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Neuf leçons d’une direction d’école au mitan d’une vie professionnelle

Un ancien enseignant d’histoire, maintenant directeur d’école, revient sur les leçons retenues de son point de vue de directeur après ses 15 premières années professionnelles.

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Un ancien enseignant d’histoire, maintenant directeur d’école, revient sur les leçons retenues de son point de vue de directeur après ses 15 premières années professionnelles.

Je suis rendu au mitan de ma carrière en éducation, dans laquelle j’ai pu enseigner et aussi diriger une école. J’ai partagé précédemment 8 leçons retenues de mon point de vue enseignant, et aujourd’hui, je réfléchis sous l’angle de membre de la direction d’un établissement pour partager 9 autres leçons :

Leçon 1 : Ne pas hésiter à créer des partenariats

J’ai appris qu’une école se doit d’être bien ancrée dans sa communauté pour mettre cette dernière au service des élèves, mais aussi des enseignants, dans leur quête de diversification de leurs approches pédagogiques. Quand on envisage les partenariats, cela commence, bien évidemment, par les parents, et ce, non seulement en tant qu’intervenant de premier plan dans la réussite de leur enfant, mais aussi, en tant que ressource professionnelle. Ils veulent que leur enfant évolue dans le meilleur milieu scolaire et ils veulent y contribuer. Ils sont les intermédiaires par excellence et ils peuvent vous faire profiter de leurs contacts et aussi, offrir des services à l’école de façon gratuite.

Au-delà des parents, il y a divers types d’organismes locaux qui n’attendent qu’une invitation pour contribuer à la vie de l’école, dans les limites de leurs compétences et capacités.

Leçon 2 : Reconnaître que mes collègues me rendent meilleurs

J’ai compris que, si je veux contribuer à la croissance de mon école et de ceux qui y évoluent, je me dois d’élargir mon réseau et m’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Les médias sociaux permettent de tisser ces liens et de se constituer un réseau sans égard aux frontières. Je l’écris en toute humilité : depuis que je me suis connecté à Twitter il y a une dizaine d’année, mes horizons se sont élargis et ma carrière a pris un tournant pour le mieux depuis.

J’estime que les discussions, les informations et les autres types de partages de mes collègues virtuels m’auront permis de devenir un meilleur directeur d’école. Je garde donc un œil sur ce qui se fait en Finlande, en France, aux États-Unis, mais aussi dans les écoles du pays.

Leçon 3 : Considérer les nuances de gris

En éducation, rien n’est tout blanc ou tout noir et il faut se méfier de la facilité à polariser. S’il n’est pas facile de prendre des décisions dans une pléthore de nuances de gris, la clé, c’est la communication et l’explication qui sous-tend ladite décision. Comprendre et accepter la complexité d’un milieu scolaire, c’est incontournable.

Leçon 4 : Accepter les désaccords

Ce n’est certes pas facile de prendre des décisions, mais ce l’est encore moins de savoir qu’elles seront impopulaires. Même s’il est normal de vouloir plaire à ceux avec qui nous travaillons (parents, élèves, équipe-école), il faut parfois prendre les décisions qui s’imposent et devoir composer avec les désaccords engendrés. J’ai appris ces dernières années que les décisions que je prends ne pourront jamais plaire à tous et je suis à l’aise d’expliquer pourquoi je prends cette décision et surtout, d’accepter que malgré mes explications, des incompréhensions subsistent et que des désaccords demeurent.

Leçon 5 : Coconstruire plutôt que consulter

On entend toujours qu’il est important de consulter les membres de l’équipe-école avant de prendre une décision qui aura une incidence sur leur vie. De nos jours, il est exclu que les décisions soient prises de façon unilatérales et la consultation est une étape incontournable de n’importe quelle démarche de changement ou de mise en place d’un projet quelconque. Et si on allait plus loin? Combien de fois entendons-nous que les consultations sont bidon? Que les décisions sont déjà prises? Que la direction n’écoute pas ceux qu’elle consulte?

Il y a moyen de coconstruire ce qui est appelé à changer, c’est-à-dire de construire le projet en collaboration. Ainsi, on tend vers une « construction de sens collaborative « par » et « avec » les différents acteurs » (Bourassa, Philion et Chevalier, 2007, p. 82). L’idée du changement imposé est donc exclue et tous travaillent à redéfinir leur milieu, ce qui a, évidemment, un impact sur la mobilisation de l’équipe-école.

Leçon 6 : Valoriser les étoiles qui sont déjà dans l’école

Lorsqu’il y a des problèmes, on tend à chercher des solutions à l’extérieur du milieu alors que bien souvent, elles se trouvent sous nos yeux. En faisant appel à ceux qui travaillent déjà avec nous, dans notre équipe, on leur accorde notre confiance. On les mobilise et on les met en valeur. On voit en eux ce qu’eux-mêmes ne voient peut-être pas, et cela n’a pas de prix !

Leçon 7 : Avoir le courage du « Ils »

On connaît la rengaine. Quand quelque chose cloche dans l’école, c’est toujours de la faute aux « Ils » : « Ils » ont fait ceci, « Ils » ne sont pas venus réparer cela, « Ils » ont imposé ceci, etc. Mais qui sont ces « Ils » maléfiques? Les enseignants nous diront que ce n’est pas notre faute et que ce n’est rien contre nous s’« Ils » ont fait ceci ou cela. Idem pour les parents. C’est de la faute de qui alors? De nos collègues de la commission scolaire? Du ministère de l’Éducation?

Les « Ils » sont ceux qui n’ont pas de nom et qui représentent la hiérarchie et tout ce qui va mal en éducation. Or,  nous sommes les « Ils »! Il faut avoir le courage de dire qu’autant nous-mêmes que la personne qui se plaint faisons partie de ce « Ils » et que nous sommes payés par ceux que nous dénonçons. C’est bien facile de dénoncer ceux qui n’ont pas d’identité, mais si nous avons le courage de s’affirmer comme étant l’un des « Ils » en regardant notre interlocuteur dans les yeux, il changera de ton, car le « Ils » s’incarnera en une personne qu’il connaît et qu’il respecte. Nous serons donc sur une base commune pour mieux expliquer les raisons à la source du mécontentement. Sinon, on peut se rapporter à la leçon 4!

Leçon 8 : Ne pas oublier qu’on apprend de tous

Oui, à la leçon 2, nous parlions de nos collègues qui nous rendent meilleurs. Or, une bonne direction d’école n’apprend pas exclusivement d’autres directions d’école. Elle apprend aussi de tous les membres de son équipe-école, des élèves, des parents et de tous les parents qui gravitent autour de l’institution. Cela n’est pas à négliger et en adoptant cette posture d’apprenant, nous sommes en mesure de mieux comprendre la complexité de notre école et, ainsi, agir de façon réfléchie quotidiennement.

Leçon 9 : Se rappeler que nous faisons partie d’une équipe

Peu importe notre niveau de succès dans notre école, nous avons certainement notre mérite, mais n’oublions pas d’être humble : nous tenons la barre du navire, avons les yeux sur l’horizon et donnons des consignes de navigation; cependant, ils sont plusieurs à ramer, et c’est cette équipe qui nous mène à bon port. 

J’ai bien hâte de voir quelles leçons me réservera la seconde moitié de ma vie professionnelle. On s’en reparle dans une quinzaine d’années!

Ressource

Bourassa, M., Philion, R., Chevalier, J. (2007). L’analyse de construits, une coconstruction de groupe. Éducation et francophonie, 35(2), 78-116.

À propos de l'auteur

Marc-André Girard
Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.

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