Ce n’est pas vrai que parce que les jeunes sont nés avec Internet, ils savent l’utiliser à bon escient. C’est ce que montrent de plus en plus d’études, ce qui ne laisse plus le choix à l’école de s’en préoccuper.
Ils sont nés avec Internet et grandissent avec Facebook, Snapchat et Instagram. On serait porté à croire que les jeunes d’aujourd’hui sont des omniscients des nouvelles technologies. Or, de plus en plus d’experts croient qu’il faut former les jeunes pour les aider à utiliser ces technologies qu’ils maitrisent moins bien qu’on ne le pense.
Les jeunes, des experts?
En effet, une étude[1] réalisée en Australie en 2013 montre que l’on surestime largement les capacités des jeunes à utiliser les nouveaux médias. Ceux-ci ont beau passer une grande quantité de temps à l’extérieur de la classe sur les réseaux sociaux, ils n’acquièrent pas nécessairement les compétences qui leur permettraient de les utiliser de façon optimale. Laissés à eux-mêmes, ils continuent d’utiliser ces médias de façon inefficace et superficielle. Un élève bien informé a une meilleure capacité de communiquer, utilise les réseaux sociaux dans les bonnes circonstances et ceux-ci lui permettent d’être plus créatif. Compte tenu de l’ubiquité de ces nouvelles technologies, il est impératif, toujours selon cette étude, que l’école joue un plus grand rôle pour aider les jeunes à s’en servir.
Un nouveau rôle pour l’école?
Pour faire des élèves des « alphabètes du Web », l’école doit adopter un discours qui dépasse les simples mises en garde contre le vol d’informations personnelles ou contre les possibilités de développer une dépendance à Facebook. L’école doit faire des jeunes des utilisateurs plus critiques, qui comprennent les mécanismes de fonctionnement de ces nouvelles technologies.
Par exemple, il peut être utile d’en apprendre davantage sur la manière dont les recherches sur Google apparaissent. Comprendre que de puissantes forces commerciales peuvent être à l’origine de ces résultats de recherche les mènera à trier le bon grain de l’ivraie. Les enseignants peuvent aussi proposer des questions à débattre dans un cours de français : par exemple, le fait d’être constamment sur le Web contribue-t-il à avoir accès une pluralité de perspectives ou cela renforce-t-il plutôt nos croyances?
Selon Reuben Lowey, un enseignant du New Jersey qui a fait l’objet d’un reportage dans le mensuel américain The Atlantic, l’apprentissage de ces notions ne doit plus se faire en parallèle des autres cours. Lowey s’est attelé à l’élaboration d’un programme d’apprentissage novateur qui peut s’intégrer aux curriculums des écoles d’aujourd’hui. Sur son site, il suggère une séance pilote qui pourrait très bien faire l’objet d’une ou deux périodes d’un cours d’histoire ou de géographie au secondaire. La séance s’articule autour d’une réflexion sur les médias sociaux qui ont contribué aux soulèvements politiques des pays arabes en 2011. Cet exemple nous fait voir combien la réflexion sur les nouvelles technologies est riche en thématiques. C’est également la preuve que d’utiliser et comprendre les nouvelles technologies, ce n’est pas juste de faire des recherches avec Wikipédia pour un travail scolaire.
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[1] Paul D. Chandler. 2013. « Middle years students’experience with new media », Australian Journal of Education 57(3), 256–269.