Par défaut, les enfants aiment les sciences. Dès la jeune enfance, leur émerveillement est naturel et leur tendance à poser des questions est bien connue. Chez les adultes, un rapport amour/haine prend parfois le relais. La science est souvent perçue comme étant un monde de certitudes, inaccessible au commun des mortels. Il y a aussi la perception que la science est à l’opposé des arts, que la créativité n’y a pas sa place. Ces mythes, bien entretenus, créent une distance entre le citoyen et la science.
Par Martin Brouillard
Or, les enseignants d’aujourd’hui, comme les citoyens en général, ont tous été des enfants émerveillés et curieux. Il s’agit d’éviter que cette perception positive de la science ne se perde entre l’enfance et le monde adulte. Voici quelques idées…
L’enseignement de la science au primaire : un moyen et non une fin
On pourrait croire que les activités scientifiques en milieu scolaire ont pour but de développer chez les jeunes un engouement pour une carrière scientifique. Si cela se produit, tant mieux, mais on peut aussi voir la science comme un moyen d’entretenir et de stimuler la curiosité avec des enseignants qui aident les élèves à acquérir rigueur et méthode. En effet, faire de la science au primaire amène les élèves à questionner le monde qui les entoure, et ce, en développant chez eux un mécanisme d’autodéfense contre les pseudosciences.
La science est un excellent moyen pour y parvenir. Pas une fin en soi. De cette manière, on contribue à façonner des citoyens critiques, curieux, rigoureux et capables de résoudre des problèmes du monde contemporain. Et ce, peu importe le métier qu’ils choisiront d’exercer.
D’intenses changements technologiques s’opèrent en ce moment et développer un esprit scientifique au primaire est un puissant moyen d’être collectivement plus aptes à y faire face. L’esprit scientifique se développe notamment quand l’enseignement va au-delà de la simple transmission de savoir et amène l’élève à faire plus que suivre des recettes. Les élèves sont stimulés lorsqu’ils observent, questionnent, testent, expérimentent, résolvent des problèmes et réfléchissent!
L’enseignement des sciences au primaire doit demeurer entre les mains des titulaires
Doit-on déléguer l’enseignement des sciences à un spécialiste, comme c’est le cas pour la musique et l’éducation physique? Ce serait probablement une erreur. Si l’on veut que la science soit perçue comme étant accessible, il faut la démocratiser en la mettant dans les mains des enseignants.
Mesurer la croissance d’une plante et relier les observations aux notions du programme de mathématique, découvrir Lavoisier en lecture pour donner suite à une expérimentation de chimie et rédiger un protocole pour travailler des stratégies d’écriture sont toutes des activités qu’un titulaire est en mesure de réaliser et qui permettent à la science de s’incarner dans le quotidien, en lien avec le programme d’enseignement.
Former, outiller et accompagner les enseignants à long terme
La formation des futurs enseignants doit rétablir une perception saine et positive de la science et leur donner le goût d’en faire. Il faut ensuite assurer une formation continue de qualité sur une base régulière. Dans ma pratique, c’est ce qui me semblait avoir le plus d’impact. Comme le disait si bien une enseignante avec qui j’ai travaillé : « Un éléphant, ça se mange; une bouchée à la fois! »
De plus, les enseignants manquent de temps pour planifier des activités de science en classe. Il faut des outils qui donnent le goût. Le planificateur de sciences est un outil qui a été développé par des consultants en communication scientifique et des conseillers pédagogiques de diverses commissions scolaires à travers un projet spécial de l’UQAM. Il a été testé et est apprécié des utilisateurs.
Depuis sa création, en 2014, plus de 80 situations d’apprentissage ont été élaborées et partagées en ligne. Malgré son statut de prototype, il permet aux gens de s’inspirer et de créer.
La place des organismes de communication scientifique
Les activités de sciences offertes par des organismes externes en classes ou dans le cadre d’une sortie scolaire doivent contribuer à développer l’autonomie des enseignants et leur confiance en leurs capacités à enseigner la science. Ces organismes ne doivent pas se substituer au travail des enseignants, mais devenir un partenaire qui leur permettra d’enrichir leur pratique.
Le Bunker de la science est un complexe de jeux scientifiques qui propose des activités ludiques, éducatives et interactives. Les participants y sont accompagnés d’un animateur scientifique chevronné pour réaliser des expériences et des défis en un temps limité. Par la suite ils assistent à des démonstrations de chimie et de physique par l’animateur scientifique. Un concept unique pour susciter l’émerveillement et allumer la curiosité de vos élèves. Stéphanie de l’École branchée l’a expérimenté et vous en parle dans cet article.
La plateforme numérique PRISME est un bon exemple de partage de ressources. Il y aura éventuellement une passerelle entre le planificateur et prisme. Prisme héberge les activités mais ne permet pas d’en concevoir.
Prisme offre aussi une liste de ressources variées. Plus souvent qu’autrement, les interactions possibles entre les différentes ressources ne sont pas mises en évidence. Or, ce serait très pertinent pédagogiquement de relier certaines ressources. Par exemple, une enseignante pourrait utiliser les services de sa ou son conseiller pédagogique pour se familiariser avec les outils d’évaluation. Elle pourrait ensuite visionner une capsule vidéo des Boîtes noires produites par Zapiens sur l’électricité, puis recevoir une animation scientifique des Neurones atomiques sur les générateurs, et terminer le tout avec une visite au centre des sciences dans leur section Fabrik!
D’innombrables possibilités émergent lorsque tout le monde travaille dans la même direction.