Les 19 et 20 juin dernier se tenait à Montréal le rassemblement Rêver l’impossible. Celui-ci avait été initié par le président et chef de la direction de Desjardins, Guy Cormier. Quelque 400 jeunes de 18 à 30 ans avaient répondu présents pour réfléchir à des solutions pouvant répondre à des enjeux sociaux touchant l’environnement, l’éducation, l’emploi, la finance et l’économie. Nous avons assisté à une partie des échanges sur le thème de l’éducation et à la conclusion de la journée.
L’objectif de la journée était de permettre à des jeunes de tous horizons de se rencontrer et d’analyser ensemble des problématiques pour faire converger des idées et émerger des pistes de solutions. Comme il l’a mentionné au terme de la journée, en initiant ce rassemblement, M. Cormier a voulu, avec les moyens à sa disposition, offrir une occasion aux jeunes de se mettre en action. « Oui, je vais porter vos messages, mais n’attendez pas pour vous mettre en action. Chacun d’entre nous peut changer des choses à son niveau. Vous avez les idées. Faites le premier pas quand vous voulez qu’une situation change. »
Au cours de la journée du 19 juin, les participantes et participants avaient assisté à plusieurs conférences. Le 20 juin, ils étaient prêts à s’engager dans un exercice de design thinking en lien avec les thèmes choisis. Pour participer, ils avaient dû choisir un thème (environnement, éducation et emploi, finance et économie) et écrire une lettre de motivation. C’est dire qu’ils étaient vraiment motivés à s’engager dans la démarche de réflexion.
Rêver… d’éducation autrement
Trois équipes ont abordé la thématique « L’accès à une école équitable, inclusive et adaptée » de manière indépendante en atelier de design thinking. Au terme de leurs travaux, qui ont duré environ quatre heures, ils ont été amenés à partager leur proposition avec les deux autres équipes. À ce moment, surprise!, toutes les idées et solutions convergeaient dans la même direction.
Chacune à leur manière, les équipes ont soumis des idées de programmes scolaires qui mettent l’accent sur l’apprentissage par les pairs, l’entraide et la collaboration, le système d’évaluation par pointage et la rétroaction, les parcours personnalisés qui respecteraient davantage le rythme d’apprentissage de chacun et tirerait avantage de ses forces.
Les notions de différenciation pédagogique, d’aménagement de classe flexible, d’apprentissage dans la pratique, de liens avec la communauté sont aussi revenus dans les trois présentations. Certains ont parlé de développement des compétences sociales et émotionnelles, d’autres ont parlé de mentorat avec des aînés, d’horaires personnalisés avec plus de cours optionnels pour sortir du « moule scolaire actuel ».
Sans surprise, le sujet de l’évaluation a soulevé les passions, certains militant pour la simple distinction « succès » et « échec », d’autres croyant à des échelles de progression, et d’autres encore tenant aux moyennes pour se comparer.
Comment mettre en place ce type de programme?
C’est toujours à cette étape que ça se complique! Pour une des participantes, « c’est comme si on prenait les programmes alternatifs et qu’on en faisait la norme ».
Une des solutions proposées était de concevoir un programme basé sur certains de ces principes d’apprentissage par projet, par les pairs, et d’en faire un programme particulier proposé dans les écoles. « Le succès pourrait éventuellement amener les écoles à le déployer à plus grande échelle et à influencer le ministère. »
Pour d’autres, il s’agissait de commencer par inciter les écoles à être plus ouvertes sur leur communauté immédiate : faciliter l’intégration des familles immigrantes, offrir du parrainage entre parents, accueillir des professionnels et des aînés dans l’école pour qu’ils apportent leur expertise. Le lien social était bien présent dans ce que représentait l’école pour ces jeunes.
Chose certaine, ils ne croyaient pas à un grand changement structurel qui viendrait du gouvernement. En même temps, ils réclamaient que les instances publiques consultent et écoutent davantage les jeunes lorsque des changements sont sur la planche à dessins.
« On les connait les solutions! Pourquoi ça ne change pas? », se sont exclamés au moins deux participantes en constatant que leurs idées convergeaient dans la même direction. À cela, Guy Cormier a offert un début de réponse dans son message de clôture : « Même si on voulait que les choses bougent vite, ce n’est pas possible, mais nous pouvons être des vecteurs de changement chacun à notre façon dans nos milieux. Il faut passer du rêve à l’action ».