Les 21, 22 et 23 mars derniers se tenait le congrès international des troubles d’apprentissages. Présenté par l’Institut des Troubles d’Apprentissage, anciennement l’AQETA, ce sont plus de 1400 congressistes qui ont vécu conférences, ateliers et dîners causerie dans un but commun de s’outiller pour adoucir le quotidien des personnes vivant avec les défis liés aux troubles d’apprentissage.
Un des thèmes qui a été abordé lors de ce congrès est celui de la douance. Haut potentiel, HP, HPI, doué, surdoué et précoce sont autant de termes que l’on peut utiliser pour qualifier ces gens qui ont un haut potentiel dans un ou plusieurs domaines, notamment le domaine académique. À ce sujet, deux ateliers ont été dédiés à démystifier cette réalité bien complexe. Une réalité encore peu connue par la population en général, puisque ces jeunes doués peuvent parfois passer inaperçus dans nos classes, ou, au contraire, se faire connaître, non pas en raison de leur douance, mais par leur réaction à un environnement non-adapté ou insuffisamment stimulant.
Dans ce premier article d’une série de deux, nous aborderons la douance et les caractéristiques des jeunes doués.
Vous avez dit douance?
Tout d’abord, il importe de préciser que le terme utilisé lorsqu’on parle d’un enfant ayant un potentiel hors du commun dans la francophonie n’a pas encore été officialisé. Par ailleurs, le terme douance semble être celui le plus utilisé chez les spécialistes et les chercheurs. À noter que chez les anglophones, c’est le terme “gifted” qui a été adopté, terme qui est très représentatif de la diversité des gens qui présentent une douance.
Qu’est-ce que la douance?
Lors de sa conférence, Mme Élodie Authier, psychologue et neuropsychologue, a présenté les différentes caractéristiques d’une personne avec une douance, en citant une définition ayant été adoptée par plusieurs pays :
« [personne qui] démontre un haut rendement ou un haut potentiel dans l’un des 6 domaines suivants: compétences académiques, capacités intellectuelles, pensée créative ou productive, arts visuels ou les arts du spectacle, fortes capacités psychomotrices ».
À noter que le diagnostic de douance présente un défi pour les psychologues, qui pourraient confondre celle-ci avec un ou plusieurs troubles d’apprentissage ou de comportement. Par ailleurs, certains “types” de douance sont plus difficiles à identifier par les spécialistes en raison des limites des outils d’évaluation utilisés.
Selon l’OMS, un enfant qui présente un Haut Potentiel Intellectuel aurait un QI (quotient intellectuel) de 130 et plus, la moyenne étant de 100. Mais qu’est-ce qui est évalué dans les tests de QI?
- le raisonnement logico-mathématique
- la perception spatiale
- la vitesse de traitement
- les habiletés de la mémoire de travail
Ce test ne permet donc pas de mesurer la créativité ou encore les capacités d’adaptation chez l’enfant. Pour poser un diagnostic solide, il va de soi que le professionnel doit tenir compte de l’histoire de développement de l’enfant dans son jugement clinique.
Outre le haut potentiel intellectuel, la douance peut se présenter sous toutes les dimensions d’une personne : physique, émotive, sensibilité, sociabilité, etc. Il arrive aussi que la douance soit accompagnée de troubles d’apprentissage. C’est pourquoi il est très difficile de diagnostiquer un jeune ayant un haut potentiel; son trouble d’apprentissage peut faire ombrage à son haut potentiel.
Les caractéristiques générales des enfants doués
Selon Édith St-Jean, psychologue, les caractéristiques que présentent les enfants doués sont :
- d’un point de vue positif : meilleure capacité de raisonnement, meilleure compréhension des idées complexes, pensée plus abstraite, capacité à apprendre plus rapidement, grande créativité, talents artistiques développés, curiosité élevée, autodidaxie, intérêt à relever des défis, grande sensibilité, intolérance à l’injustice, empathie, grande mobilité sociale (aide).
- d’un point de vue négatif : tendance à vouloir tout contrôler et à l’opposition, volonté de tout comprendre, intolérance à l’ambiguïté, impatience à l’égard des tâches faciles, agitation à cause de l’ennui.
Les profils laminaires et complexes
À noter que ces caractéristiques ne se présentent pas chez tous les jeunes. Il existe deux types de profil de douance : laminaire et complexe.
Selon Fanny Nusbaum, Docteure en psychologie et Dominic Sappey-Marinier, biophysicien, ces deux profils se distinguent par la différence de sollicitation de certaines zones cérébrales. En ce qui concerne le profil laminaire, il présente une “pensée analytique de très bon niveau”, ce qui amène un grand développement du raisonnement.
Quant au profil complexe, l’apprentissage se fait “en créant rapidement des automatismes, en passant rapidement de l’effort à la pensée automatique”. Une pensée qui en entraîne une autre, ou, selon le jargon du milieu, une pensée en arborescence. Les “doués complexes” sont souvent des enfants très créatifs. D’un autre côté, le contrôle de l’inhibition chez les “doués laminaires” est plus actif que chez ceux présentant un profil complexe. Ce manque de contrôle de l’inhibition chez ces derniers engendre une difficulté par rapport à leur intégration sociale ou à la gestion de leurs émotions tant vis-à-vis eux-mêmes que des autres.
Maintenant que j’en connais un peu plus sur la douance, je fais quoi?
Devant la complexité que la douance peut représenter pour les intervenants en milieu scolaire, il est normal de se sentir démuni. Dans le deuxième article de cette série, l’impact sur le cheminement scolaire des enfants doués sera abordé. De plus, des pistes d’intervention et des ressources seront présentées dans le but de faciliter leur accompagnement dans la classe.