Les élèves de la réforme obtiennent de moins bons résultats aux tests nationaux et internationaux en sciences et technologie, mais sont toutefois plus compétents, selon Patrice Potvin, professeur-chercheur en didactique des sciences de l’UQAM.
« Les tests nationaux et internationaux sont le résultat d’un consensus entre les états et les provinces qui les font passer. Les systèmes éducatifs qui sont les plus délinquants ou les plus innovants vont nécessairement identifier des cibles qui s’éloignent des performances optimales à ces tests-là. La baisse des résultats des élèves du Québec n’est donc pas étonnante. En fait, je m’attendais à ce qu’elle soit plus drastique », note M. Potvin.
De par son « originalité », la réforme forme des jeunes différents. « Notre étude montre que les élèves du Québec ne se sont pas améliorés, ils n’ont pas régressé, ils ont changé, constate-t-il. Ils sont un peu moins bons pour répondre à des questions, mais ils peuvent mieux résoudre certains problèmes de sciences et technologie. »
Ce constat vient de la comparaison des résultats de finissants de 2009 (avant la réforme) et 2011 (première cohorte de la réforme) au « jeu de cuisine ». Dans le cadre de ce jeu informatique, les jeunes devaient composer la « soupe idéale afin de satisfaire le palais sensible du goûteur ». Les jeunes devaient donc expérimenter différentes quantités d’ingrédients puis analyser les résultats et reprendre l’expérience dans le but d’obtenir la meilleure soupe (virtuelle!) possible. « Nous avons décidé de ne pas associer la tâche à une discipline en particulier parce qu’avec la réforme, les enseignants ont une marge de manœuvre quant au temps qu’ils allouent aux différentes disciplines. L’idée, c’est de développer des compétences et les connaissances viennent appuyer ces compétences-là. Choisir une discipline aurait pu entraîner des iniquités d’un milieu à l’autre » explique le chercheur.
À suivre…
En 2009, 468 élèves volontaires de trois écoles secondaires publiques et une privée ont accepté de se soumettre au test. En 2011, 382 jeunes des mêmes écoles l’ont fait. Les quatre établissements étaient plutôt standards. La différence de compétences des deux groupes au terme du test est significative. M. Potvin aimerait reprendre le test en 2013 afin de déterminer si l’appropriation plus grande de la réforme par les enseignants engendrera une compétence encore plus importante des élèves. Toutefois, il s’inquiète d’une certaine confusion qui règne actuellement. « Les élèves testés en 2011 ont été formés par des enseignants qui croyaient que les tests de fin d’année du ministère de l’Éducation seraient des tests de compétences. Mais on constate que les examens ne sont pas vraiment conformes au programme, ce sont des questions qui ressemblent beaucoup à des tests internationaux, mentionne M. Potvin. J’ai donc l’impression que les enseignants pourraient renoncer à faire des efforts dans le sens du développement des compétences. Je ne suis donc pas certain qu’on va continuer de voir une augmentation. »
Plus d’intérêt
Par ailleurs, les jeunes de 2009 et 2011 ont aussi été invités, au terme de l’expérience, à remplir un questionnaire. Il en est ressorti que les jeunes de la réforme avaient une attitude plus favorable aux sciences et à la technologie, un intérêt plus grand pour les carrières dans ces domaines et une meilleure perception quant à l’utilité de l’école pour comprendre « la vraie vie ».
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