À la suite du Rendez-vous pour la réussite éducative qui s’est tenu à la fin avril, le ministre de l’Éducation du Québec, Jean-François Roberge, a dévoilé un Plan de relance pour la réussite éducative. Celui-ci vise à mettre rapidement en place des mesures pour réduire les écarts d’apprentissage, tout en jetant les bases du fonctionnement de la prochaine année scolaire.
Le Plan de relance pour la réussite éducative sera mis en application dès l’été 2021. Selon le ministre, il a été construit autour de trois principes directeurs: la prévisibilité (pour aider les milieux à se préparer dès maintenant pour la suite), la flexibilité (pour donner aux milieux la latitude nécessaire pour répondre à leurs besoins) et l’égalité des chances (pour favoriser la réussite du plus grand nombre).
En conférence de presse, le ministre Roberge a reconnu que l’année scolaire en cours avait été une véritable course à obstacles. Il a également mentionné que des écarts s’étaient creusés entre les élèves, notamment selon leurs lieux de résidence. « Dans certaines régions, il n’y a presque pas eu d’enseignement à distance, mis à part la période au retour du congé des fêtes. L’enseignement s’est poursuivi normalement. Dans d’autres régions, l’enseignement à distance a fait partie de la réalité pour une grande partie de l’année. Il suffit de penser aux jeunes de la région de Québec qui sont en apprentissage à la maison depuis plus d’un mois. C’est certain que ce n’est pas égal pour tous les élèves. »
Vers un retour à la normale?
Avec son Plan, il a dit vouloir donner aux écoles des outils pour leur permettre d’envisager un retour progressif à la normale. Sans vouloir la qualifier ainsi, l’année 2021-2022 pourrait pratiquement être considérée comme une année transitoire.
Ainsi, le ministre a confirmé que la prochaine année, tout comme l’année en cours, sera divisée en deux étapes. Cependant, la pondération suivante sera en vigueur pour l’an prochain : 40 % pour la première étape (de août 2021 à janvier 2022) et 60 % pour la deuxième (de février 2022 à juin 2022). Des communications aux parents devront être faites à la moitié de chaque étape pour les tenir informés de la progression de leur enfant.
De plus, les examens ministériels obligatoires, qui ont été annulés pour 2021, seront de retour en juin 2022 avec une pondération ajustée à 10 % au lieu de 20 % et une pondération de 20 % au lieu de 50 % pour les épreuves uniques de 4e et 5e secondaire.
10 priorités
Plus précisément, le Plan de relance pour la réussite éducative s’articule autour de trois axes et contient dix objectifs dotés d’une enveloppe budgétaire de 110 millions de dollars.
Réussite et réduction des écarts
Afin de favoriser la réussite éducative et de réduire les écarts d’apprentissage, le ministère entend poursuivre les mesures d’entraide éducative et d’accompagnement pédagogique, offrir du soutien et de l’accompagnement durant la période estivale et renforcer le lien école-famille dans certains milieux.
Ainsi, le tutorat déjà amorcé se poursuivra, avec des sommes spécifiques pour les élèves inscrits dans les centres d’éducation des adultes et de formation professionnelle, ainsi que les élèves autochtones. Des activités estivales pédagogiques seront mises en place afin d’atténuer « la glissade de l’été », avec des montants spécifiques pour les élèves immigrants et allophones. L’embauche d’agents de soutien consacrés au renforcement du lien entre l’école et la famille est aussi prévue dans les milieux défavorisés.
Le ministre déploie également une mesure spécifique pour « maximiser la compétence numérique des élèves, du personnel et des parents ». Cette mesure, estimée à 15M$, prévoit un éventail d’actions pour maintenir et favoriser le développement du numérique à la formation générale des jeunes, à la formation générale des adultes et à la formation professionnelle :
• formation et accompagnement pour le personnel scolaire ;
• outils et activités pour le développement de la compétence numérique ;
• plateforme nationale de ressources éducatives numériques ;
• acquisition de ressources éducatives numériques ;
• accompagnement pour les parents ;
• solutions audiovisuelles et projets pilotes pour favoriser les modes alternatifs d’enseignement.
Bien-être et santé mentale
Afin de favoriser le bien-être et la santé mentale des élèves et du personnel, les écoles recevront des sommes qui devront être dédiées au développement d’activités ou de projets de prévention.
De plus, comme les récentes consultations ont clairement fait ressortir l’importance de maintenir les activités parascolaires pour les élèves, d’encourager l’activité physique régulière et les apprentissages à l’extérieur, des investissements sont prévus en ce sens. D’ailleurs, afin d’augmenter les occasions de sortir, de bouger et de profiter du plein air, des sorties éducatives en classe nature et en classe découverte pour chaque élève du primaire seront notamment prévues. La mise en place d’une chaire de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage à l’extérieur en contexte scolaire a aussi été annoncée.
Organisation scolaire et encadrements pédagogiques
En ce qui concerne l’organisation scolaire, outre les éléments mentionnés ci-haut sur les étapes et leur pondération, le ministre publiera, encore une fois l’année prochaine, des documents présentant les savoirs à prioriser au primaire et au secondaire; « les savoirs essentiels ». Des mesures pour faciliter la transition des élèves entre les niveaux d’enseignement (primaire-secondaire, secondaire-collégial, etc.) sont aussi inscrites dans le Plan.
Finalement, le ministre a annoncé la mise en place d’un projet-pilote visant à créer des postes d’aides-enseignants au primaire. Ceux-ci auront comme rôle de soutenir les enseignants dans l’exécution de leur tâche d’enseignement ou d’autres tâches non pédagogiques (aide à un élève, soins personnels, gestion du comportement sous la supervision de l’enseignante ou de l’enseignant, etc.). Le projet-pilote sera détaillé dans une autre stratégie à paraître à l’automne 2021. Cette recommandation avait été faite par certains groupes lors du Rendez-vous pour la réussite éducative.
Autonomie professionnelle
À ceux qui auraient voulu plus de précision concernant des pratiques d’enseignement et d’évaluation à adopter dans le contexte actuel, le ministre Roberge a rappelé, au cours de la période de questions suivant son point de presse, qu’il reconnaît l’autonomie professionnelle des enseignants et qu’il faisait entièrement confiance leur jugement professionnel en ce qui concerne les pratiques et l’évaluation des élèves.
En complément:
- Retour sur le Rendez-vous pour la réussite éducative : L’École branchée avait récemment présenté quelques éléments des mémoires rendus publics par certains groupes participants au Rendez-vous pour la réussite éducative.