Par Marc-André Girard, directeur d’une école publique
J’avais un collègue que j’estimais particulièrement. D’un naturel jovial et positif, il voyait toujours le bon côté des choses. Il était cadre dans une école et, bien établi dans le milieu, il avait une formule absolument exquise quand des membres de l’équipe-école débarquaient dans son bureau avec des problèmes. Il posait invariablement la question suivante : « Comment puis-je t’aider à résoudre ton problème? ».
En effet, on perçoit souvent la direction comme étant celle qui règle tous les problèmes. Combien de fois ai-je entendu deux formulations incontournables :
- « Ah, ce n’est pas mon problème! »
Travailler en éducation, c’est prendre la responsabilité de ce qui se passe dans une école. Évidemment, cette responsabilité est partagée parmi tous ceux qui travaillent dans le milieu, mais combien de fois pouvons-nous témoigner de cette déresponsabilisation. Par ses fonctions, la direction ne peut se déresponsabiliser de ce qui se passe dans son école et conséquemment, on peut avoir tendance à relayer le tout au sommet de la hiérarchie scolaire.
- « Je ne ferai jamais ton travail! »
En vertu de ce qui précède, plusieurs pensent que la direction ne fait que gérer des problèmes insolubles, du mécontentement et des plaintes. C’est faux. Ironiquement, ceux qui disent cela sont souvent ceux qui font en sorte que nous passions un peu trop de temps à gérer divers aspects négatifs de la profession de direction.
Plusieurs ne se rendent pas compte qu’elles envisagent leur profession en entrevoyant les problématiques d’abord. Pire, des gens apportent des problèmes à des solutions. Pourtant, là où plusieurs voient des problèmes, je vois soit des solutions, soit des opportunités. Cela peut donc créer quelques écueils relationnels basés sur des angles de visions d’une même situation qui nous est imposée.
Si nous devons nous responsabiliser face à ces problématiques qui s’imposent, il faut comprendre que, bien souvent, elles ne nous appartiennent pas. Oui, nous devons déployer beaucoup d’énergies et puiser en nous le nécessaire pour résoudre le tout de façon réfléchie et compétente, mais quand même, ces problématiques ne nous appartiennent souvent pas.
Ce qui nous appartient, toutefois, ce sont les émotions qu’elles suscitent en nous et surtout, comment nous les gérons. Ainsi, on tend à oublier que nous avons, malgré tout, bel et bien un pouvoir face à ce qui nous est imposé, grâce à nos réactions et notre capacité à ne pas se laisser submerger par les émotions qui naissent en nous.
Encore une fois, cela démontre comment le travail que nous faisons dans le domaine de l’éducation en est un qui met de l’avant des compétences socioémotionnelles bien plus que la connaissance d’une matière, de son programme ou d’aspects théoriques reliés à sa fonction.