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« Il est nécessaire de développer une IA centrée sur l’humain »

« Il est nécessaire de développer une IA centrée sur l’humain » Cette affirmation a été au cœur des discussions lors de la conférence citoyenne « L’IA, l’État et nous », qui s’est déroulée à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, le 20 février dernier. Des chercheurs s’intéressant aux enjeux sociétaux de l’intelligence artificielle se sont exprimés sur les impacts de cette technologie dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du travail.
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« L’intelligence artificielle pose le risque d’exacerber les inégalités sociales et cette préoccupation devrait faire partie des travaux de développement et de déploiement de tous les types d’IA. » Les chercheurs associés à l’Obvia, une communauté de recherche née à l’Université Laval, en sont bien conscients. Au cours du panel de discussion, ils se sont exprimés sur les tendances qu’ils perçoivent dans leurs différents domaines d’activités et sur des bonnes pratiques qui commencent à émerger. « Tout est en construction. Nous devons créer des espaces de dialogue entre les utilisateurs et utilisatrices pour partager les usages, les opportunités et les risques », disent-ils.

Une chose est sûre, selon eux, les recherches sur les impacts de l’IA sont encore trop peu nombreuses. Ils ne sont pas d’accord avec les détracteurs de l’IA qui affirment qu’il ne faut pas l’utiliser « en attendant d’avoir plus de données probantes ». « C’est justement en l’utilisant, en collaborant à des recherches actions et des recherches collaboratives que le savoir va se construire autour des impacts de l’IA. Nous avons tout intérêt à conduire nos propres recherches ici au Québec. » 

Le discours des six chercheurs présents se rejoignait donc : « Il faut aller de l’avant avec l’IA, mais prenons aussi le temps de lui donner les caractéristiques qui nous rejoignent, notamment en matière d’inclusion, de protection de la vie privée, d’utilisation des ressources ».

La déconstruction des compétences

En éducation, l’utilisation de l’IA par et avec les élèves devrait conduire le personnel enseignant à se poser des questions sur leurs intentions pédagogiques. « Devant chaque tâche ou travail scolaire, demandons-nous : quelles compétences est-ce que je cherche à développer? Quelle est la finalité recherchée? Qu’est-ce que les élèves devraient savoir à quel moment de leur parcours scolaire? La réponse à ces questions devrait guider le choix des activités et donc orienter la décision à savoir si l’IA pourrait être utilisée et de quelle manière », affirme Normand Roy, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Il parle ainsi de « déconstruction de la compétence ». 

Il rappelle qu’il est essentiel de former et d’accompagner les élèves dans leur découverte de l’IA. De même, selon lui, les compétences informationnelles deviennent de plus en plus importantes : exercer son jugement sur l’information trouvée ou générée, valider les informations, etc. Par ailleurs, au sujet de l’apprentissage de la programmation informatique, il soutient qu’il est plus important pour les élèves de comprendre la logique et le fonctionnement des machines que de devenir des codeurs aguerris. 

Par contre, afin que le personnel enseignant puisse appuyer les élèves dans leur découverte de l’IA, il faudra d’abord qu’il soit confortable avec cette nouvelle technologie. La formation continue demeure un enjeu. M. Roy encourage à essayer des outils qui pourraient être utiles dans la réalisation de tâches répétitives et administratives. « Ainsi, [le personnel enseignant] pourra libérer du temps pour être présent avec ses élèves. La relation humaine en enseignement va toujours primer malgré tous les outils technos qui seront utilisés », dit-il. 

La redéfinition des tâches

Julie Garneau, professeure au Département de relations industrielles de l’Université du Québec en Outaouais, étudie les impacts de l’intelligence artificielle dans le monde du travail. « Il est vrai que certains emplois sont voués à disparaître. Par contre, il ne faut pas oublier que de nombreux autres seront créés. Mais surtout, dans la majorité des cas, les emplois vont se transformer par une redéfinition des tâches », affirme-t-elle.

En effet, elle observe des changements dans les tâches associées à différents types d’emplois. « Les compétences demandées se font de plus en plus granulaires. Il y a un déplacement des compétences, ce qui va rendre la formation continue encore plus importante », dit-elle. De même, elle a mentionné qu’il a un besoin grandissant pour identifier des compétences numériques de base chez les travailleurs, tout secteur d’activité confondu.

Par ailleurs, elle croit que l’IA a le potentiel d’améliorer les milieux de travail, de répondre à certains enjeux organisationnels récurrents et de contribuer au bien-être de tous. Par contre, il faudra que les milieux se concertent et que chacun détermine les meilleures façons de l’utiliser pour répondre à ses besoins. « Nous devons développer de la capacité autour de l’utilisation du numérique et de l’IA dans les milieux de travail et non de la dépendance », a conclu Lise Langlois, directrice générale de l’Obvia.

Crédit: Guillaume Macaux, directeur général de l’Obvia. Partagé sur LinkedIn.

L’Obvia : Une communauté de recherche 

Cette activité était organisée par l’Obvia, une communauté de recherche qui rallie entre autres des chercheuses et chercheurs de toutes les universités québécoises qui s’intéressent aux impacts sociétaux du numérique et de l’intelligence artificielle. Outre Normand Roy et Julie Garneau, Otilia Holgado (Université de Sherbrooke), Marie-Pierre Gagnon (Université Laval), Martin Cousineau (HEC Montréal) et Christian Lévesque (HEC Montréal) ont participé aux échanges qui étaient animés par Steve Jacob, directeur scientifique de la Collaboration avec les acteurs publics de l’Obvia.

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