Notre collègue Audrey Miller a récemment participé au 76e congrès de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF), qui s’est déroulé les 19 et 20 octobre 2023 à Winnipeg, au Manitoba. Elle a notamment assisté à l’atelier intitulé « Engager nos jeunes apprenants à travers le partenariat prometteur du coenseignement parent-enseignant. Voici ce qu’elle en a retenu.
L’origine d’une idée brillante
Awa Ndiaye est spécialiste en didactique des mathématiques. Elle enseigne en milieu minoritaire francophone en Ontario, au Conseil scolaire Viamonde, à des élèves de 9e et 12e année (correspondant à secondaire 3 et « 6 » s’il existait!), dans des disciplines aussi variées que les mathématiques, la chimie, les technologies de la santé et… les arts!
Pas étonnant qu’elle ait rapidement eu besoin de trouver des façons de tirer parti des ressources autour d’elles pour l’appuyer dans sa tâche variée. Elle a entre autres choisi de mobiliser davantage les parents. Et ça marche si bien que ce qui a commencé comme étant un projet visant à améliorer sa pédagogie est devenu un contexte de recherche fascinant pour l’enseignante qui a été invitée poursuivre des études doctorales.
Oh, et précisons au fait qu’elle est aussi mère de trois enfants!
Inclusion et collaboration
C’est en prenant connaissance du programme ontarien Parents partenaires en éducation (PPEE) que Mme Ndiaye a eu l’idée d’ouvrir les portes de sa classe aux parents qui souhaitaient s’impliquer davantage dans la vie de la classe, donc dans l’apprentissage de leurs enfants. Et oui, même au secondaire! Lorsqu’elle a présenté l’idée à ses élèves en début d’année, ils n’ont pas manifesté beaucoup d’enthousiasme à l’idée! Toutefois, après un premier atelier, ils étaient tout à coup beaucoup plus enclins à voir « débarquer » leurs parents devant leur groupe!
Il s’agissait en fait d’inviter un parent (et non un grand-parent ou ami de la famille, l’enseignante tenait à renforcer le partenariat avec les premiers responsables de l’encadrement scolaire) pour offrir un atelier développé en collaboration et offert en coenseignement, et non pas en mode conférence. Ainsi, un travail de coaching auprès des parents bénévoles était assuré par l’enseignante, qui s’est aussi assurée de bâtir un guide pédagogique complet pour chacune des séances. Un budget était même octroyé par la direction de l’école pour acquérir le matériel nécessaire à l’activité, tant que celui-ci demeurait raisonnable (autour de 200 $ par atelier). Au final, il s’agit d’un atelier par mois à partir du mois de novembre.
Parmi les activités qui ont eu lieu la première année, alors qu’elle enseignait en 7e et 8e année (secondaire 2 et 3), on note un atelier d’art sur le clair-obscur au fusain, un atelier visant plus spécifiquement les sciences et technologies (système binaire et logique informatique par un papa ingénieur), un atelier de cuisine mariant cupcakes et mathématiques, et même un atelier d’art et coiffure (auquel même les garçons se sont joyeusement prêté au jeu!). Il s’agissait bien sûr de trouver des thèmes en lien avec les matières enseignées par Mme Ndiaye.
L’évaluation des élèves quant à la tenue de ces ateliers a reposé sur la triangulation des apprentissages (conversations, observations, productions) et par un billet de sortie dans lequel ils ont été invité à réfléchir sur l’expérience qu’ils avaient vécue et comment cela peut être appliqué dans le monde réel.
L’un des participants à l’atelier a demandé à l’enseignante si le fait que les parents ne parlent pas français eux-mêmes avait été un frein à leur implication. Mme Ndiaye, ayant d’abord et avant tout le développement de la collaboration école-famille comme objectif et un contexte où tous ses élèves parlent aussi l’anglais, a choisi d’également accueillir les parents unilingues anglophones le temps d’un atelier de classe, dans une perspective d’ouverture et d’inclusion.
Les retombées
On a aussi demandé à l’enseignante si elle avait observé un impact sur sa gestion de classe. Elle était catégorique : la présence des parents a été extrêmement bénéfique! Pour certains groupes plus difficiles, « ce fut le jour et la nuit » entre avant et après l’implication des parents. En effet, certains parents des communautés minoritaires connaissent plusieurs des élèves de la classe, ce qui leur permet par la suite de reparler avec ces jeunes et d’assurer eux-mêmes un certain suivi.
Parmi les retombées constatées par l’enseignante, on note bien sûr la vitalisation de la culture francophone, le développement des compétences transversales, la professionnalisation et un climat d’accueil et d’inclusion. Le tout s’articule autour de la notion de leadership partagé. « Les parents participants comprennent mieux ce que ça signifie réellement que d’enseigner », apprécie Mme Ndiaye.
Elle a même confié qu’après seulement un an, un parent participant avait entamé des cours en enseignement et un autre avait choisi de s’impliquer au conseil de parents de l’école. D’autres retombées qui vont au-delà de la classe!
Quelles sont vos initiatives locales pour mettre à profit la collaboration parent-enseignant? Nhésitez pas à nous en parler en nous écrivant à [email protected]
En complément :
Consultez nos ressources : L’École branchée sur la famille
—
Nous tenons à remercier le Programme d’appui à la francophonie canadienne – Secrétariat du Québec aux relations canadiennes pour son soutien financier à l’occasion de notre participation au congrès 2023 de l’ACELF, à Winnipeg.