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En français à Québec… quand un séjour d’immersion culturelle prend le virage numérique

Notre collaborateur André Magny est enseignant dans le cadre du programme estival En français à Québec qui permet à des jeunes du monde de vivre des séjours d'immersion en français dans la ville de Québec. Que se passe-t-il lorsque ces séjours linguistiques doivent se tenir en ligne? André nous partage son expérience dans ce texte.

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Depuis 15 ans, des jeunes du Mexique, du Canada et de quelques pays européens s’inscrivent au programme En français à Québec, offert par le Collège Saint-Charles-Garnier. Cette année, une première : COVID-19 oblige, il a fallu faire vivre le séjour d’immersion en ligne à des groupes d’une douzaine d’élèves chacun à travers trois fuseaux horaires différents. Tout un défi pour les enseignants, dont votre humble serviteur! Témoignage. 

Habituellement, l’immersion dure un mois dans la ville de Québec pour permettre aux jeunes de profiter notamment du Festival d’été et des nombreuses autres sorties culturelles. Pour l’été 2021, tout a été mis en place – cours de français, activités optionnelles, ateliers, conférences, capsules touristiques – de façon virtuelle.

Pour les enseignants, le premier défi a été de se familiariser avec les outils de la suite Google. En principe, les Google Drive, Classroom et Meet ne devaient plus avoir de secret pour nous si nous voulions être le moindrement efficaces!

Le jour J

Même si de la formation nous avait été offerte, la fébrilité était palpable lors du premier lundi chez les enseignants. On aurait entendu un pixel voler dans le corridor de l’établissement où nous étions rassemblés. D’autres, plus braves, étaient restés à  leur domicile.

Après les présentations d’usage et la première activité, le moment tant redouté par tous – surtout par moi – est venu : la séparation de la classe en petits groupes dans des lieux virtuels différents. Je me disais : « C’est sûr que je vais en perdre, je n’arriverai pas à entrer dans une salle. Ils ne vont pas parler en français… la catastrophe s’en vient. »

Même si j’ai finalement bien dû perdre 15 kg la première journée – de toute façon, j’en avais besoin -, celle-ci s’est terminée sans anicroche. Tout le monde est resté au poste. Petit à petit, j’ai réussi à me faire à toutes ces nouvelles touches et fonctions. Le plus angoissant est peut-être le moment où je posais une question et que 12 paires d’yeux ne bronchaient pas.

Pourtant, ils écoutaient, on le voyait à l’écran. La timidité? La question en français était trop difficile? Mais non! Évidemment, mon micro était fermé! En fait, c’est un peu tout ça qui faisait en sorte que les réponses tardaient parfois à venir : il ne faut pas oublier que c’est aussi un apprentissage pour les élèves.

« J’ai vu ça comme une opportunité. Je voulais améliorer mon français », affirme sans hésiter Monica Beyere. Elle a 16 ans. Elle habite Happy Valley-Goosebay au Labrador. Dans sa famille, son frère et sa sœur sont aussi passés par l’immersion.

Pour les parents originaires du Ghana, le français est une valeur importante. Son français intermédiaire est à un excellent niveau. Elle devait s’inscrire au programme du collège québécois l’année dernière. La COVID 19 a contraint la direction à tout annuler.

Côtoyer virtuellement d’autres cultures

Qu’ils soient de Terre-Neuve – Labrador, de l’Ontario ou de la Colombie-Britannique, ces jeunes Canadiens apprennent non seulement le français, mais ils ont aussi la chance de côtoyer d’autres ados d’ailleurs dans le monde.

Le directeur des Ateliers de langues et programmes internationaux ainsi que du programme En français à Québec au Collège Garnier, Luis René Ayala, a des contacts avec l’établissement universitaire Technólogico de Monterey au Mexique. Selon le directeur québécois d’origine mexicaine, « l’échange culturel est une richesse pour les élèves; ça assure une ouverture d’esprit ».

Ce n’est pas Sanuda Jayasinghe qui contredira le directeur. Habitant lui aussi Happy Valley – Goose Bay, il entrera à l’université dans deux ans, espère devenir médecin et ainsi « aider les gens en français et en anglais ». Il reste maintenant en contact sur Instagram avec ses nouvelles connaissances mexicaines. « C’était très important de voir une autre culture, car cela m’a montré le mode de vie au Mexique. »

Si la classique photo devant le château Frontenac n’a pas eu lieu cet été, il n’en reste pas moins que les participants semblent avoir eu la piqûre du français. Quant à moi, le défi a été relevé. Pas toujours avec brio, peut-être, mais souvent avec humour!

À propos de l'auteur

André Magny
André Magny
Depuis plus de 30 ans, André Magny fait les allers-retours entre le journalisme et l'enseignement du français tant auprès des ados que des adultes. Pigiste régulier pour divers médias dont Francopresse, il a également été journaliste culturel au Droit d’Ottawa et s'occupait des nouvelles technologies au Soleil de Québec. Il a aussi fait du journalisme sportif en France. Il a un faible pour la francophonie, la culture, les sports, la cuisine et la politique.

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