Sur le plan des habiletés numériques, les élèves provenant de familles moins aisées financièrement affichent du retard comparativement à ceux provenant de milieux plus aisés. C’est ce que conclut une recherche récente menée par Donald Leu, de l’Université du Connecticut.
Le 23 septembre, le New York Times en faisait état. L’étude a d’abord comparé les résultats obtenus par des élèves de 7e année (1ère secondaire) à des examens de lecture. L’étude a par la suite demandé aux jeunes d’accomplir certaines tâches nécessitant l’utilisation d’Internet, par exemple se documenter sur un sujet en particulier. La capacité d’utiliser des mots-clés pertinents, l’habileté à juger de la crédibilité d’un site Web et l’aptitude à communiquer par courriel figurent parmi les tâches qui ont été évaluées. Les élèves provenaient de deux écoles différentes de l’état du Connecticut, aux États-Unis. L’une des écoles présentait un revenu familial médian annuel supérieur à 100 000 $, tandis que pour l’autre, ce revenu se situait autour de 60 000 $.
Le professeur Leu indique que les élèves provenant de l’école où le revenu familial médian était le plus élevé ont dans l’ensemble mieux performé que ceux de l’autre école, où le revenu médian des parents est plus bas. Toujours selon le chercheur, qui est le directeur du Laboratoire de recherche sur les nouvelles littératies, les probabilités que les disparités soient encore plus grandes entre d’autres milieux socioéconomiques sont importantes.
Cette étude pousse un peu plus loin les résultats de nombreuses autres recherches antérieures, qui avaient pour leur part observé que la provenance sociodémographique des jeunes avait un impact sur les habiletés en lecture et en compréhension de texte.
Interrogés dans le cadre de la publication des résultats de cette recherche, plusieurs spécialistes se sont prononcés sur les habiletés numériques des élèves. C’est le cas de James Damico, professeur à l’Université de l’Indiana. Pour lui, la population a l’impression que les élèves issus de la « génération Internet » sont familiers avec l’ensemble de l’univers Web. Selon lui, il faut différencier la capacité à clavarder, à faire circuler des photos et à envoyer des messages textes des vraies habiletés numériques scolaires.
« Il faut différencier la capacité à clavarder, à faire circuler des photos et à envoyer des messages textes des vraies habiletés numériques scolaires. »
Les résultats de cette étude, bien que reposant sur un petit échantillon, sont doublement intéressants. Ils semblent confirmer l’impression inquiétante que l’utilisation de la technologie en éducation augmente les disparités entre les milieux plus aisés et moins aisés. Ils semblent aussi indiquer que, même si bien à l’aise sur différents plans, les élèves sont peut-être moins habiles qu’on le pense dans le monde numérique.
Les résultats de la recherche intitulée « The New Literacies of Online Research and Comprehension: Rethinking the Reading Achievement Gap » sont publiés dans le dernier numéro de Reading Research Quarterly.
Note : Les lecteurs intéressés par les questions sociologiques de l’intégration des TIC dans le milieu scolaire sont invités à consulter mon article « Sociologie de l’éducation et technologies de l’information et des communications. Les TIC, facteurs de changement vers un paradigme constructiviste? » publié dans le numéro du printemps 2014 de la revue Apprendre et enseigner aujourd’hui du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec.