Initier des enseignants du Nunavik à la programmation informatique

Collaboration spéciale : Martin Baril, conseiller pédagogique du CSS de la Capitale, Sonya Fiset, conseillère pédagogique au RÉCIT MST, Marie-Frédérick St-Cyr, doctorante à l’UQAM, Fabienne Venant, professeure à l’UQAM, Michèle Couderette, professeure invitée IRL CRM-CNRS; UPEC-LDAR

Dans le cadre d’un projet de recherche financé par le programme Action concertée du Fonds de recherche du Québec–Société et culture, réalisé en partenariat avec le Service national du RÉCIT, domaine MST et le Centre de services scolaire de la Capitale, une équipe a développé des activités pédagogiques pour favoriser l’intégration de la programmation informatique dans l’enseignement des sciences et des mathématiques. 

C’est ainsi qu’un groupe composé de trois chercheurs et deux conseillers pédagogiques a débarqué à Tasiujaq, petit village nordique au bord de la baie d’Ungava. L’intention était de sensibiliser les enseignants au potentiel pédagogique de la programmation informatique. L’équipe voulait également établir un contact pour une collaboration ultérieure. L’initiative a été appuyée par le service des partenariats et du soutien de l’innovation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), sous la direction de Fabienne Venant, professeure à l’UQAM.

Dans une joyeuse ambiance, ils ont accompagné les élèves dès la 6e année et les enseignants dans leur découverte de la programmation dans Scratch, avec le robot VEX IQ et le drone Tello. Jeunes et adultes ont relevé avec enthousiasme les défis qui leur ont été proposés.

L’un des enseignants participant au projet, Said Khirani, a invité l’équipe à venir mettre en œuvre ses activités dans son établissement, l’école Ajagutak de la Commission scolaire Kativik, au Nunavik. L’idée était d’initier la création de matériel didactique adapté aux enjeux culturels et linguistiques du Nunavik, territoire québécois situé au-delà du 55ᵉ parallèle nord. Cela ne peut se faire qu’au contact du lieu où se pratiquent les actions d’enseigner et d’apprendre.

Le séjour s’est achevé sur une conférence ouverte à toutes les communautés du Grand Nord pendant laquelle ils ont entendu, à distance, Dominic Baril, étudiant et chercheur au Norlab de l’Université Laval. Après avoir présenté la définition et le fonctionnement d’un robot, il a ensuite donné quelques exemples de la façon dont la robotique peut être un outil utile dans la vie quotidienne au Nunavik. Suite à la conférence, quelques projets réalisés par les enfants ont été présentés et c’est avec une grande fierté que deux d’entre eux ont démontré leurs compétences informatiques nouvellement acquises avec les drones de l’école.

À travers les échanges avec les élèves et les enseignants, l’équipe a pu constater un grand intérêt pour les activités proposées. L’enjeu, désormais, est de mettre à profit ce premier pas d’initiation pour aller plus loin et s’inscrire dans une démarche d’intégration pédagogique de la programmation informatique. Le manque de stabilité du personnel enseignant ainsi que le peu de formation offerte constituent un défi. Dans ces circonstances, il est difficile de former des personnes-ressources pour assurer la pérennité de la démarche. 

Après cette initiation, la stratégie a donc consisté, pour les deux derniers jours du séjour, à travailler conjointement avec les enseignants les mieux ancrés dans l’école, ceux qui envisagent au minimum un séjour à moyen terme dans le village, ainsi qu’avec les élèves les plus motivés pour qu’ils deviennent des élèves experts. Ce sont les conditions gagnantes qui ont été trouvées pour favoriser l’intégration de la pensée informatique à l’école. L’étape suivante sera d’impliquer davantage d’adultes de la communauté dans la démarche, peu importe leur rôle à l’école.

Le groupe est revenu enchanté de son séjour à Tasiujaq. Bien sûr, il lui reste encore beaucoup d’efforts à faire pour voir germer les graines qui ont été semées. Il met tout son espoir dans les rencontres humaines qu’il a eu la chance de réaliser. Les membres ont particulièrement été touchés de voir les jeunes filles s’investir avec enthousiasme et persévérance dans la programmation informatique.