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Expédition pédagogique Québec – Finlande : des réponses à vos questions (1re partie)

Vous avez été plusieurs à nous envoyer des questions à poser aux professionnels de l'éducation finlandaise. Voici une partie des réponses que vous attendiez !

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Attention! Ce contenu a été mis à jour il y a plus de 3 ans. Il pourrait contenir des liens qui ne fonctionnent plus. N'hésitez pas à nous écrire si vous en trouvez!

Notre collaborateur Marc-André Girard effectue une expédition pédagogique en Finlande et la documente ici!

(co-écrit avec Marie-Andrée Croteau)

Plusieurs lecteurs nous ont posé un bon nombre de questions à poser à des professionnels de l’éducation finlandaise. Voici celles auxquelles nous avons reçu des réponses jusqu’à maintenant. Nous en sommes à la moitié de notre expédition et nous avons bon espoir que les autres réponses que vous attendez viendront plus tard, cette semaine.

Allons-y sans ordre précis :

L’école ferme-t-elle pour des tempêtes l’hiver?
À notre grande surprise, la réponse est non! L’école est toujours ouverte, peu importe le type de météo : neige, verglas, froid. On nous a dit que la fermeture des écoles pendant la pandémie était la première fois depuis très longtemps que l’école devait fermer.

Une exception : sur la côte sud-ouest de la Finlande, au large d’Helsinki jusqu’au large de Turku, il y a un peu plus de 450 îles qui sont habitées de façon permanente. Vu que les élèves doivent voyager en bateau pour se rendre à l’école, les conditions maritimes peuvent occasionnellement empêcher ces derniers d’aller à l’école. Leur scolarisation est donc tributaire des conditions de navigation et de la sécurité maritime.

Les élèves jouent-ils dehors même s’il fait très froid?
Lorsque nous étions dans l’Est finlandais, nous avons pu voir les élèves jouer dehors par -20°C excluant le refroidissement éolien. Les écoles ont toute l’autonomie nécessaire pour fixer le seuil auquel l’élève ne sort pas à cause de la température. Paraît-il que les écoles du sud ont habituellement une tolérance moindre au froid que les écoles du nord en Laponie!

Y a-t-il un réseau d’autobus scolaires?
Il n’existe pas de réseau d’autobus jaunes comme celui que nous connaissons au Québec. Du moins, pas dans les régions urbaines. À moins de 3 km de l’école, l’élève de la maternelle à la 2e année marche ou est reconduit à l’école par ses parents. La distance monte à 5 km pour les élèves de 3e année à 12e année. Toutefois, les élèves vivant plus loin de ces distances en milieu rural peuvent obtenir des billets d’autobus pour embarquer dans un autobus « régional », organisé par les instances municipales. Ces billets sont gratuits.

Pour des élèves handicapés ou blessés pour une durée déterminée, le réseau de taxi est accessible et payé par l’école.

L’école est-elle gratuite en Finlande?
Oui, complètement gratuite. Comme indiqué au préalable, le transport vers l’école est gratuit lorsqu’il est requis. Aussi, la loi a changé depuis un an. Dorénavant, les appareils numériques requis par l’école, ainsi que les livres et manuels sont aussi gratuits, ce qui n’était pas le cas avant.

Il y a une exception : les écoles qui ont un projet pédagogique particulier peuvent demander aux parents d’acheter le matériel nécessaire en lien avec ce projet : instrument de musique, tenue sportive, etc.

Y a-t-il des écoles privées en Finlande?

Contrairement à la croyance répandue, il y aurait environ 70 écoles privées finlandaises réparties surtout au sud du pays, et ce, sur un total de plus de 3200 écoles totales. Plusieurs sont de nature religieuses ou culturelles. Certaines de ces écoles sont financées par l’État.

Y a-t-il des centres de service scolaires ou des commissions scolaires ?
Non. Les écoles sont sous la responsabilité de la ville ou de l’organisme régional. Essentiellement, ce sont eux qui ont la responsabilité de l’école qui jouit d’une grande autonomie dans une perspective de décentralisation des pouvoirs.

Est-ce vrai que les élèves ne portent pas de souliers à l’école?
Il n’y a pas de règle nationale en ce sens, mais c’est effectivement un élément culturel. Plusieurs portent des sandales, pantoufles et aussi des « Crocs ». Certaines écoles imposent toutefois cette règle; elles sont dotées d’un vestibule en entrant et les élèves y laissent leurs bottes ou souliers avant d’entrer dans l’école.

Il en va de même pour le personnel scolaire. Il n’y donc pas rare de les voir bien habillés, mais avec des pantoufles!

Avec nos yeux de nord-américains, nous avons posé la question qui tue : que font-ils s’il y a une alarme de feu et qu’il fait -10°C ? On nous a répondu : “eh bien… ils sortent”!

Le dîner est-il inclus à l’école?
Oui, les écoles finlandaises offrent le dîner gratuitement aux élèves. C’est un repas de style buffet avec deux choix de repas chaud, de la salade et du pain. Toutefois, ce n’est pas gratuit pour les membres du personnel à moins que ceux-ci doivent manger avec les élèves pour une raison professionnelle : activité pédagogique, surveillance, etc.

L’école finlandaise est obligatoire à quel âge?
L’école est obligatoire dès 7 ans pour une admission en 1re année. Toutefois, la maternelle finlandaise est obligatoire, et ce, contrairement au Québec. Depuis un an, l’âge de la fréquentation scolaire est passé de 17 à 18 ans. Plus d’information dans cet article paru plus tôt dans l’Expédition.

Un élève peut-il reprendre son année scolaire?

C’est effectivement possible, quoique rare. Comme au Québec, c’est une situation de dernier recours et ce qui a de mieux pour l’élève est envisagé.

Y a-t-il un phénomène de décrochage scolaire en Finlande?

Oui et il varie selon les parcours des élèves. Voir cet article paru plus tôt dans l’Expédition.

Les enseignants doivent-ils détenir une maîtrise en éducation?
Oui, voir l’article précédent ici. Ils détiennent tous un profil de recherche qui s’ajoute à celui de praticien.

Le programme de formation initiale est-il contingenté?
Oui. Environ 10% des candidats sont admis en enseignement. Les études universitaires sont gratuites. Oui, voir l’article précédent ici.

Noter qu’il existe aussi deux phénomènes semblables à ceux observés au Québec : il y a des enseignants qui décrochent de la profession et il existe aussi une pénurie d’enseignants dans certaines régions finlandaises. Toutefois, les bancs d’école de la faculté d’éducation sont bien occupés, ce qui fait que, pour le moment, cette pénurie ne pose pas de problème à long terme.

Combien sont payés les enseignants?
En moyenne, un enseignant finlandais gagne environ 3600€ par mois jusqu’à un maximum d’environ 5700€.

Une direction d’école peut gagner jusqu’à près de 8000€par mois. À noter que le salaire des directions est négocié à toutes les deux années avec la direction de la municipalité et des bonus existent en fonction du rayonnement de l’école et l’implication de la direction dans diverses tâches extrascolaires en lien avec l’amélioration des conditions d’apprentissage des élèves et d’enseignement des enseignants.

Les enseignants sont-ils deux par classe?

Parfois, oui. Il existe des aide-enseignants, des orthopédagogues et l’équivalent des techniciens en éducation spécialisée qui peuvent venir s’ajouter en fonction des besoins des élèves. Le milieu socio-économique de l’école est pris en compte et ces aides sont attribuées soit au groupe ou à quelques groupes regroupés. Il est très rare qu’une telle ressource soit attribuée à un seul élève !

Quel est le nombre d’élèves en classe?

Il n’y a pas de limite d’élèves en classe ou de ratio, sauf en maternelle. Toutefois, il y a un élément de la loi finlandaise dictant que les élèves doivent être bien à l’école et en sécurité. Nous pouvons donc en conclure qu’il est peu probable de placer 40 ou 50 élèves par classe ! Le nombre d’élèves dans une classe dépend de la municipalité, de la superficie des locaux, de l’âge des élèves et du nombre d’enseignants disponible. Une seule exception : il y a un maximum de 20 élèves en classe spécialisée, parfois moins, selon les profils des élèves. Selon nos observations, nous pouvons rapporter :

Maternelle : 10 élèves par enseignants. Vu que les classes dépassent fréquemment ce nombre, il y a deux enseignantes dans le groupe;

1re à 6e année : entre 22 et 24 élèves par groupe avec un enseignant;

7e à 12e année : cela dépend des cours (obligatoires ou optionnels) et les nombres d’élèves peuvent grandement varier, par exemple de 5 ou 6 élèves à plus d’une trentaine!

Les enseignants sont-ils syndiqués?

Oui, ils le sont et leur rôle s’apparente à ceux du Québec qui oeuvrent en éducation. Toutefois, ils offrent des assurances supplémentaires aux enseignants, comme une assurance pour les voyages personnels. Les directions d’écoles sont aussi syndiquées.

D’autres réponses à vos questions suivront sous peu. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec nous grâce aux liens plus bas.

Pour suivre l’expédition :

Page Facebook : http://t.ly/kkgE
Twitter : https://twitter.com/magirard
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCxHRXb4TqoPP_lyO0GNEh7g
TikTok : https://vm.tiktok.com/ZM8pPbFAk/

Il vous est aussi possible de contribuer au financement de l’Expédition (jusqu’au 22 décembre) : https://gofund.me/4cafa552

(NDLR : L’École branchée est heureuse d’être partenaire média de cette expédition! Notez que nous ne sommes toutefois pas associés à la campagne de financement.)

À propos de l'auteur

Marc-André Girard
Marc-André Girard
Marc-André Girard est détenteur d’un baccalauréat en enseignement des sciences humaines (1999), d’une maitrise en didactique de l’histoire (2003), d’une maitrise en gestion de l’éducation (2013) et d’un doctorat en éducation (2022). Il s’est spécialisé en gestion du changement en milieu scolaire ainsi qu’en leadership pédagogique. Il s’intéresse également aux compétences du 21e siècle à développer en éducation. Il occupe un poste de direction dans une école publique et donne des conférences sur le leadership en éducation, les approches pédagonumériques, le changement en milieu scolaire ainsi que sur la professionnalisation de l’enseignement. Il a participé à des expéditions pédagogiques en France, en Finlande, en Suède, au Danemark et au Maroc. En septembre 2014, il a publié le livre « Le changement en milieu scolaire québécois » aux Éditions Reynald Goulet et, en 2019, il a publié une trilogie portant sur l'école du 21e siècle chez le même éditeur. Il collabore fréquemment à L’École branchée sur les questions relatives à l’éducation. Il est très impliqué dans tout ce qui entoure le développement professionnel des enseignants et des directions d'école ainsi que l’intégration des TIC à l’éducation. En mars 2016, il a reçu un prix CHAPO de l’AQUOPS pour l’ensemble de son implication. Il est récipiendaire de la bourse Régent-Fortin 2022 octroyée par l’ADERAE pour la contribution importante de ses études doctorales au développement de la pratique et des savoirs en administration de l’éducation.

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