On entend souvent que l’usage de salles de discussion pour sous-groupes (breakout rooms) est un élément gagnant pour favoriser l’engagement en enseignement à distance. Pourtant, dans la pratique, ce n’est pas si simple! Voici des exemples d’usages gagnants de ces fameuses sous-salles!
Dans une salle de classe virtuelle, l’enseignant occupe généralement la majeure partie de la conversation pendant une leçon synchrone. C’est assez difficile pour les élèves de participer ou de réfléchir à voix haute dans cet environnement.
On sait toutefois que l’usage de salles de discussion pour sous-groupes (breakout rooms) est un élément gagnant pour favoriser l’engagement pendant l’enseignement à distance. On s’imagine ainsi créer une communauté d’élèves qui apprennent les uns des autres et font bon usage du temps dont ils disposent.
C’est d’ailleurs ce que pensait Marc Proulx, enseignant de français au 1er cycle du secondaire, à Québec. Lors des deux semaines d’école à distance au retour des fêtes, enthousiaste, il a lancé ses élèves dans une activité en petits groupes, dans des sous-salles. Après quelques minutes, il a constaté qu’il ne se passait absolument rien : les jeunes étaient restés en silence total, avec leurs caméras fermées… « Quelle erreur de ma part! », admet-il aujourd’hui en riant. Étant le tout premier enseignant qui utilisait les sous-salles avec ces élèves, ces derniers n’avaient aucune idée de comment se mettre en action, d’autant plus qu’ils provenaient de deux classes-bulles différentes : le lien entre eux n’y était pas.
L’enseignante Samantha Shane, comme elle l’explique dans un article récent d’Edutopia, a aussi fait face à des caméras fermées avant de changer de stratégie. Elle partage d’ailleurs cinq idées qu’elle a expérimentées et qui ont amélioré l’expérience des fameuses sous-salles. Nous avons aussi repéré sur le Web d’autres idées concrètes qui semblent intéressantes à essayer.
On vous les résume.
1. Tâches individuelles d’abord, tâches de groupe ensuite
Pour Samantha Shane, attribuer aux élèves des tâches individuelles avant de les placer en groupe aide à favoriser des discussions plus significatives, centrées sur le travail fait juste avant et invitant au partage de chacun pour synthétiser les idées. On peut même demander aux élèves d’enregistrer leur discussion, ce qui les tient responsables de leurs contributions et offre une occasion d’évaluation formative.
2. Miser sur la consolidation d’équipe (team building), le contenu viendra ensuite
Commencer par une activité de team building en sous-groupes permet de nouer des relations, de partager des idées et de mettre en pratique les compétences en communication. « Lorsque je laisse les élèves choisir leurs groupes et que je limite le nombre de participants dans les sous-salles, ils parlent davantage et vivent une expérience moins stressante. À mesure qu’ils se sentent plus à l’aise les uns avec les autres, je change les groupes », explique-t-elle.
Le besoin de connexion sociale et émotionnelle est particulièrement grand pendant la pandémie et en apprentissage à distance. Utiliser des stratégies issues du SEL (social emotional learning, ou apprentissage social et émotionnel) dans les sous-salles favorise le développement graduel d’un sentiment de communauté dans la classe. Au fil du temps, remarque Samantha Shane, ils deviennent aussi plus susceptibles de participer à des activités liées au contenu.
3. Attribuer des rôles aux élèves
Pour aider les jeunes à s’approprier le travail en sous-salles, on peut attribuer des rôles tels que chef de groupe, conservateur de documents, gardien du temps, etc. Le chef de groupe aidera à établir les attentes et à maintenir le groupe sur la bonne voie. Si la discussion cesse ou dévie de la tâche, il peut ramener le tout. Aussi, celui qui a le rôle de conservateur peut prendre des notes et organiser les informations partagées entre des membres du groupe.
4. Faire des promenades entre les salles virtuelles
Lorsqu’elle sépare ses élèves en sous-groupes, Mme Shane laisse parfois l’option que les élèves puissent se promener de salle en salle (option disponible dans Zoom, entre autres). Elle nomme au départ certains élèves comme « présentateurs ». Ceux-ci restent dans les salles pour partager des informations à ceux qui viennent les visiter (mini exposé, enseignement par les pairs, exposition de travaux, etc.). La fonction minuterie est utilisée pour indiquer quand il est temps de changer de salle afin que les élèves soient toujours en mouvement. La fois suivante, les jeunes changent de rôle. Ils enregistrent aussi leurs découvertes dans un document Google au fur et à mesure de leur progression dans l’activité.
5. Établir des normes et des attentes avec les élèves
« Au début de l’année scolaire, mes élèves fixent les normes et les attentes de la classe », explique Mme Shane. Permettre aux élèves de créer les règles de base du fonctionnement du groupe, notamment en ligne, améliore leur usage des sous-salles, remarque-t-elle. Les jeunes sont conscients des attentes du groupe et de ce dont ils ont besoin pour contribuer, et ils comprennent ce que l’on attend d’eux.
En tout temps, rappelle Samantha Shane, il s’agit de créer et d’entretenir un espace permettant aux élèves de se connecter, de réfléchir, de grandir et de collaborer. D’ailleurs, l’enseignante prévoit continuer d’utiliser la plupart de ses nouvelles stratégies même lors du retour en classe : établir des normes pour les groupes, donner des rôles et responsabilités, et garder du temps pour du travail individuel préparatoire aux activités de groupe. Elle s’attend à ce que cela ait un impact positif sur l’efficacité de la collaboration.
Pour sa part, Jennifer Brown, d’EdTech Magazine, invite à cesser de viser la perfection. Par exemple, si vous craignez de ne pas passer suffisamment de temps dans toutes les sous-salles, rappelez-vous que ce serait possiblement la même chose en classe…
D’autres idées en vrac
Les salles avec « ambiance » : dans une page Google Slides par exemple, insérez des images de portes, dont l’une mènera vers une sous-salle (une réunion) où il faudra être en silence, l’autre vers une salle où la réflexion à micro ouvert sera encouragée, une autre avec une musique d’ambiance, pourquoi pas! Une autre pourrait être celle permettant de rejoindre l’enseignant pour obtenir de l’aide.
Pour aller plus loin dans l’idée des « portes », chacune pourrait aussi mener à un mur collaboratif ou un Jamboard, préparant les équipiers à travailler sur un même document tout prêt et que l’enseignant pourra consulter en temps réel.
Vous avez la chance d’enseigner à distance uniquement en cas de fermeture d’une bulle-classe? Les habitudes seront plus difficiles à installer, mais un usage simple et apprécié des sous-salles par Marc Proulx est de s’en servir comme « corridor » virtuel, pour pouvoir parler à un élève ou l’aider en privé pendant que les autres sont à la tâche.
Et vous, quelles sont vos meilleures expériences d’utilisation des breakout rooms? Partagez-les avec nous et nos lecteurs en commentaires!
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5- Collaborer à l’aide du numérique
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