Le 27 février dernier se tenait le CréaCamp Ottawa organisé en collaboration avec l’équipe ICE (innovation, créativité, entrepreneuriat) du Conseil des écoles publiques de l’Est-ontarien. Plus de 50 professionnels de l’éducation de tous les niveaux provenant du Québec et de l’Ontario se sont réunis pour réfléchir, explorer et approfondir de nouvelles approches pédagogiques.
Comme à tous les CréaCamps de l’École branchée, les participants devaient en début de journée faire un choix déchirant parmi les cinq ateliers proposés par l’équipe de facilitateurs. Celle-ci était majoritairement constituée de conseillers pédagogiques et d’enseignants dynamiques du CEPEO avec qui l’École branchée a eu l’opportunité de s’entretenir afin de vous partager leur vision de la pédagogie, du numérique et de l’innovation!
Dans cette série d’articles, nous vous présentons les artisans de ce CréaCamp.
Publier autrement
Cet atelier était animé par Joël Desjardins, enseignant à l’école élémentaire publique Marie-Curie et par Pascal Lefebvre, conseiller pédagogique et responsable des plateformes d’apprentissages numériques ainsi que des initiatives en innovation, créativité et entrepreneuriat au CEPEO. Pascal est passionné par l’utilisation efficace des technologies en salle de classe, et ce dans toutes les matières et à tous les niveaux.
Qu’est-ce qui vous a menés à animer cet atelier?
Pascal : Dans mes expériences passées, j’ai été appelé à créer des tutoriels vidéo pour un ensemble de dossiers provinciaux. Je me suis rapidement rendu compte de l’efficience de ce média. Du point de vue de l’enseignant/formateur, ça permet de nous cloner en quelque sorte. Mon travail était beaucoup plus intéressant du fait que je n’étais plus pris à répéter des informations de bases ou des procédures simples. Une image vaut vraiment mille mots! Le temps ainsi dégagé pouvait être investi dans des tâches plus profondes. En parallèle, la différenciation pédagogique prenait de l’ampleur en Ontario ainsi qu’une refonte de l’évaluation via la politique faire croître le succès et j’y ai vu un outil puissant pour les mettre en œuvre. La vidéo devenait un outil permettant aux enseignants de différencier dans le temps comme dans l’espace (classe inversée, classe hybride, etc.) et aux élèves de pouvoir montrer autrement leur apprentissage.
Publier autrement, qu’est-ce que ça veut dire?
Pascal : Les nouvelles technologies permettent aux élèves de démontrer leur apprentissage autrement que par le biais de l’écriture. Bien que l’écriture soit essentielle à tout projet créateur, elle n’est pas obligée d’être nécessairement l’objet final de l’évaluation des apprentissages. La technologie, et particulièrement la création de vidéos, permet une grande créativité et est désormais tellement accessible et intégrée à la culture du monde moderne qu’il est, selon moi, un outil puissant pour créer des contextes signifiants et authentiques pour nos élèves.
Que remarquez-vous chez les élèves qui participent à des projets de publication?
Pascal : La liberté de s’exprimer favorise grandement l’engagement des élèves. Ils s’entendent et se voient. À partir de là, ils sont beaucoup plus critiques de ce qu’ils produisent. Autre avantage à la vidéo, les plateformes de partage de vidéo et l’accessibilité de ce média font en sorte qu’il est plus facile et plus simple d’avoir un auditoire autre que l’enseignant pour leurs travaux. Ils ne produisent plus uniquement pour l’enseignant, mais pour d’autres publics, ce qui a un effet sur leur engagement.
Quels sont les outils incontournables? Avez-vous des exemples et des inspirations à partager?
Pascal : Depuis que j’ai vu le succès d’un projet d’annonces du matin en format vidéo en direct sur YouTube et l’impact que cette initiative avait sur l’intérêt des élèves, non seulement ceux qui œuvrent à la création desdits vidéos, mais aussi ceux qui doivent y porter attention (Dieu sait que les annonces lues à l’interphone le matin sont particulièrement pénibles à écouter), je me suis intéressé à la vidéo dans un contexte plus large que la salle de classe. Je me questionne actuellement sur l’espace que les élèves pourraient prendre à l’école. Quelles sont les composantes de la vie scolaire occupées par les adultes qui pourraient être déplacées vers les élèves afin qu’ils puissent s’approprier la vie scolaire et que l’école devienne leur espace? Quant aux outils, le monde du jeu vidéo est riche en pratiques et en outils pour ceux qui cherchent. OBS (logiciel libre) et Wevidéo sont les outils que l’on privilégie pour l’instant.
Qu’est-ce que vous retenez de votre expérience de facilitateur au CréaCamp?
Pascal : J’ai beaucoup aimé le format qui se prête à la clientèle que l’on souhaitait atteindre, soit les enseignants innovateurs et créateurs toujours en quête de moyens pour améliorer la vie scolaire de leur école, de leur classe, de leurs cours.
Quel est votre coup de cœur pédagogique?
Pascal : La créativité démontrée par les participants aura été mon coup de cœur de la journée. De la vidéo créée par une enseignante qui lui servira d’appui lors de son atelier de yoga en APQ (20 minutes d’activité physique quotidienne en M-8 obligatoire en Ontario) au projet de télé scolaire pour les annonces du matin. Et ce, seulement à leur première utilisation de la vidéo! Qu’en feront-ils lorsqu’ils l’auront apprivoisé avec leurs élèves? J’ai hâte de voir!
Apprenez-en plus sur la création de vidéos dans ce miniguide.