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Expédition pédagogique Québec – Finlande : des réponses à vos questions (2e partie)

Vous avez été plusieurs à nous envoyer des questions à poser aux professionnels de l'éducation finlandaise. Voici la seconde et dernière partie des réponses que vous attendiez !

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Notre collaborateur Marc-André Girard effectue une expédition pédagogique en Finlande et la documente ici.

Plusieurs lecteurs nous ont posé un bon nombre de questions à poser à des professionnels de l’éducation finlandaise. Voici la suite (et la fin) des réponses à vos questions.

Pour en revenir au fait que les élèves et membres du personnel ne portent pas de souliers, pourquoi est-ce le cas ?

Essentiellement, nous identifions deux raisons majeures :

  1. C’est une question de propreté de l’école. Elles sont impeccablement propres. De plus, dans bon nombre d’écoles visitées, les planchers des classes sont recouverts de tapis. Cela a un effet insonorisant. Si les enfants rentraient dans les classes ou dans d’autres locaux avec leurs bottes ou souliers, le niveau de propreté serait inévitablement à la baisse.
  2. C’est une question de se sentir confortable comme à la maison. C’est une approche profondément conviviale, car l’école est vue comme un prolongement de la maison. Sortez vos pantoufles, bas de laine, sandales, Crocs et venez à l’école ! Évidemment, plusieurs choisissent aussi de porter des souliers qu’ils laissent à l’école.

Noter que plusieurs écoles ont construit des vestiaires à l’entrée pour tous les élèves. Il y existe même des séchoirs pour sécher les vêtements de neige des enfants !

Vous avez mentionné régulièrement que le soleil se couche tôt et se lève tard en décembre. Comment les Finlandais vivent-ils ce manque de lumière naturelle ?

À Utsjoki, village le plus septentrional de Finlande, le soleil s’est couché à 12h22 le 25 novembre 2021 pour se relever à 12h09 le 16 janvier 2022. C’est ce que les Finlandais appellent le Kaamos ou que nous appelons nuit polaire, car le phénomène existe aussi au nord du Canada. Pendant cette période, le soleil de se lève pas au-dessus de l’horizon. Par endroit, c’est un peu comme s’il y avait un long lever de soleil suivi d’un long coucher de soleil. Il ne fait donc pas aussi noir qu’au milieu de la nuit et les degrés de noirceur varient selon le moment de la journée. On ne voit pas le soleil, mais il y a quand même une certaine lumière, très faible, qui en émane. Pour reprendre une vieille expression, c’est un peu comme si c’était “entre chien et loup” de façon prolongée dans la journée !

Lorsque questionné à savoir comment il vit avec cette période de noirceur continuelle, le directeur de l’école d’Utsjoki a répondu que, dans les faits, il ne manque pas de lumière. La neige réfléchit le peu de lumière qu’il y a. Il y a la lumière que les humains créent pendant le temps des Fêtes. Puis, il y a la lune et, souvent, il y a la lumière qui danse dans le ciel (aurores boréales). Également, il n’a pas manqué de nous rappeler que de la mi-mai à la fin juillet, c’est tout le contraire : le soleil ne se couche pas et c’est le soleil de minuit ou le jour polaire !

Selon le directeur, on s’habitue à ce phénomène. Les élève ne semblent pas affectés. Les patinoires sont éclairées et, bien souvent, les pistes cyclables aussi. Le phénomène peut sembler pénible pour ceux qui l’observent de l’extérieur, mais pour les gens qui y sont nés ou qui le vivent régulièrement, ce n’est pas un problème.

Enfin, la vitamine D, généralement fournie par une exposition régulière au soleil, se trouve aussi dans la diète des Finlandais, particulièrement riche en poisson, en oeufs et en produits laitiers.

Pour de plus amples informations sur la durée du jour à Utsjoki : https://www.timeanddate.com/sun/finland/utsjoki

S’il n’y a pas de transport scolaire organisé, comment les jeunes vont-ils à l’école l’hiver ?

Pour les Finlandais, l’hiver est une saison comme une autre. Les élèves prennent leur vélo ! Idem pour les étudiants d’université. Nous avons été surpris de constater que dans tous les établissements d’enseignement visités, les supports à vélos sont largement utilisés. Pour les écoles secondaires, les scooters ont également la cote, même en plein hiver. Croyez-le ou non, ils sont aussi dotés de pneus cloutés, comme les voitures.

Existe-t-il des classes spécialisées en Finlande ?

Oui. Le principe est le même qu’au Québec : l’inclusion des élèves est visée, les enseignants déploient des approches universelles ou différenciées, mais lorsque ces efforts s’avèrent insuffisants, les élèves peuvent être classés dans une classe spécialisée.

À quoi ressemble le calendrier scolaire ?

L’année scolaire dure 190 jours en Finlande. Elle s’étale de la mi-août à la fin mai. Le congé estival dure 10 semaines. Le reste des congés est similaire à ceux du Québec.

Combien de langues apprennent les élèves finlandais ?

Outre le finnois, les élèves apprennent aussi le suédois, seconde langue nationale au pays, et l’anglais. Nous avons été très surpris de constater que pratiquement toutes les personnes qui gravitent dans le milieu scolaire ou le milieu touristique parlent très bien l’anglais, ce qui inclut les élèves plus âgés. Les élèves peuvent aussi apprendre le russe, l’allemand et le français s’ils le désirent.

Y a-t-il des classes d’intégration linguistiques pour les immigrants ?

Oui, elles durent environ un an, le temps que l’élève immigrant maîtrise bien la langue pour intégrer une classe ordinaire.

Noter que les Finlandais accueillent de plus en plus de migrants provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique. Ces migrants traversent souvent la Méditerranée en bateau de fortune et remontent l’Europe à pied ou en transport en commun.

Nous avons été très surpris de constater que tout le monde parle le finnois. Par exemple, des gens issus de minorités visibles, parlaient très bien le finnois.

Quelle importance les Finlandais accordent-ils au test PISA. Est-il vrai que le pays est en chute dans les classements mondiaux ?

Lire ici.

Les élèves ont-ils le droit d’utiliser leur téléphone cellulaire dans l’école ?

Cela dépend de l’âge, mais règle générale, cela dépend surtout de l’école. Il n’y a pas de consignes centralisées.

Les élèves ont accès à un portail qui ressemble à Pluriportail ou la GRICS chez nous et ils consultent leur agenda sur leur appareil numérique.

Est-ce vrai que les enseignants ne donnent pas de devoirs ?

Non, c’est faux. Ils peuvent en donner, mais, règle générale, ils en donnent très peu. Les Finlandais accordent beaucoup d’importance au développement global de l’enfant. Les enseignants tiennent à ce que leurs élèves jouent lorsqu’ils ne sont pas à l’école. Conséquemment, ils donnent peu de devoirs.

Les élèves et le personnel portent-ils le masque de procédure à l’école ?

Comme au Québec, cela dépend (ou dépendait) des régions. Par exemple, lorsque nous étions à Oulu, le masque venait tout juste d’être imposé et nous avons vu la direction interrompre notre visite pour aller voir des élèves et des enseignants pour leur dire de porter le masque immédiatement.

Nuance : le port du masque est “recommandé” en Finlande. Toutefois, trait culturel, une telle recommandation équivaut à une imposition.

Y a-t-il des classes fermées à cause de la COVID ?

Oui ! Certaines écoles sont aux prises avec des cas de COVID, comme c’est le cas au Québec. D’ailleurs, nous n’avons pu visiter l’école de Punkaharju pour cette raison et l’école normale de Rovaniemi n’a pu nous accueillir. Toutefois, dans ce dernier cas, nous avons été chanceux et avons pu visiter une autre école dans la ville.

Noter que les classes sont fermées par la municipalité sous la recommandation de la Santé publique. Bref, c’est un peu comme au Québec.

Est-ce que les écoles finlandaises ont observé des changements dans le comportement et la performance des élèves depuis le retour de la COVID ?

Oui. Un peu comme au Québec, il y a des retards dans les apprentissages des élèves, mais ces retards sont plus flagrants sur le plan des habiletés sociales.

De plus, deux directions nous ont mentionné qu’il y a une hausse des hospitalisations observable des jeunes pour des problèmes de santé mentale. Les temps sont difficiles pour tous les jeunes occidentaux.

Pour suivre l’expédition :

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À propos de l'auteur

Marc-André Girard
Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.

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