Le 16 août dernier se tenait le tout premier CréaCamp de l’année scolaire 2018 2019. En collaboration avec le CFORP, le centre de formation franco-ontarien de ressources pédagogiques. Pour cette septième édition, les thématiques présentées étaient : Arts, technologie et robotique pédagogique, « Oyez, Oyez braves patenteux, venez créer dans un MakerSpace », Utiliser les tâches authentiques pour mobiliser les élèves et « Ça compte-tu, Monsieur? – Pratiques évaluatives innovantes ».
La thématique sur l’évaluation était facilitée par Alexandre Audet, enseignant innovant de la région d’Ottawa. D’entrée de jeux, il a présenté une expérience très inspirante qu’il a fait l’an dernier : il a complètement mis de côté les notes dans son enseignement, celles-ci n’apparaissant qu’au bulletin. La question à laquelle il désirait amener les gens à réfléchir au cours de la journée était : « Comment passer d’une mentalité de performance à une mentalité de croissance en classe? »
Tout d’abord, il a amené les participants à se questionner par rapport à au rôle de l’école. Pourquoi les élèves fréquentent-ils l’école? Serait-ce pour permettre aux enseignants d’enseigner? Ou bien serait-ce pour permettre aux élèves d’apprendre? C’est en optant pour une approche pédagogique centrée sur l’élève qu’il devient nécessaire de chambouler sa position par rapport à l’évaluation. Pourquoi évaluer? Pour favoriser les apprentissages? Est-ce pour prendre une photo des apprentissages réalisés en cours de processus? Suite à une production? Est-ce pour connaître ce qui est déjà acquis et ensuite aller plus loin? Selon notre intention, l’évaluation peut s’avérer très différente de ce que nous faisons actuellement et la possibilité de mettre de côté les notes, chiffrées ou non, est à considérer dans l’équation.
Une citation qui m’a marquée aujourd’hui. Pensez-y! 💭
Merci @profaudet. Merci #CréaCamp. Merci #instete. pic.twitter.com/TUF7z5SC6S— Sarah Anne Lalonde (@sarahlalondee) 16 août 2018
Comment fonctionner?
Saviez-vous que le ministère de l’Éducation de l’Ontario a publié en 2010 le document Faire croître le succès qui se veut la référence en évaluation chez les enseignants ontariens? On y présente trois intentions à l’évaluation : l’évaluation au service de l’apprentissage, l’évaluation en tant qu’apprentissage et enfin l’évaluation de l’apprentissage. Il est donc impératif de déterminer son intention d’évaluation au départ pour ensuite sélectionner les outils d’évaluation à mettre en place.
Visionnez la vidéo du CFORP sur le lien entre la différenciation pédagogique et le processus d’évaluation.
Tâche authentique
Pour débuter, Monsieur Audet planifie une tâche d’évaluation authentique dans le but de développer la mentalité de croissance ainsi que les compétences globales ou compétences du 21e siècle. Cette tâche favorise l’engagement de l’élève en partant de son vécu, en répondant à un besoin concret, réel. Ainsi, l’autonomie, la croissance, la sortie de zone de croissance de celui-ci sont favorisées grâce à une raison d’être engageante et stimulante, située dans sa zone proximale de développement.
Résultat d’apprentissage et critères d’évaluation
Afin de déterminer le résultat d’apprentissage, et ensuite créer les critères d’évaluation qui y sont reliés, il est essentiel de conserver son intention d’apprentissage en tout temps. L’Inukshuk de l’évaluation au service de l’apprentissage et en tant qu’apprentissage, est un bel outil à utiliser lors du processus d’apprentissage et d’évaluation de la tâche.
En se référant à l’image ci-dessus, on constate qu’il est possible d’offrir de la rétroaction autant par les élèves que par l’enseignant puisque “dans une classe de 25 élèves, il y a 26 apprenants”. Il s’avère donc très intéressant de cocréer les critères avec les élèves pour décrire clairement ce qui est requis pour satisfaire aux résultats d’apprentissage souhaités. Ainsi, ils seront en mesure de bien comprendre la tâche et les attentes.
Rétroaction
Pour fonctionner sans note, la rétroaction devient la pierre d’assise de l’évaluation. Il y a différentes façons de la donner aux élèves : par écrit, de manière orale ou à l’aide de vidéo ou de fichier audio. Selon Kluger & DeNisi, les rétroactions écrites sont considérées plus neutres et donc perçues comme étant moins biaisées. Elles devraient se concentrer sur la tâche à réaliser et non sur l’apprenant. Ces auteurs mentionnent aussi d’utiliser les compliments avec modération pour éviter à l’élève de s’éloigner de la tâche.
Quand donner la rétroaction? Ça dépend de la tâche! #SDR2018 pic.twitter.com/mPH2emx6L7
— Frédéric Ouellet (@fredouellet0) 24 août 2018
De plus, il est possible pour un élève de recevoir de la rétroaction de plusieurs personnes, que ce soit l’enseignant tout comme les camarades de classe. Il est possible de le faire de manière immédiate ou différée, tout dépendant du contexte et du type d’apprenant. Par exemple, un élève qui a un haut degré de compétence ne voudra pas nécessairement en avoir tout au long du processus puisqu’il connaît la démarche qu’il suivra et est confiant. Pour les élèves avec plus de difficultés, ou moins confiants en leurs moyens, la rétroaction est très importante. Vient alors la pertinence d’utiliser le jeu vidéo ou une application numérique qui permet de donner du feedback en temps réel.
Alexandre Audet propose plusieurs façons pour faciliter l’octroi de rétroaction à tous ses élèves. Il suggère des entrevues en classe organisées par la prise de rendez-vous. Il est possible d’utiliser une grille d’observation lors des discussions, présentations et productions pour procéder de manière plus traditionnelle à l’écrit, en différé. Pour améliorer le délai, il est possible d’utiliser un Google Form (par exemple) à compléter en temps réel. Il est possible ainsi de le partager presqu’instantanément. Une autre façon de procéder est de recueillir des réponses de manière anonymes (sur post-it ou via mentimeter.com par exemple) et de commenter en grand groupe en modélisant la manière de donner de la rétroaction.
Autoévaluation
Comment les élèves peuvent-ils prendre position par rapport à leur propre apprentissage? Il y a différentes possibilités. Ils peuvent compléter une grille d’autoévaluation, ils peuvent créer un sketchnote, ils peuvent créer une vidéo qui présente ce qu’ils ont appris, ce qu’ils devraient améliorer, ou encore le faire de manière audio ou écrite. Ils peuvent aussi écrire une lettre à leurs parents pour leur présenter où ils sont rendus dans leur cheminement, la prochaine étape, etc. En envoyant cette lettre, il est possible de l’envoyer en copie conforme à l’enseignant qui peut évaluer la communication écrite par le fait même.
Évaluation par les pairs
Pour faire différent des grilles d’observation et des questionnaires, Alexandre Audet a présenté une façon de faire très intéressante en ce qui concerne l’évaluation par les pairs. Il s’agit d’afficher chacun des travaux des élèves sur gros papier et d’inviter les élèves à circuler et à les observer pour choisir 3 travaux à commenter en respectant les consignes quant à la rétroaction à partager. Si ce n’est pas possible d’afficher au mur, une alternative est de disposer les travaux et d’utiliser des post-it à disposer à proximité. Ainsi, chaque élève reçoit trois rétroactions de ses pairs. Parce que dans un CréaCamp chacun est invité à créer, Monsieur Audet a proposé, à partir d’un caneva, la création d’une tâche authentique à partir d’un canevas. Ensuite, il a proposé aux participants de vivre cette expérience.
Pour terminer, il est important de garder en tête que fournir de la rétroaction requiert du temps et que celle-ci doit faire partie de la planification et de la vie en classe. Pour amener les élèves à déterminer leurs propres objectifs d’apprentissage, il doivent avoir vécu plusieurs boucles de rétroaction car ils auront réfléchi plus souvent. C’est en les impliquant dans le processus d’évaluation et en créant un climat d’échange et de confiance en classe qu’ils développeront une vision “évolutive” de l’apprentissage, dans le sens où apprendre c’est s’améliorer et grandir continuellement.
Pour en savoir plus :
- Diaporama de l’atelier de M. Alexandre Audet
- Ressources en évaluation pour s’inspirer
- Ressources EduSource sur l’Inukshuk de l’évaluation.
- L’inukshuk : pour mettre l’élève au centre de son apprentissage! Par Marius Bourgeoys.
Envie d’en savoir davantage sur l’évaluation à l’ère numérique? Restez à l’affût car le numéro du magazine de l’École branchée de janvier 2019 sera entièrement dédié à ce thème fondamental en éducation.