Une enseignante d’Algérie témoigne de l’adaptation nécessaire pour enseigner à distance.
Par AIT ABDELAZIZ Kahina, Enseignante d’économie à l’École Supérieure de Gestion et d’Économie Numérique Pôle Universitaire de Koléa –Wilaya de TIPAZA- Algérie.
La pandémie de la COVID-19 a bouleversé nos vies. Elle a privé des millions d’élèves de poursuivre leurs apprentissages, notamment ceux issus des familles défavorisées à cause du fossé numérique qui ne cesse de s’élargir et qui a été révélé par cette crise sanitaire.
Le recours aux nouvelles technologies est indispensable pour atténuer l’impact de la fermeture des établissements scolaires. À cet effet, l’enseignement à distance se propose comme alternative garantissant la continuité pédagogique.
Néanmoins, le succès de ce mode d’enseignement exige la disponibilité d’un matériel technologique adéquat et d’une connexion internet à haut débit. Mais ces conditions ne sont pas réunies dans tous les pays en développement ou ceux qui sont les moins développés.
Le fossé numérique s’élargit
À cet égard, et selon l’Union Internationale des Télécommunications, 11,8 % seulement des ménages dans les pays les moins développés ont accès à internet à la maison, contre 87 % dans les pays développés. De plus, les ménages disposant d’un ordinateur représentent 9,5 % dans les pays les moins développés, alors que ce taux atteint 82,3 % dans les pays développés.
En Algérie, afin d’endiguer la propagation de la pandémie du COVID-19, il a été décidé de suspendre les cours le 12 mars 2020, et ce dans les différents cycles de l’éducation nationale et même dans l’enseignement supérieur. Privant ainsi 9 110 000 élèves de poursuivre leur enseignement.
Pour remédier à cette situation, il a été demandé aux élèves confinés de poursuivre les cours à distance en recourant aux plateformes numériques, et aussi à travers la chaine de télévision publique qui a pris l’initiative de diffuser des cours destinés aux classes d’examen (BEM et BAC). De plus, des chaînes YouTube ont été créées pour garantir la continuité de l’enseignement.
Aux études supérieures, les enseignants ont été appelé à mettre en ligne des conférences, des cours et des travaux dirigés d’abord via Google Drive. Ensuite, la plateforme MOODLE a été utilisée pour enregistrer des vidéos explicatives diffusées sur YouTube. La programmation de séances de vidéoconférence par l’application ZOOM a également été populaire.
Le haut débit fait défaut
L’aboutissement de toutes ces initiatives dépend de la disponibilité de l’équipement technologique adéquat (portable, téléphone intelligent ou PC), et d’une bonne connexion internet.
Cependant, il existe des disparités entre les ménages en matière de préparation à ce mode d’enseignement, ce qui a été considéré par l’UNESCO comme entrave au succès de l’enseignement à distance.
En effet, la situation financière de chaque ménage détermine sa capacité à acquérir l’équipement nécessaire. Il faut également considérer le niveau d’instruction qui joue un rôle fondamental dans l’accompagnement des parents aux élèves dans le processus d’apprentissage.
La connexion à haut débit qui fait défaut dans plusieurs régions, notamment les zones rurales, est un autre facteur qui prive les apprenants de poursuivre régulièrement leur enseignement.
Enfin, l’isolement et l’anxiété freinent le succès de l’enseignement à distance en période de confinement à cause de l’absence d’interactivité enseignant/apprenant, ce qui constitue un facteur démotivant.
Dès lors, cette crise sanitaire constitue pour l’Algérie une opportunité de détecter les lacunes existantes. C’est à travers l’enrichissement des supports pédagogiques mis en ligne et l’amélioration de la qualité de connectivité des ménages sur tout le territoire national qu’il sera possible d’améliorer cet enseignement.