L’usage répandu des téléphones cellulaires chez les adolescents inquiète plusieurs parents. Ces derniers ont-ils raison de s’en faire? Leurs peurs sont-elles fondées? Une étude américaine s’intéresse à ces questions.
Madeleine J. George et Candice L. Odgers, professeures en psychologie et neuroscience à l’Université Duke, en Caroline du Nord, ont étudié l’influence des appareils mobiles sur le comportement des adolescents. Dans un contexte où plusieurs parents se disent préoccupés par l’usage que font leurs enfants des appareils mobiles, elles souhaitaient comprendre l’impact des téléphones intelligents sur les personnes de cette tranche d’âge.
Sept peurs répandues chez les parents
À partir de données existantes, elles ont identifié sept peurs répandues chez les parents au sujet des téléphones intelligents.
Première catégorie : la sécurité
Les parents craignent que leur enfant soit :
1. victime d’intimidation virtuelle
2. exposé à différentes formes de sollicitation
Deuxième catégorie : le développement social
Nombreux sont les parents qui appréhendent que l’usage excessif des téléphones intelligents :
3. nuise à l’établissement de vraies relations significatives avec ses pairs
4. détériore la relation parent-enfant
5. nuise au développement de l’identité
Troisième catégorie : le développement cognitif
6. l’inquiétude relative au développement des performances cognitives de l’adolescent
Quatrième catégorie : le sommeil
7. la réduction et la perturbation du sommeil
Les responsables de l’étude ont vérifié si ces peurs étaient fondées.
Des comportements virtuels qui reflètent le réel (négativement ou positivement)
Une des conclusions des chercheuses est que les comportements des adolescents dans le monde virtuel et l’usage qu’ils font des appareils intelligents sont très souvent similaires à leurs comportements à l’extérieur du monde virtuel. Ainsi, dans bien des cas, les comportements problématiques et les lacunes seraient bien souvent des manifestations de problématiques et de lacunes déjà existantes.
Dans le communiqué de presse, les auteures affirment ainsi qu’un parent qui est préoccupé par les interactions et les activités de son enfant devrait aussi l’être au sujet de ses activités virtuelles, qui peuvent en être le reflet et créer une dynamique d’amplification.
Les chercheurs soulignent, un peu à l’inverse, qu’une relation significative entre un adolescent et ses parents peut être amplifiée par les appareils mobiles. Ils donnent aussi l’exemple d’un adolescent timide, pour qui les opportunités de communication et d’expression offertes par les téléphones intelligents peuvent être bénéfiques.
Deux préoccupations fondées
L’étude montre toutefois que deux préoccupations répandues apparaissent fondées. La problématique de la cyberintimidation chez les adolescents, malheureusement trop répandue, est l’une d’elles et devrait continuer à faire l’objet de sensibilisation.
L’autre est celle relative au sommeil. Les chercheurs affirment que 4 adolescents sur 5 disent dormir avec (ou près de) leur téléphone intelligent. Cela peut être un incitatif à reporter l’heure du sommeil. De plus, la lumière émise par ces appareils peut altérer le sommeil. L’impact des téléphones intelligents sur le sommeil des adolescents devrait ainsi continuer de préoccuper les parents.
L’article complet (en anglais) est disponible ici : Seven Fears and the Science of How Mobile Technologies May Be Influencing Adolescents in the Digital Age