Marc-André Girard est directeur de la polyvalente Lavigne, au Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN). Avant, il a été directeur du Collège Beaubois, un établissement privé de Montréal. Lors du récent colloque de l’AQUOPS, il est venu partager son expérience de leader innovant. Du privé au public, il est convaincu qu’il est possible de créer des opportunités pour passer de l’idée à l’action.
« La grande différence entre le secteur privé et le public, c’est l’autonomie professionnelle et la capacité de se mettre en action rapidement. Par contre, il est faux de croire qu’il est impossible de réaliser des projets hors norme dans une école publique. Tout est question de nuance, en éducation, alors arrêtons de penser blanc ou noir! Il est possible de sortir des sentiers battus! », a-t-il soutenu lors de son atelier.
Il a présenté le projet de laboratoire créatif qu’il a mis en place au Collège Beaubois dès 2016. Un « makerspace » qui a pris des allures de laboratoire d’innovation vivante, puisque l’ensemble des utilisateurs ont participé à sa mise en place (enseignants, parents, élèves, et collaborateurs externes). Un projet qui a aussi pris des proportions plus grandes que nature et qui l’a amené à collaborer avec l’Université de Nice et à former des enseignants au Maroc. Une bonne partie de la démarche avait d’ailleurs été documentée sur le site de l’École branchée à l’époque.
Selon lui, l’une des clés du succès d’un tel projet scolaire est de faire une grande place aux élèves. « Ce sont souvent de petites actions qui peuvent faire la différence dans la vie des jeunes. N’hésitez pas à les impliquer dans le développement d’un projet, donnez-leur la possibilité d’expliquer aux adultes ce qu’ils aiment, ce qu’ils font. »
De ce projet, il a tiré quelques apprentissages qu’il continue de mettre en application dans son quotidien et qu’il souhaite partager avec les autres directions scolaires.
Commencer par soi
En tant que leader pédagogique, il importe :
- d’adopter une mentalité de croissance,
- de développer sa tolérance à l’ambiguïté (qui ne l’aurait pas en ce moment en éducation!),
- de faire preuve de persévérance et de travailler son agentivité (savoir se mettre en action)
- d’être authentique et humble,
- d’avoir une pensée systémique,
- d’apprendre à communiquer sa vision de façon claire et concise,
- de faire preuve de cohérence entre les paroles et les actions,
- d’avoir une présence rassurante pour les autres.
Aller vers l’autre
En tant que gestionnaire d’une équipe-école, il importe :
- de fournir des occasions de développement professionnel aux membres de l’équipe (même si cela peut être compliqué, il faut être imaginatif),
- d’instaurer une culture de l’échec, c’est-à-dire qu’il est possible de faire des essais, de se tromper et de recommencer pour progresser vers la réussite,
- d’installer un filet de sécurité pour ceux qui osent,
- de soutenir les actions novatrices qui épousent le projet éducatif et la mission de l’établissement,
- de diffuser et de faire rayonner les bons coups (autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’école),
- de savoir reconnaître et apprécier ce qui se fait de bien.
Progresser
En tant qu’acteur de changement dans le monde scolaire, il importe :
- d’exercer une vigie constante,
- trouver les angles morts et de les exploiter,
- de créer des opportunités et de les amplifier,
- d’impliquer les élèves dans l’ensemble des projets,
- d’impliquer leurs parents pour décupler les effets,
- de solliciter les administrations publiques et les centres de services scolaires pour qu’ils soient témoins de l’émergence de nouvelles façons de faire,
- de prendre les sous des autres pour réaliser les projets (oui, oui, il est possible de trouver de généreux donateurs dans vos milieux!),
- de profiter de l’expertise de tous ceux qui vous l’offrent.
« Il faut cesser de mettre l’accent sur les contraintes existantes dans nos milieux. Il y en aura toujours. Passons du “oui, mais” à “et si” pour créer un effet d’entraînement dans nos écoles », a-t-il conclu.