« On pense que les jeunes sont habitués aux technologies et on leur donne beaucoup de crédit en ce sens. Oui, ils sont surtout capables d’utiliser certaines applications. Pour le reste, ils ont besoin d’accompagnement. Ils ont aussi besoin qu’on leur montre que la techno, ce n’est pas juste des passe-temps, cela peut aussi devenir une carrière », affirme Jonathan Le Prof, enseignant d’univers social au Centre de services scolaire de Rouyn-Noranda, très actif sur les médias sociaux.
Jonathan était porte-parole de la première édition du Mois numérique jeunesse, qui s’est terminée le 6 mars. À l’occasion d’un midi d’activités en ligne, qui a notamment réuni les membres de la Table de concertation en littératie numérique du Québec, il a discuté avec ceux-ci.
Lorsqu’on pense aux compétences numériques des jeunes, on pense rapidement à repérer les fausses nouvelles en ligne ou à choisir ce qu’on publie ou non, mais c’est aussi comment rédiger et envoyer un courriel, comment utiliser un chiffrier électronique, classer des documents numériques, etc. Bref, tout un éventail de compétences très différentes les unes des autres.
Jonathan a reconnu que les enseignants eux-mêmes ont parfois besoin d’acquérir certaines connaissances afin de pouvoir ensuite les transmettre à leurs élèves. « Comment être éthique dans son utilisation du Web, comment développer de bonnes pratiques… Avec ce bagage en main, il est possible d’être plus conscient de l’importance des enjeux numériques et d’en discuter avec les élèves. »
Des activités et ressources en littératie numérique
La rencontre des membres de la Table de concertation en littératie numérique du Québec, qui est coordonnée par l’organisme Printemps numérique, a également permis de partager différentes ressources accessibles pour les jeunes et les enseignants.
- Grâce au soutien de CIRA (Canadian Internet Registration Authority), TechnoCulture Club a débuté le développement du projet C’est juste en ligne, en partenariat avec les Bibliothèques de Laval. Ce projet vise à offrir aux adolescent(e)s (12 à 18 ans) l’accès à des outils, des ressources et un soutien qui leur permettront de devenir des citoyen(ne)s numériques autonomes en les aidant à comprendre la cyberviolence et à demeurer en sécurité en ligne.
- Télé-Québec en classe présente de nombreuses activités, destinées aux enseignants, en lien avec la citoyenneté à l’ère du numérique.
Le Service national du RÉCIT, domaine du développement de la personne, a une équipe dédiée au développement d’activités avec les enjeux du numérique également. Le site Web CitNum.ca recense les ressources, dont la plus récente Commen[taire] la haine.
- Le Carrefour jeunesse-emploi Vaudreuil-Soulanges propose les ateliers Cultive ton Web, qui permettent à des jeunes de créer le site Web d’entreprises d’économie sociale de leur région.
Le fardeau de protéger sa vie privée
Par ailleurs, juste avant la rencontre de la Table de concertation, un événement Facebook Live avait été organisé dans le cadre du Mois numérique jeunesse, avec la spécialiste en médias numériques Nellie Brière.
Elle a parlé de transparence (ou plutôt du manque de transparence) dans plusieurs plateformes numériques. Lisez-vous vraiment les conditions d’utilisation? Connaissez-vous l’usage qui sera fait de vos données? Quelle est la motivation d’une plateforme quand elle collecte telle ou telle autre de vos données?
« Pour comprendre ces enjeux, cela demande un niveau minimal de littératie numérique. Cela demande aussi d’être perspicace et de se préoccuper de sa vie privée », dit-elle. « Les plateformes numériques se sont construites en remettant aux utilisateurs le fardeau individuel de protéger leur vie privée, mais encore faut-il en être conscient et savoir comment faire. »
« Par ailleurs, voulons-nous vraiment laisser le soin aux entreprises de nous expliquer? Ne sommes-nous pas mieux de nous former pour comprendre? » Selon elle, chaque citoyen a aujourd’hui le devoir de chercher à mieux comprendre le fonctionnement des plateformes numériques et de s’informer pour mieux contrôler ses données personnelles.
Elle a donné deux exemples de transparence :
- La Bibliothèque des publicités de Facebook, qui permet de voir qui achète de la publicité sur la plateforme, notamment les partis politiques.
- Le Conseil de surveillance de Facebook, récemment constitué, qui peut émettre son avis et trancher sur des questions liées à la modération des contenus.
Les ressources du Mois numérique jeunesse demeureront accessibles tout au long de l’année sur le site Web.
L’École branchée est membre de la Table de concertation en littératie numérique du Québec et du comité de programmation du Mois numérique jeunesse.
En complément :
- Une entrevue de Jonathan Le Prof à l’émission matinale Salut Bonjour!, au sujet de l’importance de sensibiliser les jeunes aux possibilités du numérique.