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Revenir à la normale? Vraiment?

Un retour à la normale en éducation est-il souhaitable? Notre collaborateur Marc-André Girard nous donne son point de vue à ce sujet.

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Pour relire la partie 1 : un printemps pas comme les autres et la partie 2 : arriver à Noël sur les genoux

On ne sait pas encore tout à fait ce que nous réserve 2021, mais je ne m’attends pas à ce que les choses reviennent à la normale dans les prochains mois. D’ailleurs, ce retour à la normale tant espéré, est-il souhaitable? Veut-on vraiment y revenir après ce que nous avons vécu? Il me semble que collectivement, nous en sommes venus à plusieurs constats :

  1. L’éducation est un service essentiel.
  2. Les parents reconnaissent plus que jamais la complexité de l’acte d’enseigner.
  3. Ils apprécient l’importance de l’école et reconnaissent le travail fait, notamment sur le plan de l’implantation des mesures sanitaires.
  4. Les TICE peuvent cimenter les relations sociales plutôt que les miner.
  5. La bienveillance et le développement des compétences dites « humaines » est plus important que ce qui peut figurer au programme.
  6. Etc. 

La normale en éducation nous a exposé toute notre fragilité. La pandémie a révélé (comme si nous ne le savions pas déjà!) l’état vétuste de plusieurs écoles, des questionnements sur la qualité de l’air, sur la grandeur des classes, sur la quantité des effectifs enseignants, sur le transport scolaire, etc. Voulons-nous vraiment revenir à la normale, alors que nous sommes témoins de ce qui est inacceptable? En répondant oui à cette question, nous passons de témoins à complices. Il faut refuser un éventuel retour à la normale et réinventer l’école et toutes ses facettes, allant du service de garde à l’architecture des écoles, du transport scolaire à la formation des maîtres. Tout doit être revu et des activités de consultation menant à une réforme doivent être mises en place rapidement. 

Il faut aussi regarnir nos facultés d’éducation et rendre la profession enseignante attrayante malgré tout. L’enseignement, c’est la création des possibles, c’est une façon de contribuer directement à la société et à la culture. Or, il faut absolument que l’éducation devienne LA priorité gouvernementale et que les investissements soient faits pour rénover nos écoles et en bâtir de nouvelles à la fine pointe de l’humanité. Ces écoles doivent contenir tous les outils nécessaires pour que les enseignants puissent mener de front la tâche qui leur est confiée et que les élèves puissent s’y sentir bien. Des écoles en cohérence avec les impératifs sociaux du 21e siècle et non ceux issus du Rapport Parent.

C’est une profession qui peut être ingrate par moment, comme toute profession des services publics essentiels, soit les infirmières, les médecins, les policiers, etc. Même sans pandémie, enseigner est une mission complexe, car c’est d’offrir à l’élève ce que souvent, il ne réalise pas avoir besoin.

Pour ceux qui revendiquent que le vaccin soit offert prioritairement au personnel scolaire, sachez que je suis en désaccord. Je ne me précipiterai pas pour me faire vacciner et j’attendrai patiemment mon tour. Le vaccin doit être offert d’urgence à ceux qui sont fragilisés par le virus, principalement les personnes âgées. Également à ceux qui travaillent directement auprès des personnes infectées dans les hôpitaux et centres d’hébergement et de soins de longue durée. 

Les choses seront encore instables pour quelques mois. Je travaille à accepter cette instabilité et la transformer en opportunités pour mes élèves et pour moi-même. La situation aura eu cela de bien : nos jeunes apprennent à tolérer l’ambiguïté et nous, professionnels de l’éducation, devons saisir les opportunités pour nous redéfinir professionnellement : « le monde n’est incertain que pour ceux qui ont besoin de certitudes. Pour les autres, il n’est que le monde de toujours avec les risques et les chances de ses hasards ». (Sérieyx, 2003)

À propos de l'auteur

Marc-André Girard
Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.

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