Écrire avec un crayon sur une feuille de papier ou écrire en tapant sur un clavier et en regardant un écran, qu’est-ce que ça change pour les élèves?
C’est ce qu’a voulu savoir une équipe de recherche de l’Université de Montréal. Les résultats sont sans équivoque : « les jeunes, garçons et filles, sont bien plus motivés quand ils réalisent des tâches d’écriture à l’ordinateur ». Et il y a plus!
« Nos résultats montrent une amélioration de la compétence à écrire chez l’ensemble des élèves, garçons et filles. En fin d’année scolaire, nos constats révèlent aussi que ce sont quelque 96 % des élèves qui se perçoivent plus compétents à écrire quand ils réalisent cette tâche à l’ordinateur », lit-on dans le rapport de recherche de l’équipe.
La recherche a été conduite dans des classes d’écoles primaires de la région de Montréal. Elle avait pour objectif général de mieux comprendre l’apport de l’écriture avec les technologies pour le développement de la compétence à écrire des élèves du primaire en milieu défavorisé.
Au final, lorsque l’accompagnement pédagogique était adéquat, les élèves réalisaient moins de fautes quand ils écrivaient à l’ordinateur, ils écrivaient des textes plus longs et ils faisaient preuve de plus de créativité. « Ces conclusions montrent donc l’importance de former les enseignants pour qu’ils soient en mesure d’amener les élèves à faire un usage des technologies favorisant le développement de leur compétence à écrire », précise-t-on dans le rapport.
Du brouillon au propre
Au-delà du résultat final, tout au long de l’étude, les chercheurs ont observé un autre phénomène surprenant mais tout à fait logique. En effet, « le processus d’écriture des élèves s’est trouvé complètement transformé par l’usage des technologies ».
Lorsque les élèves écrivent sur une feuille de papier, ils suivent généralement la séquence « copie brouillon », puis « copie propre ». Ils feront rarement le geste d’effacer un paragraphe, d’ajouter une phrase dans un autre, de modifier une structure de phrase, etc. Le processus d’écriture se passe alors en mode plutôt linéaire.
Or, en rédigeant à l’ordinateur, la séquence d’écriture se trouve changée par les possibilités offertes à l’écran: « Tant les élèves que les enseignants ont ainsi souligné les avantages des fonctions copier, coller ou déplacer pour améliorer le texte produit ».
Le fait de rédiger à l’ordinateur permet facilement aux élèves d’insérer de nouveaux paragraphes, phrases ou mots aux endroits de son choix. Il est également plus facile pour eux de revenir sur ce qu’ils ont déjà écrit pour modifier ou effacer. Les actions de planifier, rédiger, réviser et corriger un texte se déroulent donc en simultané pour les élèves et ceux-ci ont su en tirer profit pour améliorer leurs textes.
Des pistes pour les enseignants
Au final, les chercheurs énoncent 8 pistes pour donner suite aux résultats de leur recherche et faire en sorte que les élèves tirent le meilleur parti de la rédaction avec les technologies.
Le CTREQ les détaille et les présente de façon très visuelle sur son site.
- Les enseignants devraient accroître le nombre d’activités où les élèves écrivent des textes à l’ordinateur.
- Lors de ces activités, l’encadrement de l’enseignant est d’une importance capitale.
- Les tâches d’écriture doivent être claires et précises.
- L’enseignant doit prendre le temps de former les élèves à l’usage des outils de correction.
- Il doit former les élèves au processus d’écriture qui est fort différent de celui de l’écriture de type « papier-crayon », par exemple ils peuvent bonifier facilement ce qu’ils ont déjà écrit.
- L’enseignant doit considérer qu’il fait écrire à l’ordinateur pour améliorer la compétence à écrire des élèves (à l’ordinateur, les jeunes sont enclins à écrire plus souvent, à écrire plus longtemps, et à apprécier cette activité faite à l’ordinateur, ce qui est susceptible d’améliorer leur compétence à écrire).
- Il est important de choisir des outils adaptés aux élèves qui reflètent aussi ce à quoi ils ont accès à leur domicile.
- L’usage des technologies a un impact sur la motivation des élèves pour apprendre le français, à condition évidemment que ces activités soient éducatives et encadrées par l’enseignant.