Les profs devraient-ils être amis Facebook avec leurs élèves? L’État de la Virginie estime que non et suggère de limiter les communications électroniques aux plateformes hébergées par l’école afin de prévenir les abus sexuels, rapporte Le Monde. Les enseignants et lecteurs du quotidien, eux, sont plutôt partagés sur la question. Alors que certains n’y voient pas de problèmes, d’autres craignent surtout pour leur vie privée (et celle de leurs élèves).
D’ailleurs, les jeunes eux-mêmes ne semblent pas convaincus de la pertinence de Facebook à l’école, comme en témoigne un petit sondage mené par Caroline Hêtu, enseignante de 4e secondaire.
La question de la vie privée et de la protection de la réputation est une question fondamentale dont il faut parler avec les jeunes. Une fois sur Internet, les informations voyagent rapidement et peuvent être difficiles à faire disparaître. « Ils (les adolescents) s’exposent sans gêne, publient des textes, des photos d’eux ou de leurs amis, des vidéos dans lesquelles ils se mettent en scène dans des situations souvent dévalorisantes ou pouvant porter à préjudice, sans présumer des conséquences de leurs actes. Les élèves sont persuadés qu’il leur suffit de supprimer une publication pour que l’affaire soit enterrée et qu’on n’en parle plus. Ils commettent là une grave erreur puisque non seulement toutes les publications sont conservées sur les serveurs, mais en plus, il est tout à fait possible et facile pour n’importe quel internaute d’enregistrer sur son disque dur un fichier trouvé sur Internet », font valoir deux enseignants français, Valentine Favel-Kapoian et Dora Dussurgey, dans un dossier sur l’identité numérique. Bernard Arsenault, professeur en technique policière au campus Notre-Dame-de-Foy, a d’ailleurs servi une leçon à ses étudiants en exposant en classe des photos de leur soirée dans un bar.
Attention, danger!
Les jeunes adoptent souvent des comportements non sécuritaires dans les médias sociaux, constate Éric Poirier, policier communautaire au Service de police de Longueuil. « Les jeunes mettent beaucoup trop d’informations personnelles », note-t-il. Et ces précieux renseignements, les prédateurs sexuels et les gangs de rues peuvent les utiliser pour les aborder. Elles peuvent aussi permettre un vol d’identité. « Tout ce que ça prend, c’est un nom et une date de naissance et ce sont les premières informations que Facebook demande. Et si on ne les protège pas, elles sont accessibles à tous », note-t-il.
De plus, les jeunes ne sont pas toujours conscients de l’impact de leurs propos, ce qui peut donner lieu à de la cyberintimidation, du harcèlement et de la diffamation. « Quand on intimide quelqu’un en vrai, on voit sa réaction et on se rend compte qu’on est allé trop loin. Sur Internet, on n’a pas le feedback de la victime », mentionne M. Poirier. Parfois, les adolescents vont aussi partager des photos osées sans réaliser qu’ils peuvent être accusés de possession et de distribution de matériel pornographique juvénile.