Du 27 au 29 janvier dernier avait lieu à Clair, au Nouveau-Brunswick, la rencontre internationale Clair2011, un rassemblement d’éducateurs (enseignants, élèves, CP, des gens du Ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, de l’APTICA, etc.), mais aussi de quelques gens d’affaires intéressés par l’éducation, le Web 2.0 et la collaboration. Les enseignants Sylvain Bérubé et Catherine Lapointe partagent avec nous l’expérience qu’ils y ont vécue. (Première de deux parties.)
Tout comme l’événement Clair2010 l’an dernier, Clair2011 a suscité un lot d’échanges de toutes sortes : échanges entre les gens sur place, mais aussi via le Web, particulièrement sur le canal Twitter de l’événement (voir la compilation ici), des échanges entre les visiteurs de l’école communautaire CAHM (Centre d’apprentissages du Haut-Madawaska) et les élèves eux-mêmes, surtout le vendredi, pendant la foire pédagogique où chacun des élèves présents pouvaient expliquer aux « grands » ce qu’ils faisaient, ce qu’ils apprenaient, etc., que ce soit dans les studios de radio ou de télévision, de musique, ou dans leurs classes respectives. Voir ces élèves en action n’avait pas de prix : il fallait être sur place pour apprécier au maximum. Parmi toutes ces rencontres, notons aussi celle avec des élèves handicapés, intégrés dans les classes dites « régulières ». Il nous ont démontré que l’utilisation des technologies s’avère un support hautement pertinent (enregistrement de la voix sur iPad et navigation par instinct, etc.).
Bien sûr, Clair2011, c’est aussi des conférences, et pas n’importe lesquelles. L’an dernier, Marc Prensky avait fait la principale allocution. Cette année, c’était au tour de Daniel Peraya, professeur à l’Unité des technologies éducatives de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation de l’Université de Genève, d’être le conférencier principal et de nous entretenir de L’enseignant innovateur : une posture paradoxale. Selon ses mots mêmes, « tout enseignant […] qui […] cherche à intégrer les TICE et, à travers elles, à organiser la mise à distance de certaines de ses activités pédagogiques se trouve nécessairement confronté à l’innovation technopédagogique. D’abord, parce que nos institutions et nos programmes de formation sont historiquement présentiels. Ensuite, parce que les technologies actuelles constituent elles aussi un facteur de nouveauté, tant par rapport à l’organisation du processus d’enseignement/apprentissage que par rapport aux modèles et aux approches pédagogiques qu’elles inspirent. Innovateur, il se trouve embarqué dans une aventure dont il n’avait sans doute pas anticipé toutes les conséquences : expert de sa discipline et de la recherche scientifique dans son domaine, il va progressivement devoir mener une réflexion sur la pédagogie et sur l’intégration des TICE; il [sera] sans doute aussi confronté à la nécessité de gérer et d’évaluer son enseignement ainsi que le dispositif psychopédagogique qu’il met en place. Autrement dit, il va devoir évoluer professionnellement, faire de nouveaux apprentissages et acquérir de nouvelles compétences auxquelles sa formation disciplinaire initiale ne le préparait pas nécessairement. » On retrouvera quelques notes prises lors de la conférence ici.
Cette année, trois autres conférences ont également eu lieu.
D’abord, le jeudi soir, François Guité a ouvert le bal avec L’éducation à l’ère des révolutions, en nous faisant état de l’évolution de plus en plus rapide du monde et de la pédagogie, en lien avec les technologies et des changements de paradigmes. De quoi susciter des échanges pour le reste de la fin de semaine! Les thèmes abordés ont été principalement les apprentissages informels, l’importance de la communauté, le transfert des connaissances, le maillage anti-hiérarchique des savoirs et la diversité qui va à l’encontre de l’uniformité ou de l’uniformisation.
Nous avons aussi eu droit à une conférence de Sébastien Paquet, chercheur universitaire et blogger, intitulée Apprendre aujourd’hui à construire la société de demain. Il nous a entretenu sur ce à quoi va ressembler notre monde en 2020, ou en 2050. Nous traversons une période de changements rapides, et tout indique que le rythme de ces transformations est en accélération. L’apprentissage va jouer un rôle central dans notre adaptation, tant au niveau individuel que collectif. Dans la présentation, on a exploré comment il nous est possible d’effectuer le virage de l’ère industrielle vers l’ère de la communication. Il a aussi été question du rôle des jeunes dans la création d’une culture de collaboration ouverte dans pratiquement tous les domaines de l’activité humaine. Le défi, selon lui, est de « motiver les apprenants à s’écouter les uns les autres ». Rompre avec l’idée que l’enseignant « sait mieux ». Il a terminé en présentant l’exemple de William Kamkwamba, un inventeur malawien de 14 ans, et en disant que les jeunes seront nos guides. Une conférence pleine de bon sens!
Finalement, samedi matin, juste avant la partie barcamp (ou non-conférence) en ateliers, Laurence Juin, une enseignante de la région de La Rochelle en France, nous a fait part d’une Expérience au contact des TIC qui sert bien la pédagogie et les apprentissages. Laurence a expérimenté Twitter avec ses élèves et elle nous a fait part des améliorations qu’elle a observées chez eux, ainsi que des écueils à éviter, etc. Il faut dire ici que son expérimentation avait été bien planifiée, pédagogiquement parlant, dès le départ. Une présentation dynamique qui donnait de belle façon le coup d’envoi pour le brassage d’idées en ateliers par la suite.
La suite demain!
L’Infobourg remercie ceux qui ont été ses yeux et ses oreilles pendant l’événement et vous invite à visiter leurs pages pour en savoir plus sur ce qui les anime!
par Sylvain Bérubé
http://sylvainberube.com
http://twitter.com/slyberu
et Catherine Lapointe
http://pedagogie.csdecou.qc.ca/catherinelapointe
http://twitter.com/catlap78