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Et si les élèves trichaient tout simplement parce qu’ils manquent de motivation?

Des chercheurs ont étudié la corrélation entre la motivation des élèves, ce qui les pousse à réussir, et leur propension à tricher. Leur constat est clair : la motivation est bien plus efficace contre la tricherie que tout autre moyen de surveillance.

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Par Carlton J. Fong, Texas State University et Megan Krou, Teachers College, Columbia University

Depuis que les collèges et universités ont été forcés d’adopter l’enseignement à distance en raison de la Covid-19, enseignants et étudiants s’inquiètent de la recrudescence de la tricherie et du plagiat en milieu scolaire.

Des ressources technologiques considérables ont été mises en place afin de surveiller les étudiants en ligne dans le but de détecter les tricheurs. Cette surveillance a toutefois augmenté les sentiments d’anxiété et de détresse chez les étudiants. Par exemple, certains d’entre eux rapportent qu’ils doivent rester « vissés » sur leur chaise sous peine d’être qualifiés de tricheurs.

Si la surveillance électronique peut partiellement réduire le risque de tricherie, on sous-estime un autre facteur qui explique ce phénomène : la démotivation.

Notre équipe de chercheurs en psychologie éducative et en études supérieures a étudié la corrélation entre la motivation des élèves, ce qui les pousse à réussir, et leur propension à tricher.

À cet effet, nous avons analysé 79 études sur le sujet et publié nos résultats dans le Journal of Educational Psychology Review. Nous avons établi qu’une variété de facteurs entrent en jeu, allant du désir d’obtenir de bonnes notes à la confiance en leurs compétences scolaires. En tenant compte de ces facteurs, voici un certain nombre de façons par lesquelles étudiants et enseignants peuvent augmenter le niveau de motivation afin de combattre la tricherie, qu’elle se produise en classe ou en ligne.

En voici cinq :

1. Ne pas mettre l’accent sur les notes

Bien sûr, c’est gratifiant d’obtenir de très bonnes notes. Mais plus les élèves se concentrent sur cet objectif, plus ils seront susceptibles de tricher. Si la note devient le seul but, la tricherie devient le moyen de l’obtenir.

Le désir d’apprendre diminue lorsque l’enseignant met trop l’accent sur le résultat aux examens, l’augmentation des moyennes, et les classements des étudiants. Les notes sont nécessaires, mais ce qui compte, c’est l’acquisition de connaissances et l’apprentissage du contenu des cours.

2. Se concentrer sur la compétence et la maîtrise des sujets

Le fait de vouloir accroître son savoir et améliorer ses compétences dans un domaine étudié est associé à une diminution de la tricherie. Plus l’étudiant vise à s’améliorer, moins il est susceptible de tricher. Les enseignants devraient donc mettre l’accent sur la maîtrise du savoir acquis, en donnant par exemple la possibilité de refaire un devoir ou un examen. Ce qui renforce l’objectif d’épanouissement et le désir d’amélioration.

3. Combattre l’ennui par la pertinence de l’enseignement

Certains groupes d’étudiants, toutefois, manquent carrément de motivation. Rien, que ce soit dans leur entourage ni en eux-mêmes, ne les pousse à étudier. Pour ceux-ci, tricher est une solution acceptable plutôt que de faire l’effort d’étudier. Mais ces derniers sont moins susceptibles de tricher lorsqu’ils trouvent le contenu de leurs cours pertinent.

Quand ils peuvent établir un rapport entre le cursus scolaire et d’autres champs d’études ou le métier qu’ils désirent exercer, cela peut raviver leur intérêt pour la matière enseignée. C’est aux enseignants que revient le travail d’établir un lien de pertinence entre la matière enseignée et ce qui allument les étudiants.

4. Encourager la responsabilisation

Lorsqu’un étudiant en arrache, il a parfois tendance à attribuer ses problèmes à des circonstances externes, telles qu’une exigence déraisonnable de la part de son professeur. Nous avons établi que lorsqu’un étudiant se sent lui-même responsable de son apprentissage, il a moins tendance à tricher.

Il faut donc sensibiliser les étudiants à la nécessité d’être partie prenante dans leur apprentissage, et à y consacrer les efforts nécessaires. Les responsabiliser peut contribuer à réduire les infractions académiques. Leur offrir des choix peut aussi encourager les étudiants à prendre en charge leur éducation plutôt que de la subir.

Une jeune étudiante assise à son bureau est heureuse après avoir reçu de bonnes nouvelles
Enseigner la confiance en soi est une bonne façon de diminuer la tricherie.
fizkes/iStock via Getty Images Plus

5. Aider l’étudiant à développer son assurance

Nous avons établi que lorsque l’étudiant croit en la possibilité de réussir son cours, la tendance à la tricherie diminue. Quand l’étudiant ne croit pas en lui, l’approche pédagogique dite « d’échafaudage » vient à la rescousse. Cela consiste à adapter les travaux aux capacités de l’étudiant, puis d’en augmenter progressivement le niveau de difficulté. Cette approche améliore petit à petit l’assurance nécessaire pour permettre à l’étudiant de faire face à de nouveaux défis. Et au fur et à mesure de ce processus, l’étudiant voudra consacrer plus d’efforts à son cours.

Une solution à bas coût

En suivant ces conseils, nous croyons que le risque de tricherie pourrait être moins préoccupant, que ce soit durant ou après la pandémie. Se concentrer sur la motivation des étudiants est une façon moins controversée et plus économique de contrôler le penchant à la tricherie chez certains.

Cela sera-t-il suffisant pour éliminer le problème ? Non. Mais cela vaut la peine d’adopter ces stratégies – parmi d’autres – pour lutter contre la malhonnêteté en milieu académique.La Conversation

Par Carlton J. Fong, Assistant Professor of Education, Texas State University et Megan Krou, Research Analyst, Teachers College, Columbia University

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.

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