L’un des principaux enjeux en lien avec l’enseignement à distance demeure l’évaluation des apprentissages. Bien avant le début de la pandémie de la COVID-19, des chercheurs québécois avaient entrepris de se pencher sur la question, principalement dans un contexte de justice, d’égalité et d’équité pour l’ensemble des élèves.
« Si notre projet de recherche était prévu avant la pandémie, force est d’admettre que celle-ci agit comme amplificateur des aspects que nous souhaitions valider. Nous ne pouvons pas ignorer la situation actuelle », fait remarquer Thérèse Laferrière, professeure associée à la recherche-action.
Ce projet subventionné par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) est baptisé ÉCRAN (Évaluation Collaborative Réussie des Apprentissages par le Numérique). Neuf autres chercheurs de six universités québécoises y prennent part.
Le projet ÉCRAN se déroulera sur trois années, avec des écoles participantes au Saguenay et à Québec pour la première année. Au cours de la deuxième année, des écoles de Montréal et de Sherbrooke s’ajouteront. Finalement, une école de l’Outaouais se joindra au groupe.
Le projet, qui est encore en démarrage, se réalisera selon les principes du « Design Based Research », ce qui signifie qu’il s’alimentera des données au fur et à mesure qu’elles sont collectées et analysées. Mme Laferrière prévoit déjà que le projet se modulera énormément en cours de réalisation. Il ne s’agit pas seulement de prendre un portrait au début et un autre à la fin, puis de les comparer.
« On ne peut pas reproduire les examens actuels sur les plateformes web. Il faut trouver des façons d’évaluer qui tiennent compte des possibilités du numérique. Bien que ceci était abondamment discuté auparavant, la pandémie force tout le monde à se mettre en action et à chercher de véritables alternatives », ajoute Mélanie Tremblay, également chercheure associée au projet ÉCRAN.
Et ce n’est pas faute de possibilités. Certains logiciels permettent déjà d’évaluer l’expression du processus de résolution de problème, une compétence trop souvent laissée de côté en mathématique, selon Mme Tremblay. Desmos et Virtual Math Teams (dont la version française est pilotée par l’équipe TACT de l’Université Laval) sont deux de ceux-là. Ils permettent d’enregistrer des traces plus nombreuses des stratégies de résolution de problème que les élèves utilisent (seul ou en groupe), leur raisonnement, leur argumentation, plutôt que de simplement colliger une démarche écrite. Les équipes de développement des deux logiciels sont d’ailleurs engagées dans la recherche afin d’apporter des correctifs au besoin.
Puisque le projet ÉCRAN ne fait que débuter, il est trop tôt pour tirer des conclusions. Mais les chercheures sont d’avis qu’il n’y aura pas de réponse unique. Elles sont déterminées à trouver de nouvelles façons d’évaluer qui tirent profit des possibilités du numérique afin de garantir la justice, l’égalité et l’équité pour l’ensemble des élèves.