Par Marie-Sophie Chavey
Administratrice, L’École branchée
Alana Winnick, podcasteuse, directrice des technologies éducative au Pocantico Hills Central School District, dans l’état de New York, et membre du conseil d’administration de NYSCATE (New York State Association for Computers and Technologies in Education), a prononcé une conférence très inspirante lors du dernier Canadian Edtech Leadership Summit. En voici quelques extraits.
Elle a commencé par partager avec les participants des souvenirs de ses débuts en tant qu’élève dans des salles de classe traditionnelles, remplies de tableaux noirs et de rangées de bureaux alignés, un cadre qui lui paraissait distant et impersonnel. Elle a expliqué que ce type d’expérience scolaire l’a surtout entraînée à devenir une « bonne élève » dans le « jeu de l’éducation », c’est-à-dire à mémoriser et à répéter des informations sans réellement se connecter avec le contenu ni avec ses enseignants (elle sentait qu’elle était devenue un perroquet). Cette expérience lui a donné une idée claire de ce qu’elle ne voulait pas pour ses futurs élèves.
Lorsque Alana est devenue enseignante, elle était déterminée à ne pas reproduire le même modèle impersonnel. Elle a opté pour des cours interactifs et a impliqué ses élèves au premier plan, plutôt que de les laisser confinés en rangées. Son approche innovante est devenue une véritable passion, au point qu’elle a commencé à aider ses collègues à transformer leurs propres méthodes d’enseignement, en s’appuyant sur la technologie et des méthodes pédagogiques redéfinies. Cela l’a finalement menée à devenir spécialiste en technologie éducative, d’abord pour un district, puis pour l’État de New York, où elle travaille avec de nombreux milieux pour réinventer l’éducation.
En tant que directrice de la technologie éducative et responsable de la protection des données, elle sert une communauté diversifiée à Sleepy Hollow, dans l’État de New York. Elle décrit son district scolaire comme un endroit où des élèves de milieux socio-économiques très variés, allant des familles les plus aisées à celles vivant dans des logements à faible revenu, bénéficient tous des mêmes opportunités. Le district invite d’ailleurs activement les familles à participer à la vie communautaire, symbolisée par des pancartes disant « Bienvenue » plutôt que « Ne pas » pour créer un environnement inclusif et accueillant pour les familles et les élèves.
Transformer l’éducation en rendant les élèves actifs et en valorisant le processus d’apprentissage
Réfléchissant constamment à la nécessité du changement, Alana a souligné que modifier l’aménagement physique d’une classe ne suffit pas pour redéfinir l’éducation. La vraie transformation, selon elle, réside dans l’engagement des élèves, en les incitant à être des participants actifs plutôt que de simples consommateurs d’information. Alana a reconnu que l’intelligence artificielle et la technologie peuvent sembler intimidantes, ce qu’ont approuvé les personnes présentes dans l’auditorium circulaire dans lequel elle a prononcé sa conférence au Canadian Edtech Leadership Summit. Cependant, elle croit que sortir de sa zone de confort est essentiel pour évoluer. Elle encourage ses enseignants et élèves à embrasser cette gêne, en créant un environnement où essayer de nouvelles approches, même si cela conduit à des échecs, est perçu comme une partie essentielle du processus d’apprentissage.
Un exemple qu’elle a donné était aussi l’urgence de repenser ceci :
Car si l’enseignant utilise l’IA pour créer des projets, des devoirs ou des évaluations, que les élèves utilisent l’IA pour les compléter et que l’enseignant évalue à nouveau les retours avec des outils d’IA, quel est le but?
Elle a donné comme exemple un devoir qui consistait à faire la biographie de quelqu’un de célèbre. Quel est le but désormais pour un élève? Qu’est-ce que l’enseignant va évaluer? Pour redonner du sens à une tâche semblable, Alana propose de demander aux élèves de lire des modèles de biographies, qui peuvent être générés ou non par l’IA, puis de s’interroger entre camarades de classe afin de rédiger (ou de raconter à l’oral) une biographie de l’un d’eux.
« They need better meaningful assignments. »
Qu’en pensez-vous?