Québec – Le 28e colloque de l’AQUOPS s’est ouvert ce matin par une conférence de Clément Laberge, spécialiste de l’éducation et de l’édition numérique, vice-président chez De Marque, éditeur de l’Infobourg. Sa conférence portait sur la place du livre électronique à l’école.
M. Laberge a débuté sa conférence en rappelant son attachement pour l’AQUOPS et le Web éducatif québécois, notamment en présentant l’affiche de Ressources éducatives de l’Infobourg, distribué au colloque de l’AQUOPS de 1995 et en rappellant les débuts du site Web de l’École branchée.
Il a enchaîné en ressortant une chronique publiée sur l’Infobourg en 1998 qui faisait la promotion du livre électronique et des livrels à l’école, avant de faire un bond en 2010, alors que le marché des livrels se développe à une vitesse fulgurante (Kindle, Sony Reader, Nintendo DS, iPad).
Du contenu scolaire est développé pour ces appareils. Des questions apparaissent alors : voulons-nous transposer ce qui existent en papier dans l’univers numérique simplement? Est-ce que les jeunes se contenteront d’un univers transposé? Les jeunes sont habitués de « copier-coller-remixer » des ressources sur le Web? Accepteront-ils d’utiliser des ressources pré-préparées d’avance?
L’an dernier, après que les élèves du secondaire aient reçu leur sujet d’examen ministériel (le papier électronique), certains sites Web en lien avec le sujet ont observé une hausse impressionnante de leur fréquentation.
« On constate que les jeunes vivent sur le Web. Ils empruntent un livre à la bibliothèque puis se ruent sur l’ordinateur pour faire une recherche sur le Web. Ma fille m’a aussi dit :
Un ordinateur sans Internet, ça ne sert à rien. Alors, peut-être que dans quelques années, un livre sans Internet, cela ne servira à rien », affirme M. Laberge.
Selon lui, le livre est loin d’être « mort » avec la technologie tel que certains l’avaient prédit. « Au contraire, le livre n’aura peut-être jamais été aussi vivant. Le Web permettra de donner vie aux livres. Auteurs et lecteurs n’ont jamais été aussi proches ».
Il a donné l’exemple de certains forums de discussion sur le Web pour les jeunes et les adultes, comme Babelio.com. Il a présenté certaines fonctionnalités de Google Livres, qui permet entre autres de retracer sur une carte tous les lieux mentionnés dans une œuvre.
« Il n’a jamais été aussi facile de donner un sens à l’écriture et de stimuler la lecture chez les jeunes. De la même façon que les blogues ont donné aux élèves des auditoires dans leur milieu, les communautés sociales en ligne peuvent leur permettre d’exister dans l’univers Web au côté de personnes connues ».
De même, plusieurs outils sont maintenant disponibles en ligne afin de favoriser la diffusion des œuvres, Lulu.com, Scribd.com.
« Pour pouvoir participer à l’univers du livre numérique, nous devrons exiger des éditeurs des documents que nous pouvons manipuler, annoter, transformer. Nous devons exiger des éditeurs une culture de la créativité et non une culture du tout-cuit », a soutenu M. Laberge.
D’ailleurs, tous les outils de la création sont maintenant disponibles sur le Web pour permettre à cette culture de la créativité d’émerger, ne reste plus qu’à se les approprier. « Nous devons apprendre à en tirer profit. Les pédagogues doivent se faire confiance, doivent faire confiance aux élèves », ajoute-t-il.
« Pourtant, on privilégie souvent la sécurité plutôt que l’autonomie, la créativité et la liberté. Les enfants doivent apprendre à s’approprier leur milieu de vie, à réseauter. Il faut arrêter de les protéger contre leur environnement. Une révolution est en train de se dérouler sous nos yeux. Nous devons nous en saisir pour pouvoir y participer. Il suffit maintenant de les mobiliser de façon pédagogique. »
Par Martine Rioux