Bien que le Rendez-vous pour la réussite éducative : l’éducation au-delà de la pandémie organisé par le ministère de l’Éducation du Québec se soit déroulé à huis clos à la fin mars, certains groupes participants ont rendu leur mémoire public. Nous partageons quelques éléments qui ressortent de ces documents avec vous.
Conseil supérieur de l’Éducation
Dans son mémoire, le Conseil a présenté trois « idées-forces » qui devraient orienter les actions éducatives et soutenir la réussite éducative des élèves dans le contexte actuel :
1. Combattre les inégalités résultant de la pandémie. Cette dernière aura exacerbé certains écarts qui existaient auparavant et qu’il est primordial de réduire.
2. Réinvestir les innovations pédagogiques et intégrer de la souplesse à l’échelle locale. Il faut notamment se doter de moyens de recenser les initiatives qui ont été déployées localement, d’en documenter les effets (ou les retombées) et de partager largement celles qui apparaissent les plus prometteuses.
3. Maximiser la concertation et la mobilisation de tous les acteurs autour de l’élève. Il est essentiel de faire équipe autour de l’élève pour répondre à ses besoins, veiller à son bien-être ainsi que soutenir son engagement et sa réussite éducative.
Innovations pédagogiques
Au sujet des innovations pédagogiques, le Conseil note plus particulièrement que :
- La pandémie a forcé l’adaptation des activités d’apprentissage à la diversité des besoins et aux contraintes imposées. De nombreuses pratiques pédagogiques ainsi exploitées auront avantage à être conservées après la pandémie. Certains outils ont également facilité la concertation et la communication entre les acteurs, notamment le recours à une plateforme numérique commune. Le Conseil juge nécessaire de maintenir ce mouvement d’innovation par le soutien à la formation continue et une organisation scolaire plus souple.
- De nouvelles modalités établies en contexte de pandémie sont à réinvestir, comme la poursuite de l’apprentissage à distance pour certains élèves à qui cette forme convient mieux et chez qui elle suscite l’engagement.
- La pandémie aura amené les élèves et le personnel scolaire à utiliser le numérique de façon soutenue pour l’enseignement à distance. Des compétences numériques ont ainsi été mobilisées et constituent des acquis à conserver et à rediriger vers des finalités pédagogiques en présentiel.
- L’enseignement à distance, qui soulève plusieurs enjeux éthiques comme le respect de la vie privée et l’intimidation en ligne, aura aussi souligné l’importance d’enseigner formellement la compétence numérique avec toutes ses dimensions comportementales, informationnelles et socioaffectives (CSE, 2020a). S’il importe d’éduquer avec des outils numériques, il faut également soutenir l’éducation au numérique et non viser un simple apprentissage de connaissances techniques.
Finalement, le Conseil fait valoir que « l’implantation durable de l’éducation au et par le numérique ne sera possible que si le financement accordé pour répondre à l’urgence de la pandémie (achat de matériel, soutien technique, soutien pédagogique, etc.) est pérennisé. Fournir une formation continue et un accompagnement adéquat au personnel enseignant est en ce sens crucial. »
Fédération des établissements d’enseignement privé (FEEP)
Dans son mémoire, la FEEP propose 14 recommandations qui visent à mieux outiller le personnel pour faire face aux enjeux liés à la pandémie et leur permettre de bien accompagner les élèves vers la réussite, en accordant toute l’attention nécessaire à leur santé mentale et à leur bien-être.
La première recommandation de la FEEP concerne spécifiquement le numérique :
Compléter le virage numérique de l’école québécoise dans une perspective d’équité entre les écoles et les régions. Cela passe impérativement par le développement professionnel du personnel enseignant et une modernisation du programme de formation des maîtres.
Parmi les acquis à conserver après la crise, la FEEP note, considérant le fait que les écoles ont démontré leur capacité à offrir l’enseignement à distance, l’école à distance devrait être permise dans certaines situations à la formation générale des jeunes, notamment pour les raisons suivantes :
- assurer la continuité des services éducatifs lors d’une épidémie, catastrophe naturelle, etc.;
- permettre aux écoles de faire le suivi avec des élèves hospitalisés à long terme (actuellement, ces élèves sont pris en charge par le centre de service scolaire et les élèves sont coupés de leur milieu);
- faciliter l’accompagnement d’élèves qui doivent s’absenter pour une longue période (athlètes, familles qui passent quelques mois à l’étranger, etc.;
- accroître l’offre de services aux élèves ayant des défis particuliers (par exemple des élèves doués qui n’ont pas accès à certains enrichissements dans leur région, des élèves qui souhaitent apprendre une 3e langue qui n’est pas enseignée à leur école, etc.
Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ)
Dans son mémoire, la FCPQ mentionne que, depuis le début de la pandémie, le taux de satisfaction des parents envers les communications reçues des écoles est en hausse. Cela démontre que les communications tendent à s’uniformiser, à être rapides et plus efficaces.
La FCPQ souhaite également que « les avancées » en matière d’utilisation du numérique « ne se perdent pas lors du retour à la normale ». Elle suggère que les protocoles d’urgence soient mis à jour pour inclure l’enseignement à distance et même qu’une politique gouvernementale nomme les bonnes pratiques en ce sens. Finalement, elle estime que les parents devraient aussi avoir accès à de la formation pour bien utiliser les outils technologiques.
Différents collaborateurs du milieu de l’éducation
Un autre mémoire a aussi été rédigé à partir de discussions #EduClubhouse et #EduProf qui se sont déroulées à la fin mars et auxquelles plusieurs collaborateurs du milieu de l’éducation ont participé. Les discussions ont été animées par Myra Auvergnat Ringuette, enseignante au primaire à l’Externat St-Jean-Berchmans, et Maxime Pelchat, stratège numérique au CADRE21.
Ce mémoire contient une liste de recommandations très simple pour chacun des sujets traités lors du Rendez-vous. On y retrouve par exemple des idées pour encourager les nouvelles approches pédagogiques (ex. classe flexible et classe extérieure) et l’usage des outils numériques pour garder des traces des apprentissages des élèves. La proposition d’offrir systématiquement les « journées de tempête » en enseignement à distance est également faite.
Apéro en éducation
À la suite des deux journées de discussions du Rendez-vous pour la réussite éducative, l’École branchée a eu le plaisir d’organiser un Apéro en éducation. Il s’agit d’un événement qui s’est déroulé sur Facebook Live, le 1er avril. Nous vous en présentons un résumé dans cet autre texte.