Le mercredi 29 novembre dernier, l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ) de Lille-Nord-de-France, en collaboration avec l’Académie de Lille et la Délégation académique au numérique pour l’éducation (DANE), a tenu une journée d’études portant sur l’intégration de la robotique dans les activités pédagogiques. Ce moment d’échange et de réflexion inclusif a rassemblé futurs enseignants, stagiaires, enseignants en poste, formateurs d’enseignants et professeurs d’université.
Apprendre, créer, stimuler
La journée a débuté avec une conférence de la professeure Margarida Romero de l’ÉSPÉ de Nice et directrice du Laboratoire d’innovation et numérique pour l’éducation (LINE). Cette dernière a utilisé Vibot le robot pour explorer le potentiel de la robotique pédagogique pour l’apprentissage, le tout dans une perspective de développement des compétences du 21e siècle. Le projet #SmartCityMaker a été présenté en lien à l’évaluation de la co-créativité dans un contexte de défi techno-créatif.
De plus, Katell Bellegarde (docteure en sciences de l’éducation, ingénieure de recherche)
et Julie Boyaval (professeure des écoles en maternelle et formatrice d’enseignants), ont
présenté des stratégies pour implanter la robotique dès la maternelle. Appuyées par des clips vidéo montrant leurs élèves à l’œuvre, elles ont abordé les processus d’appropriation des notions élémentaires de programmation pour les plus jeunes.
Enfin, Judith François (inspectrice de l’Éducation nationale) et Céline Prévost (professeure des écoles, directrice d’école primaire) ont présenté la Coupe robotique des écoles primaires (CREP). À l’aide de l’allégorie culinaire de la crêpe, elles ont donné la « recette » de la réussite de l’implantation de cette activité innovante alliant sciences et culture. En soutien, cinq élèves ayant participé à la CREP sont venus témoigner de leur expérience et ont partagé ce qu’ils y ont appris : collaborer, résoudre des problèmes, développer de nouvelles passions, s’exprimer en public, etc.
L’éloge de la diversité
Pour la suite de la journée, le groupe de participants a pu se répartir dans divers ateliers d’une durée d’une heure et demie. L’offre de formation était originale et ludique. N’est-ce pas un signe que les enseignants aussi peuvent apprendre en s’amusant?
Voici les titres évocateurs des ateliers offerts :
- Défi robotique Mindstorm;
- Découvrir et manipuler le robot Thymio;
- Robotique pour tous;
- Faire des sciences avec le robot Ozobot;
- Une approche pédagogique de l’usage des drones;
- Robots et programmation pour la construction de figures en mathématiques;
- Des robots pour les apprentissages à l’école primaire;
- Sur les pas de Dracula : un robot pour faire lire et écrire;
- Le code et les robots au collège, pour quoi faire?;
- Star Wars, épisode 6 ½ : un robot pour résoudre un problème.
La diversité des ateliers a permis de saisir l’importance de ne pas se cantonner dans un système pour savoir profiter de la pléthore d’applications et de matériel désormais disponible pour enrichir les démarches d’apprentissage. Ce qui est particulièrement intéressant est que l’immense offre d’outils robotiques convient en tous points à l’insondable diversité des démarches d’apprentissages des élèves et à celle des approches pédagogiques de tous les enseignants, et ce, dans toutes les matières !
Toujours sous le signe de la diversité, la robotique permet d’élaborer des éléments de
réponse à une abondance de problèmes complexes et bien réels, allant des préoccupations locales (en domotique, par exemple) jusqu’à des préoccupations d’ordre global (émissions de gaz à effet de serre, par exemple). Des enseignants chevronnés ont d’ailleurs programmé, avec leurs élèves, des capteurs pour gérer l’eau ou pour simuler des évacuations en cas de feu.
La robotique : un levier pour l’interdisciplinarité et la collaboration
Un peu comme ce fut le cas pour la dernière édition des tests PISA, les programmes du primaire et du collège prévoient désormais que l’algorithmique et la programmation soient enseignés et évalués dans le cadre du diplôme national du brevet français. Les compétences de compréhension, d’expression et d’utilisation des langages mathématiques et informatique sont développées dans le cadre des enseignements de mathématiques et de technologies. En équipe, les élèves doivent donc mobiliser des éléments de programmation dans une tâche concrète, en lien avec une tâche disciplinaire donnée.
La robotique présente un potentiel d’apprentissage encore plus important en contexte de collaboration. Ainsi, pratiquement tous les ateliers concevaient la programmation comme une activité collaborative! Pour ajouter à cet esprit de collaboration, les élèves participent à des compétitions amicales comme la Coupole’s Day, le concours Castor et le concours Algoréa.
Enfin, un coup de cœur : un enseignant d’informatique travaille en interdisciplinarité avec une enseignante d’arts visuels pour faire ce qu’ils appellent du « Lightpainting ». En effet, les élèves d’arts prennent des photographies en pose longue de trajets effectués par des mini drones dans une pièce sombre. L’objectif actuel étant d’écrire un mot dans les airs au moyen de drones suivant une programmation pour effectuer des figures planifiées ou plutôt… programmées!
Cet article fait partie d’une série publiée par notre auteur et collaborateur Marc-André Girard, dans le cadre de sa participation au Laboratoire d’innovation et du numérique en éducation (LINE) à l’Université de Nice Sophia Antipolis.
Vous pouvez lire l’ensemble des articles de cette série ici.