Envoyer une série de messages dans la twittosphère a de quoi en laisser plus d’un sceptique. Comment en faire un outil utile au développement des compétences en écriture?
Travailler sur le processus apparaît une piste prometteuse. Jean-Yves Fréchette souligne toute l’importance du rapport entre le brouillon et le texte achevé pour en comprendre les procédés. Avec l’aide financière du MELS, l’Institut de twittérature comparée travaille en ce moment à un logiciel inspiré de la populaire plateforme de microblogage, lequel permettra un dialogue serré entre un formateur et un apprenant. « Comme enseignant, est-ce qu’on ne peut pas avoir comme dans la vraie vie, une chambre des joueurs ?, se demande M. Fréchette. Une interface de travail préalable au grand soir où tous sautent sur la glace ? Ça, ça s’appelle Twittexte. »
L’intention derrière le projet Twittexte est de minimiser tous les irritants rencontrés par les enseignants qui utilisent Twitter, notamment ceux liés à la protection des renseignements personnels et au respect à la vie privée auxquels sont soumises les commissions scolaires. Ce logiciel en code source libre sera disponible pour la communauté et pourra être utilisé gratuitement, tant au primaire, qu’au secondaire, qu’au collégial.
Le logiciel pourra servir aux élèves à travailler leurs microproductions. Pour les enseignants qui le désirent, il pourra être utilisé pour donner des commentaires à chacun d’entre eux et pour garder des traces en vue d’une évaluation. Annie Côté a collaboré à la conception du logiciel Twittexte. « Après tout, ce n’est pas la place, sur Twitter, pour faire des corrections publiquement, réalise-t-elle. À travers les projets vécus dans ma classe, certains jeunes ont redécouvert ou carrément découvert le plaisir d’écrire. Je ne voulais pas gâcher leur plaisir en ajoutant une évaluation de compétence ou chiffrée. »
Par les activités qu’elle anime sur Twitter, Brigitte Léonard, quant à elle, avoue évaluer différemment et plus souvent. Parce qu’elle est en mesure de collecter des traces, elle peut mieux soutenir les élèves en difficulté. « Je connais mieux mes élèves, observe-t-elle. Ils sont plus souvent en situation d’écriture. J’envoie moins de papier à la maison, car nos travaux sont de plus en plus sur le Web. »
Les enseignants en sont à leurs premières réflexions concernant l’évaluation des textes publiés sur Twitter. David Martel, à l’école secondaire de Rochebelle a rendu disponible une grille d’évaluation des contenus publiés par les élèves. Pour Jean-Yves Fréchette, l’idée de rédiger une dissertation en 21 tweets (3 pour l’introduction, 5 par paragraphes et 3 pour la conclusion) n’est maintenant plus une boutade, mais bien une piste de travail. « On se trouve dans une dynamique d’acquisition de compétence où les savoir-faire se développent par essais et erreurs », explique-t-il en décrivant les fonctionnalités de Twittexte.