Pour souligner nos 25 ans d’activités, Maxime Pelchat nous raconte comment la formule CréaCamp a été conçue et comment cette approche a su s’adapter dans la dernière année. Prochain rendez-vous le 21 mai!
Comme pour bien des histoires à succès, tout a commencé autour d’un café. Je me souviens de ce matin de mai 2016, assis dans la cafétéria d’une polyvalente de Québec. C’était une journée pédagogique animée par l’ambiance Edcamp, pilotée par le leadership d’Audrey Miller. Alors que la centaine de participants, issus d’une multitude d’écoles de la région, se répartissaient vers les locaux identifiés pour partager sur les sujets proposés, je me suis dirigé vers la table du comité organisateur afin de me procurer une tasse à café officielle de l’événement.
En me versant un café, je lance mon appréciation à Audrey, qui faisait de même en reprenant son souffle après le lancement des activités.
– C’est vraiment un bon concept, les Edcamps. C’est l’fun de voir l’engagement des participants.
– Mets-en! me répond-elle. Faut juste que certains brisent la glace pour proposer des sujets dans le premier bloc horaire. Après, la machine est partie pour la journée.
Je prends une gorgée et je réfléchis tout haut.
– Imagine si, au lieu de seulement discuter autour d’un sujet, on pouvait vraiment se mettre en action. Quand un animateur d’une salle connaît bien son sujet et partage des ressources et des trucs, tout le monde se met à vouloir essayer tout de suite.
– C’est vrai que ce sont les salles les plus intéressantes quand quelqu’un partage du concret, me répond-elle. Et ça incite les autres participants à partager eux aussi. Et à s’entraider. Ça fait moins formel que dans un atelier d’un gros congrès.
Je ne suis pas allé rejoindre une salle à ce premier bloc horaire finalement ce matin-là. Cafés en main, Audrey et moi nous sommes lancés naturellement dans une tempête d’idées autour d’un concept hybride, alliant l’esprit organique de la formule Edcamp au cadre d’un événement de formation plus structuré.
Le cœur de ce nouveau concept prenait déjà forme : offrir aux participants une initiation à un sujet et du temps pour expérimenter tout de suite, avec l’aide d’une personne-ressource experte du sujet.
L’objectif premier se dégageait aussi, soit de repartir dans son milieu à la fin de la journée non pas avec seulement la tête pleine d’idées, mais avec une expérience concrète, des traces, un début de projet à peaufiner pour l’expérimenter le plus rapidement possible avec ses élèves. Que le processus créatif soit déjà en action.
Juste avant que les participants reviennent vers la cafétéria pour la pause, Audrey me lance « un vrai créa-camp dans le fond! »
Voilà comment les bases du CréaCamp ont été déposées, le temps d’un café.
L’idée est demeurée vivante et l’automne suivant, on se lançait lentement mais sûrement dans la planification d’un premier événement pour le printemps suivant. De concert avec mes collègues Sarah Shallow-Tardif et Pierre-Olivier Cloutier, nous avons déterminé quelques thèmes phares à aborder. Alors que nous nous occupions de la logistique de l’école hôte, Audrey faisait aller ses contacts pour dénicher les meilleurs facilitateurs pour accompagner les participants. L’École branchée allait s’occuper de faire connaître l’événement et récolter les inscriptions. À la demande d’Audrey, j’ai griffonné une signature visuelle CréaCamp sur ma tablette pour contribuer à donner une identité au concept (notez que c’est cette « œuvre bêta » qui est restée depuis!).
C’est ainsi que le 17 mai 2017, à l’invitation de l’École branchée, convergeaient une soixantaine de participants à l’école secondaire Mont-Saint-Sacrement pour vivre ce nouveau genre de journée. Dans une ambiance décontractée, quatre thèmes leur étaient présentés sous la forme d’un pitch motivateur. Selon leurs intérêts, les participants se divisaient dans les ateliers pour vivre un accompagnement actif et créatif.
Cette première édition fut un succès et avant même la fin de l’année scolaire, l’École branchée annonçait la tenue de journées CréaCamp dans d’autres écoles de la province à l’automne.
Depuis, l’offre CréaCamp s’est multipliée, dans une multitude de régions, parfois avec des thématiques disciplinaires, dont deux éditions pour les gestionnaires scolaires. L’École branchée a été reconnue en 2018 par le ministère de l’Éducation du Québec comme partenaire officiel de l’offre de formation pour mettre en oeuvre le Plan d’action numérique, notamment avec les journées CréaCamp.
L’équipe a su adapter la formule CréaCamp aux besoins des milieux, avec des éditions plus courtes, ou encore co-élaborée directement avec une équipe-école. Et lorsque la pandémie nous a tous contraints à basculer en mode virtuel, l’équipe s’est relevé les manches pour transformer son offre présentielle vers le distanciel. Bien que le défi fut de taille, force est de constater que les CréaCamps n’ont jamais été aussi vivants que depuis la dernière année.
L’École branchée peut compter sur un solide réseau de collaborateurs et de partenaires pour faire vivre cette expérience de formation continue concrète, même à distance.
Je salue donc tous ces profs, ces CP, ces facilitateurs qui se sont impliqués depuis 2017 à faire des CréaCamps une occasion de développement professionnel qui reflète des idéaux en éducation qui sont de plus en plus mis en lumière : la flexibilité, le partage, la différenciation, la créativité et, au coeur de tout ça, la relation humaine.
L’histoire du CréaCamp est un bel exemple de la force du réseautage qui existe entre les acteurs sur le terrain et les organismes en périphérie qui veulent les épauler. L’équipe de l’École branchée continue d’inspirer et de contribuer à faire ressortir le meilleur de ce qui se fait en éducation.
Je profite de ce 25e anniversaire pour lever ma tasse à Audrey qui a su mettre en action une idée née autour d’un café printanier. J’ai bien hâte à notre prochain café en présence, qui sait ce qui en émergera cette fois-là… 🙂