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Après onze années sur les bancs d’école…

Certains pensent que les examens de mathématique se doivent de rester conventionnels, d’autres pensent le contraire. En tant qu’élèves souhaitant développer des compétences nous permettant de relever les défis de demain, nous nous demandons : pourquoi se contenter d’évaluer presque uniquement à l’aide d’examens écrits standards et non représentatifs de la « vraie » vie?

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Par Marie-Jeanne Eid et Mathilde Quintieri-Dion, finissantes du Collège Beaubois

Certains pensent que les examens de mathématique se doivent de rester conventionnels, de suivre la “tradition mathématique”. D’autres pensent le contraire. En tant qu’élèves souhaitant développer des compétences nous permettant de relever les défis de demain, nous nous demandons : pourquoi se contenter d’évaluer presque uniquement à l’aide d’examens écrits standards et non représentatifs de la « vraie » vie?

Rarement, sur le marché du travail par exemple, l’ingénieur recevra une situation problème où toutes les données seront ordonnées, chiffrées, décrites comme elles le sont dans une évaluation classique. Jamais la formule à appliquer ne sera évidente à déterminer; autrement ce serait un ordinateur qui effectuerait le calcul pour le professionnel. Pourquoi préparer les élèves pour un monde qui disparaît, au lieu de les préparer pour celui qui émerge? Dans tous les cas, nous nous sommes questionnées à savoir si le changement dans la façon d’évaluer pourrait être bénéfique pour tous. C’est pourquoi nous vous présentons ici une expérience pédagogique vécue, ainsi que de multiples raisons pour lesquelles les enseignants du primaire et du secondaire devraient favoriser davantage la diversification de leurs types d’évaluations, afin que ceux-ci correspondent à tous les types d’élèves.

Récit de deux finissantes du secondaire

Selon le Dictionnaire actuel de l’éducation, enseigner désigne le « processus de communication en vue de susciter l’apprentissage; ensemble des actes de communication et de prises de décision mis en œuvre intentionnellement par une personne ou un groupe de personnes qui interagit en tant qu’agent dans une situation pédagogique ». À la lecture de cette définition, vous imaginez probablement un enseignant, debout, devant une classe composée de bureaux en rangs d’oignons; les étudiants qui retranscrivent mot pour mot ce que l’enseignant récite avant de le retranscrire, en silence, lors d’un examen individuel. Au cours de notre expérience scolaire, du plus loin que nous nous rappelions, nos évaluations ont presque toujours eu le même format, soit un crayon et une feuille de papier.

Réfléchissons un instant : ne pensez-vous pas que ce système d’enseignement et d’évaluation, en plus d’être si peu stimulant pour les jeunes, peut compromettre leur capacité à affronter de réels problèmes mathématiques dans leur avenir professionnel?

Une question s’impose alors : si enseigner indique le processus de communication en vue de susciter l’apprentissage et que l’évaluation fait partie intégrante de la démarche pédagogique, pourquoi le faire constamment de façon traditionnelle? Il nous semble que la création de nouvelles approches pédagogiques, incluant nécessairement de nouvelles formes d’évaluation, est un pas vers l’avant qui s’impose.

S’évader de l’évaluation traditionnelle

Le jeu d’évasion… On en entend parler partout. Il consiste à s’évader d’une pièce en résolvant des problèmes mathématiques ou logiques. Les joueurs, soumis à certaines restrictions, doivent collaborer en utilisant leurs connaissances et en mobilisant leurs compétences dans le but de s’échapper de la chambre de jeu.

Cette année, nous avons eu l’agréable surprise de vivre une évaluation créée avec les principes de base du jeu d’évasion, ou de l’anglais Breakout, décrits précédemment. Dans le cadre de notre cours de mathématique, des équipes de 4 pharmaciens tentaient de démystifier la recette de comprimés d’acétaminophène de leurs concurrents en cherchant la meilleure façon d’optimiser les profits de leur propre produit avant qu’il entre sur le marché. Chercher les données pertinentes affichées sur les murs de la classe, en déduire les formules à appliquer, utiliser la technologie intelligemment pour parvenir à résoudre les calculs, travailler avec nos téléphones intelligents ou iPads et, finalement, recueillir des données à transmettre à notre employeur fictif afin d’accomplir la tâche… À nos yeux, c’est ce qu’on peut appeler une forme d’évaluation dynamique et concrète pour nous, les travailleurs de demain.

Nous avons observé des élèves, habituellement si peu motivés par la matière, s’investir à fond dans l’activité proposée en classe, laquelle était aussi une évaluation sommative. Nous affirmons qu’il faut bel et bien vivre, au moins une fois dans son parcours scolaire, ce type d’évaluation pour réaliser qu’il existe une façon plus formatrice d’évaluer; une façon d’impliquer davantage le jeune dans son cheminement pédagogique afin qu’il en retienne davantage.

En résumé, la diversification des méthodes d’évaluation au secondaire ne peut qu’apporter du positif dans le parcours scolaire des élèves, car en plus de favoriser l’interdisciplinarité et le développement des compétences dites “transversales”, les évaluations dynamiques permettent de nous préparer à employer nos acquis scolaires dans des contextes réels et significatifs. Humblement, nous ne sommes ni des pédagogues ni des étudiantes en éducation, seulement deux finissantes du secondaire qui avons vu défiler devant nous des dizaines d’enseignants à travers les années. Néanmoins, si notre façon de voir les choses pouvait mener à des réflexions chez les professionnels de l’éducation, nous sommes persuadées que tous les élèves du Québec pourraient en bénéficier. Rappelons-nous, comme l’a un jour dit le Dalaï-lama dans une conversation avec Ken Robinson : « Nous vivons actuellement dans un système éducatif où l’information semble prendre un sens unique; des esprits bien remplis aux esprits vides, mais c’est faux […] L’éducation n’est pas un monologue, mais un dialogue ».

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