Une convergence existe entre des milliers d’études réalisées par des chercheurs de partout dans le monde. Elle démontre hors de tout doute que l’effet enseignant existe. Alors que les élèves ont vécu de grands bouleversements au cours de la dernière année, cet « effet » devient d’autant plus important.
Lorsqu’on parle de l’effet enseignant, plusieurs pensent immédiatement au chercheur néo-zélandais John Hattie qui, par ses travaux, a mis en lumière le rôle central de l’expertise enseignante comme condition essentielle de la réussite des élèves. Il a aussi mis de l’avant la notion de progrès avant le succès, comme facteur déterminant de la réussite éducative. Ses résultats de recherche se confirment d’année en année depuis 2009. L’École branchée a d’ailleurs récemment assisté à une de ses conférences.
Steve Bissonnette, professeur au Département d’éducation à la TÉLUQ, a lui aussi étudié l’impact que les enseignants peuvent avoir sur leurs élèves. Et tout comme John Hattie, la notion de progrès est très présente dans ses constats. Les enseignants les plus efficaces auraient la capacité de faire davantage progresser leurs élèves, et donc de les faire cheminer vers la réussite éducative.
À travers ses travaux, il a notamment constaté que « le progrès des élèves assignés aux enseignants très efficaces est deux fois plus élevé que celui des élèves confiés à des enseignants peu efficaces ».
Que faut-il pour maximiser l’effet enseignant?
« Commencez par poser un regard sur vos élèves en ayant la conviction qu’ils ont tous la capacité d’apprendre. Il faut croire en leur réussite et avoir des attentes élevées envers eux », dit Steve Bissonnette.
Ensuite, la collaboration entre les enseignants d’une même école constitue un facteur de succès. Les enseignants ont tout intérêt à s’arrimer avec leurs collègues de même niveau et même avec ceux des autres niveaux. « Une gestion commune du curriculum est importante pour assurer une cohérence dans le continuum scolaire des élèves, autant pour l’apprentissage que lors des évaluations. Prévoir une séquence d’apprentissage d’un niveau à l’autre. Construire des évaluations de la même façon », indique-t-il.
Les principes de l’enseignement efficace
« L’enseignement efficace constitue un regroupement de stratégies pédagogiques qui ont montré un réel impact sur la réussite scolaire, reconnues par la recherche ». Les enseignants « efficaces », autrement dit les experts de l’effet enseignant, sont ceux qui les utilisent avec leurs élèves.
Parmi les principes de l’enseignement efficace, on retrouve :
1. Réviser quotidiennement : permet de renforcer les connexions entre les différents contenus abordés;
2. Présenter la nouvelle matière par petites étapes : permet d’éviter de surcharger la mémoire et de s’assurer de la compréhension avant d’aller plus loin;
3. Poser des questions : permet de suivre l’évolution du niveau de compréhension des élèves;
4. Offrir des modèles : permet un soutien aux élèves pour les aider à comprendre des concepts (ex. donner des exemples en raisonnant à haute voix);
5. Adopter la pratique guidée : permet aux élèves de récapituler, d’élaborer et de synthétiser une nouvelle matière;
6. Vérifier la compréhension des élèves : permet de valider individuellement leur progression.
Steve Bissonnette a présenté une conférence sur le sujet dans le cadre de l’événement « À distance mais présent en enseignement au secondaire ». Il s’agissait d’une initiative du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec (CPIQ) menée en étroite collaboration avec des membres associatifs, le Carrefour national de l’insertion professionnelle en enseignement (CNIPE), le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE) et la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQÀM.
En complément :
ROUTHIER, A. (2020, 3 décembre). L’enseignement efficace, Carrefour éducation
BARRIAULT, L. (2016, 3 février). Les principes d’un enseignement efficace, Réseau d’information pour la réussite éducative (RIRE)