, à se dépasser. En plus, c’était une première pour moi – de l’animation pour des collègues – donc, une belle expérience de coaching pour moi!
Chantal : Étant conseillère pédagogique en Innovation, créativité et entrepreneuriat, mon rôle est d’appuyer les différentes initiatives des écoles du conseil. Cette journée m’a permis de faire rayonner les pratiques gagnantes de mes co-facilitatrices Michèle et Julie.
Qu’est-ce qui est le plus important à retenir dans le développement de l’esprit entrepreneurial?
Julie : Pour vraiment motiver les élèves à s’engager et à s’entreprendre, le coach doit être un participant et apprenant actif, tout comme l’élève.
Michèle : L’élève doit rester au centre de l’apprentissage – c’est tentant comme adulte de mener et d’imposer nos idées. En même temps, c’est certain qu’on doit être là pour guider, encourager et motiver les élèves. La ligne est fine et c’est pour cela que les enseignants doivent réellement développer leurs habiletés de coaching.
Chantal : Nous passons de la pédagogie à l’heutagogie, c’est-à-dire savoir comment apprendre. L’enfant prend conscience du processus d’apprentissage, notamment pour développer sa motivation, sa persévérance, sa résilience et son autorégulation.
Quelles sont les qualités que l’on cherche à développer chez les élèves?
Julie : L’engagement, l’ouverture d’esprit et l’esprit critique. Aider l’élève à s’impliquer dans sa communauté, à bien vouloir comprendre les différences et à bien analyser les informations qui lui sont bombardées par les médias sociaux.
Michèle : Pour reprendre les qualités de l’apprenant du BI, je pense que l’esprit entrepreneurial permet aux élèves d’être sensés, ouverts d’esprit et altruistes (particulièrement lorsque les projets sont axés sur les communautés).
Chantal : Devenir des citoyennes et des citoyens engagés et responsables! Les élèves agissent et prennent des décisions responsables qui appuient la qualité de vie de tous, pour maintenant et pour l’avenir.
Quel est le rôle de l’enseignant dans une pédagogie entrepreneuriale?
Julie : Il est COACH et aussi apprenant. L’enseignant doit s’impliquer à motiver ses élèves, mais aussi à s’engager lui-même dans un ou des projets.
Michèle : En tant que coach, l’enseignant est appelé à motiver et à guider l’élève. C’est certain que l’élève a parfois besoin de limites et doit respecter des protocoles (je pense entre autres, aux campagnes de financement). Le coach est là pour lui donner les outils nécessaires, lui permettre de faire des essais raisonnables et de l’encourager.
Chantal : Le rôle de l’enseignant(e) est alors axé sur l’accompagnement de l’apprenant –elle/ il devient une facilitatrice/facilitateur qui surveille ce que les élèves font et qui intervient par questionnement. Cette façon de faire encourage l’autonomie et un apprentissage plus en profondeur.
Qu’est-ce que vous retenez de votre expérience de facilitateur au CréaCamp?
Julie : J’ai tellement aimé apprendre qu’il y avait d’autres enseignants qui partagent notre passion et qui voient l’importance du développement de l’esprit entrepreneurial. J’ai tellement apprécié le partage d’idées et de bons coups des participants.
Michèle : C’est toujours intéressant de voir ce que les autres enseignants ont vécu comme expérience – autant les participants que les autres facilitateurs. Le CréaCamp m’a permis de me ressourcer, de me ré-énergiser, car quand on voit qu’une variété de pédagogues partagent la même vision, c’est motivant!
Chantal : Cette deuxième expérience me confirme que je désire vivre un CréaCamp en tant que participante. Ces sessions de travail permettent de prendre une pause et de réfléchir sur nos pratiques pédagogiques, de la redéfinir et de la propulser plus loin.
Quel est votre coup de cœur pédagogique?
Julie : Mon coup de cœur a vraiment été la vidéo du groupe qui présentait l’atelier Apprentissage par enquête et ludification. Trop cool! L’idée des « pitchs » m’a créé beaucoup d’anxiété, mais j’adore ce format!
Michèle : J’ai bien apprécié l’équipe de l’École branchée et le format du CréaCamp. Je trouve que c’est FANTASTIQUE de permettre aux enseignants de découvrir quelque chose et de leur donner du TEMPS pour explorer, innover, réfléchir, créer… C’est un format que je ne connaissais pas du tout!
Chantal : Pour moi, c’est l’ambiance ressentie lors d’un CréaCamp. Au début, les pédagogues sont plutôt confus parce qu’ils ne connaissent pas la formule. Par la suite, c’est l’engouement. Ils plongent, ils explorent et ils créent des scénarios pédagogiques. Finalement, c’est le regain d’énergie. Ils quittent emballés et fiers de leur cheminement professionnel. De plus, le format CréaCamp permet de reconnaître et de mettre en valeur les compétences des enseignantes et des enseignants qui œuvrent tous les jours dans leur salle de classe.
Pour en apprendre plus sur l’éducation entrepreneuriale et vous inspirer, voici deux sites forts intéressants: Entreprendre c’est apprendre et Réseau québécois des écoles entrepreneuriales et environnementales (RQEEE). Vous pouvez aussi lire l’article de Idée éducation entrepreneuriale de Jean-Sébastien Reid, 7 raisons pour faire de l’entrepreneuriat à l’école.