Dans le cadre du Plan d’action numérique en éducation, la mesure 15081 des règles budgétaires a été bonifiée afin de stimuler le développement de pratiques pédagogiques innovantes. Le formulaire pour déposer des projets d’innovation liés aux technologies numériques est disponible depuis le 27 mai pour les gestionnaires scolaires sur le Portail CollecteInfo. Dans cet article, François Lake vous partage l’expérience de son équipe-école en lien avec la mesure.
Par François Lake
Enseignant de 5e année à l’école L’Arpège de Sainte-Julie
Twitter : @Francois_Lake
Peu de personnes et d’établissements connaissent la mesure « Projets d’innovation liés aux technologies numériques » du ministère de l’Éducation et pourtant, c’est une vraie petite mine d’or. En effet, notre école en bénéficie depuis maintenant deux ans et je profite de cet article pour vous informer sur le sujet. Voici donc différentes façons dont nous avons utilisé les montants de cette mesure, des avantages indéniables qu’elle nous a apportés et des résultats concrets qu’elle a engendrés pour notre école.
Favoriser le développement professionnel de l’équipe
Depuis deux ans, notre école jouit d’importants montants d’argent grâce à la mesure 15081. La première année, nous avons reçu une subvention d’une valeur de 20 000$ et cette année, le montant s’élevait à 26 000$. Grâce à ces montants, l’équipe-école a pu participer à plusieurs formations et colloques tels que Clair au Nouveau-Brunswick (3 enseignants), le REFER à Montréal et à Québec (6 enseignants), l’AQUOPS (18 enseignants sur deux ans) et le Sommet du numérique (8 enseignants sur deux ans). Il s’agit là, bien évidemment, de grands événements qui font la promotion de l’utilisation du numérique dans le milieu scolaire et qui sont très intéressants. On connait beaucoup d’enseignants qui nous ont enviés de pouvoir participer à tous ces colloques et congrès. En effet, participer à ces congrès coûte cher. Une école ne peut habituellement pas permettre à autant d’enseignants d’aller en formation, même si le tout s’est échelonné sur deux ans. On a aussi croisé plusieurs fois des habitués dans ces événements qui ont payé de leur poche les montants nécessaires pour y aller. Lorsqu’on parle à ces personnes, elles sont souvent surprises d’apprendre la chance que nous avons, et que vous avez tous d’ailleurs, de pouvoir profiter de cette mesure.
Un autre aspect très intéressant est que nous avons pu profiter de libérations pour les enseignants de l’école sous forme de formation, mentorat et modélisation par les pairs. En effet, les enseignants plus à l’aise avec la technologie ont pu accompagner leurs collègues dans divers domaines tels que l’utilisation des chariots d’iPad de façon pédagogique, la robotique, la programmation et le laboratoire créatif. En tant qu’enseignants, nous aimerions tous avoir plus de temps afin de nous perfectionner dans ces domaines et c’est souvent ce même temps qui nous manque. La mesure 15081 vient pallier cette difficulté. Les tâches souvent lourdes, l’appropriation d’un nouveau niveau, l’intégration du numérique et tous les autres éléments de la vie d’enseignant signifient qu’on délaisse certains aspects de sa formation continue au fil des ans. Grâce à ces libérations, les enseignants ont pu continuer à se perfectionner sans se sentir submergés par la réalité du monde enseignant.
Des bénéfices considérables
Quels sont les bénéfices de tout ça? Disons-le tout de suite, ils sont énormes. Premièrement, les enseignants ont été très reconnaissants de pouvoir prendre du temps pour s’approprier l’utilisation du numérique de façon pédagogique. Grâce à ces colloques, congrès et formations à l’interne, plusieurs ont réalisé que le numérique, ce n’est pas un ajout à la tâche, mais plutôt une façon de faire mieux et/ou différemment ce que l’on fait déjà.
Ce qu’ils voyaient comme une montagne s’est avéré être une petite butte.
Nous nous sommes assurés de partir des besoins et capacités de chacun afin de les accompagner dans leur sentiment de compétence professionnelle et leur permettre d’évoluer à leur rythme. Tous les membres du personnel ont été consultés, ont eu des formations, des perfectionnements et de l’accompagnement adaptés à leurs besoins.
Personne n’a été laissé de côté.
Les membres de l’équipe-école ont apprécié développer un sentiment de compétence envers le numérique avant d’accompagner leurs élèves dans leur classe. Bien évidemment, comme l’a si bien dit Margarida Romero à Clair, en 2018, on doit avoir une tolérance à l’ambiguïté en tant qu’enseignant. Nous pourrons toujours être déstabilisés par un élève qui en connait plus que nous sur le sujet, mais un sentiment de compétence de base est aidant afin de faire les premiers pas en classe. C’est ce que nous avons donné aux enseignants de l’école.
Pour les enseignants moins à l’aise, j’ai, par exemple, fait de la modélisation dans leur classe en robotique. Ceci leur a permis de mieux comprendre la pensée derrière la robotique, les liens avec les sciences, les mathématiques, la programmation et même le français. Le but n’est pas de tout faire à leur place par contre. Suite à cette modélisation, ils ont pris de l’assurance et font maintenant de la robotique par eux-mêmes, le tout avec le sourire! L’inquiétude a laissé sa place au plaisir. Les enseignants en question sont devenus autonomes et c’est la beauté de la chose.
Selon moi, ça n’aurait pas été possible sans cette mesure.
Et les élèves dans tout ça?
Il est aussi important de noter qu’aucun élève n’est oublié dans cette aventure. Nous parlons de plus en plus des compétences du 21e siècle et nous avons la conviction, à notre école, qu’il est important d’outiller les élèves à ce niveau. La mesure nous a permis d’outiller les enseignants pour accompagner leurs élèves. Ainsi, ils continuent à travailler les éléments du PFEQ tout en permettant aux élèves de développer ces compétences. De la pensée informatique, en passant par la collaboration et la résolution de problèmes, les élèves développent des capacités qui leur seront utiles tout au long de leur vie. Avec le nouveau cadre de référence de la compétence numérique, qui vient tout juste d’être présenté au Sommet du numérique, nous réalisons que toutes nos démarches depuis cinq ans (et particulièrement dans les deux dernières années) permettent à nos élèves de s’épanouir et de développer ces dites compétences.
Pour terminer…
Les résultats positifs de la mesure 15081 sont énormes pour notre école. Premièrement, les enseignants sont extrêmement enthousiastes d’avoir eu du temps pour développer leur compétence face au numérique. Ils sont heureux de mieux comprendre son utilité et savent maintenant comment l’utiliser pour amener les élèves plus loin tout en continuant à respecter le programme de formation. Ensuite, les enseignants qui étaient plus à l’aise à la base sont, quant à eux, motivés de découvrir de nouvelles approches et d’aider leurs collègues. Finalement, les élèves bénéficient d’un accompagnement plus adapté à la réalité d’aujourd’hui et réalisent des projets absolument incroyables. Que ce soit la création d’une voiture de course téléguidée avec des Micro:Bit, des projets vidéos sur écran vert, la programmation d’une application ou tout autre projet, les élèves sont motivés et développent des compétences qui leur seront utiles toute leur vie.
En résumé, je crois qu’il est important de retenir que la mesure « Projets d’innovation liés aux technologies numériques » a permis aux membres de notre école d’être mieux outillés face à l’utilisation du numérique et aux élèves d’aller plus loin que ce que nous aurions pu imaginer. Je vous invite donc à profiter de cette opportunité afin d’éduquer une génération qui sera prête à affronter le monde du futur.
- Vous voulez déposer un projet d’innovation lié aux technologies numériques? Parlez-en à votre directeur (d’école, de centre d’enseignement ou des services éducatifs) qui a accès au formulaire de dépôt sur le Portail CollecteInfo.
- Pour voir d’autres exemples de projets financés par la mesure 15081, c’est par ici.
- Pour en savoir davantage sur les possibilités de cette mesure en enseignement supérieur, c’est par ici.