Par Stéphane Allaire, professeur au Département des sciences de l’éducation de l’UQAC, Mélanie Tremblay, professeure à l’UQAR, Karine Godin-Tremblay, enseignante au primaire à Saguenay, Sonia Morissette, enseignante au Cégep de Chicoutimi, Isabelle Giasson, conseillère pédagogique à Montréal, Stéphanie Dionne, directrice du développement et des partenariats, École Branchée
La pandémie a transformé le visage de l’ensemble du réseau d’éducation, du préscolaire à l’université. D’un enseignement majoritairement en présence, on a connu en peu de temps une gamme de modalités, jusqu’à l’enseignement entièrement en ligne, dite école virtuelle. Près d’un an plus tard, quel bilan peut-on en tirer? Quelles ont été les difficultés et les ratées rencontrées? Y a-t-il des éléments positifs à en retenir? Quelles réflexions plus générales cette situation extraordinaire inspire-t-elle? Ensemble, collègues de l’enseignement de divers milieux, nous avons voulu réfléchir à la question.
Stéphane Allaire, professeur, Université du Québec à Chicoutimi
« En tant que professeur en pratiques éducatives, je dirais que le passage à l’école dite virtuelle a permis de prendre la pleine mesure de la dimension relationnelle qui fonde l’acte d’enseigner. Il a aussi montré l’influence du temps scolaire sur le temps social. La transition vers l’école virtuelle a également mis en relief la rigidité de l’organisation scolaire ainsi que la captivité des élèves et des enseignants à l’égard de leur environnement d’apprentissage et de travail. En outre, ce fut l’occasion de constater les carences du système dans sa capacité à étendre des innovations à grande échelle. Par ailleurs, les discussions suscitées par cette réalité technopédagogique imposée par des circonstances sanitaires exceptionnelles ont donné lieu à de nouvelles collaborations fécondes. »
Mélanie Tremblay, professeure, Université du Québec à Rimouski
« Le passage à l’école virtuelle est l’occasion pour moi, professeure en didactique des mathématiques et en adaptation scolaire, de collaborer avec des équipes de conseillers pédagogiques et d’enseignants dans le développement de situations d’apprentissage et d’évaluation qui favorisent la participation des élèves. Ce travail conjoint oblige, d’une
part, l’appropriation de nouveaux outils technologiques qui favorisent cette participation et, d’autre part, le développement d’outils d’évaluation qui permettent de mieux rendre compte de l’expression de l’agir mathématique.
Karine Godin-Tremblay, enseignante au primaire, Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay
« Malgré les grands défis imposés, le Pavillon Au Millénaire était prêt! En première année, mes 22 élèves possédaient une tablette électronique, comme tous les autres enfants de l’école. L’expertise développée grâce aux outils choisis et à l’engagement du personnel de notre école technologique au volet entrepreneurial et linguistique ont permis de poursuivre de réels apprentissages au-delà des murs. Néanmoins, l’école en présentiel sera toujours essentielle. Certes, la technologie rapproche les humains et rend de fiers services à ceux qui l’utilisent. Mais les contacts humains, les regards, la chaleur
relationnelle… ça ne se reproduit pas! »
Sonia Morissette, enseignante en techniques d’hygiène dentaire et coordonnatrice départementale, Cégep de Chicoutimi
« L’enseignement en mode non présentiel ou virtuel est relativement bien établi pour les cours théoriques. Toutefois, la vie sociale manque énormément aux étudiants du collégial. Ce qui devient une source de stress ou d’anxiété chez cette clientèle, ce sont les changements apportés à leur horaire en fonction des lignes directrices établies en lien
avec les codes de couleur de la crise sanitaire. Plus particulièrement, ce sont les changements apportés dans la planification de certains laboratoires ou examens en présence ou non pendant la session en cours qui sont le plus perturbants. »
Isabelle Giasson, conseillère pédagogique aux services éducatifs à distance au Centre de services scolaire de Montréal
« Une énergie et des ressources extraordinaires ont été déployées pour former et accompagner de façon intensive les 95 enseignants qui œuvrent aux services éducatifs à distance afin que les élèves puissent profiter d’un enseignement virtuel de qualité. Notamment, nous avions constamment en tête le souci de recréer, malgré les contraintes, une véritable vie d’école. Tout un chemin a été parcouru! »
Stéphanie Dionne, directrice du développement et des partenariats à l’École branchée
« La dernière année aura permis de révéler cinq facteurs de réussite, non seulement pour un basculement vers l’enseignement à distance, mais l’enseignement et l’accompagnement dans un contexte ambigu comme celui que nous avons connu. Par ailleurs, l’importance de la relation de coéducation entre parents et enseignants est reconnue comme un incontournable au bien-être et à la réussite des jeunes. On est tous ensemble là-dedans! »
Au bilan, cette réflexion sur l’école virtuelle nous semble importante à tenir puisque la situation qui prévaut depuis un an est déstabilisante, elle met en relief des inégalités, tout en stimulant la mise en place d’initiatives sans précédent. En ces temps de distanciation physique parfois lourds à porter, nous voyons dans cette rencontre une occasion de rapprochement d’un ensemble d’intervenants du secteur de l’éducation par le biais du numérique. Elle donne lieu à des prises de conscience, à un partage d’expériences, voire à des idées d’amélioration des pratiques de tout un chacun.
Le 22 février prochain de midi à 13h30 sur Zoom, ce panel de spécialistes de l’éducation vous invite, vous aussi, à vous pencher sur la question. Luc Papineau, enseignant au secondaire au Centre de services scolaire des Affluents ainsi que Philippe Dufour, étudiant au Collège d’Alma, complèteront la composition du groupe de discussion et seront également présents.
Nous vivons une période de tensions et de bouleversements importants. C’est une occasion à saisir pour réfléchir de façon réaliste mais constructive à l’avenir de l’éducation…
L’école virtuelle : parlons-en en bien ou en mal, mais parlons-en! C’est donc un rendez- vous, lundi le 22 février 2021 de 12h à 13h30.