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Du jardinage à l’évaluation

Suite à la cueillette de ses légumes l’été dernier, Julie réfléchit avec vous aux solutions possibles afin que l’école réussisse mieux à soutenir le goût d’apprendre qui anime naturellement les enfants.

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Suite à la cueillette de ses légumes l’été dernier, Julie réfléchit avec vous aux solutions possibles afin que l’école réussisse mieux à soutenir le goût d’apprendre qui anime naturellement les enfants.

Par Julie Durand, conseillère pédagogique au Collège Saint-Sacrement

Que remarquez-vous dans ces plants de tomates?

Chacun suit son rythme

Cela n’a rien d’étonnant. Il y a des tomates vertes, certaines sont jaunes et d’autres sont rouges… tout ça dans le même jardin! Il est évident qu’elles ne sont pas toutes de la même variété et même celles qui le sont ne mûrissent pas toutes en même temps. Comment se fait-il qu’elles ne soient pas prêtes au même moment? Pourtant, elles ont toutes reçu la même quantité d’eau. Elles ont été plantées au même moment et ont toutes eu la même exposition au soleil, ou presque.

Laissons le temps aux légumes de mûrir

Les tomates mûres sont délicieuses, n’est-ce pas? Est-ce que cela signifie que celles qui ne sont pas mûres sur la photo ne seront pas toutes aussi délicieuses un jour pas si lointain? Bien sûr que non! Si les conditions continuent d’être bonnes, les tomates vertes deviendront rouges, juteuses et savoureuses comme celles qui sont mûres aujourd’hui.

Commencez-vous à voir où je veux en venir?

Peut-être que les élèves sont réellement comme des légumes. Pas dans le sens qu’on l’entend parfois, provenant d’enseignants qui souhaiteraient que leurs élèves s’adaptent à eux, plutôt que l’inverse, mais plutôt parce qu’eux aussi ne « mûrissent » pas tous au même rythme. 

Poussons la réflexion plus loin…

Tous pareils ces légumes

Et si je cueillais toutes mes tomates en même temps? Cela signifierait que je devrais en faire des conserves, cuisiner des recettes qui se congèlent, préparer des sacs pour donner, en mettre dans tout ce que je mange. Cela demanderait énormément de travail en peu de temps. Il risquerait d’y avoir de bien plus grandes pertes. Ça peut donc devenir un avantage que mes légumes ne mûrissent pas tous en même temps. Cela me permet d’étaler mon travail de cueillette sur plusieurs jours et même plusieurs semaines! 

Je vais au jardin régulièrement

Lorsque je passe au jardin chaque jour, je cueille les légumes qui sont prêts. Cette tâche ne me demande que quelques minutes de mon temps et ne requiert aucun travail fastidieux de ma part. Par contre, si je ne passe PAS au jardin assez souvent, certaines tomates qui étaient mûres pourraient s’être décrochées et laissées noircir dans le fond du jardin. Lorsque je les apercevrai, je serai déçue de ne pas les avoir cueillies à temps. Elle est tellement rouge, elle aurait assurément été succulente. De même que si je cueille tout en même temps, plusieurs légumes n’auront jamais l’occasion d’atteindre leur plein potentiel.

Comment savoir si mon légume est mûr?

Je l’observe. Je prédis dans combien de temps il sera juste à point. Je le veux à son paroxysme! Je sais de quoi il est capable. J’estime selon mes observations. Parfois, je m’en approche pour l’observer sous tous les angles, mais d’autres fois, je sais qu’il sera savoureux juste en le regardant par la fenêtre tellement sa couleur est vive.

Et les élèves? Comment faire pour savoir s’ils sont « mûrs »? En récoltant des informations sur leur progression par de petites observations régulières. Ces observations peuvent prendre plusieurs formes tout comme l’observation de mes légumes. Parfois, je m’approche, parfois je regarde de loin et parfois je demande à quelqu’un de vérifier pour moi.

Une chance de se reprendre

Et si je le cueille trop tôt? Alors, mon légume n’aura pas atteint sa pleine saveur. Peut-être n’est-il pas trop tard pour le laisser mûrir un peu plus et lui donner une seconde chance de nous satisfaire dans quelques jours. Cette technique ne fonctionne pas à tout coup, mais quelle satisfaction lorsque l’attente en valait la peine et qu’on peut savourer un légume regorgeant de vitalité! Et si l’attente n’a pas donné les résultats souhaités? Alors ce sera un légume un peu plus amer auquel nous aurons droit pour cette fois.

De belles grosses cueillettes!

Est-ce nécessaire de faire de grosses cueillettes? Parfois oui, lorsque plusieurs tomates sont prêtes en même temps. Toutefois, ces récoltes de masse sont plutôt rares, ce qui me permet de continuer d’apprécier le jardinage. Si je ne faisais que de grosses cueillettes qui monopolisent ma journée à chaque fois, j’apprécierais beaucoup moins la qualité de mes légumes et je compterais les minutes avant que cette corvée ne soit terminée. Est-ce que vous seriez satisfait de cueillir un gros panier de légumes immatures en sachant que la majorité de ces légumes arriveraient à maturité avec un peu plus d’eau, de soleil et de temps? J’imagine que vous feriez tout en votre possible pour fournir à vos légumes ce dont ils ont besoin et avoir la satisfaction de savourer leur goût unique.

L’arrivée du gel

Il faut faire vite? Il n’y a plus de temps? Il faut cueillir? Alors, il se peut que certains légumes n’aient pas eu la chance d’arriver à maturité. Il faudra donc être créatif, les apprêter différemment, trouver des recettes pour exploiter leur potentiel et pouvoir les consommer sans que l’expérience soit trop désagréable. On veut éviter à tout prix de les jeter à la poubelle. Dans le pire des cas, on les place au compostage pour une finalité différente que celle envisagée à l’origine. Je laisse place à votre imagination pour faire des liens entre vos élèves et les légumes du jardin. Y parvenez-vous?

Partager son bonheur

Puisque je savoure mes légumes un peu chaque jour, je ne partage pas mes impressions sur chacun d’eux à mon entourage. Mais parfois, j’ai envie de le faire, car une tomate s’est démarquée des autres par son goût sucré. À l’occasion, je suis fière de ma cueillette et je la prends en photo, car je veux en conserver un souvenir. À certains moments, je partage à ceux qui sont intéressés; à d’autres, je partage à tout le monde et ceux qui s’y intéressent en tirent profit. Parfois, je garde mes observations pour moi-même et je les communique seulement si on me demande conseil. L’évaluation de ses élèves n’a pas à être différente de l’évaluation de ses légumes. Le processus pourrait même être agréable! Pensez-y la prochaine fois que vous irez cueillir des pommes. Comment choisissez-vous celles que vous mettez dans votre panier? 

S’adapter selon les résultats obtenus

Si, lors d’une cueillette, j’observe que certaines conditions ne sont pas favorables pour mes légumes, je corrige la situation à la prochaine plantation. Je discute avec d’autres jardiniers, je lis sur le sujet et j’essaie une autre méthode (gardez en tête que la plantation représente les situations d’apprentissage en vue de l’évaluation). Avec le temps, j’ai appris que je ne plante pas mes concombres dans le même bac que mes courges, car les courges les envahissent. Et si, plutôt que de tenter une autre méthode, j’avais abandonné la plantation de concombres ou refait la même stratégie d’année en année, je n’aurais jamais su que mes concombres pouvaient devenir aussi gros et savoureux. Je n’aurais jamais découvert leur plein potentiel. Cela en est de même pour l’arrosage. Je dois m’adapter à mon environnement. Si les conditions naturelles sont favorables, j’ai moins souvent besoin de sortir l’arrosoir, mais si les conditions sont arides, je dois faire l’effort d’aller arroser mes légumes si je ne veux pas les perdre. Comment faites-vous pour savoir si les légumes ont besoin d’un peu d’aide? Vous observez! 

L’observation, la clé du succès

La chose que je me dois de faire pour un jardin bien fertile est d’observer le résultat de mes actions le plus fréquemment possible, sans pour autant cueillir les légumes, mais en les observant attentivement pour leur permettre de se développer dans les meilleures conditions pour eux. Les meilleures conditions pour les tomates ne sont pas nécessairement les meilleures pour les autres légumes, alors si je souhaite les cueillir lorsqu’ils seront matures et savoureux, je dois m’adapter à leurs besoins! Vous pourrez me dire que ce n’est pas évident de s’adapter aux besoins de chaque élève. Je vous dirai que c’est effectivement un défi, mais que si l’on s’y attarde, on a plus de chance de le relever.

Découvrez la suite de cet article! Julie vous y parle du fardeau de la correction, de la formule gagnant-gagnant, du manque de temps tout en vous proposant des façons de faire concrètes.

Carrefour éducation référence un site qui propose des capsules d’aide sur la différenciation pédagogique.

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