Benoit Petit et Marie-Claude Rancourt, du Service national du RÉCIT pour les gestionnaires scolaires, ont récemment présenté un webinaire à l’intention des directions d’établissements scolaires. L’objectif était de leur rappeler le rôle déterminant qu’ils peuvent jouer pour contribuer à une transition harmonieuse, signifiante, cohérente et durable vers le numérique dans les écoles.
D’entrée de jeu, Benoit Petit a rappelé que tout le réseau scolaire a dû embarquer dans le train du numérique au printemps 2020. « Si certains regardaient le train passer avant mars 2020, ils n’ont pas eu le choix d’embarquer avec la mise en place de l’enseignement à distance. Maintenant, même si le train roule à grande vitesse, il est important de prendre un temps d’arrêt pour développer une vision d’avenir. »
Au Québec, le milieu scolaire peut compter sur plusieurs référentiels qui guident la transformation numérique dans les écoles. Selon M. Petit, les deux principaux à connaître sont le Cadre de référence de la compétence numérique, du ministère de l’Éducation, et le rapport Éduquer au numérique, du Conseil supérieur de l’éducation du Québec.
Bien que le Cadre de référence ait été conçu à l’intention des élèves, « tous les acteurs de l’éducation devraient se sentir concernés et tendre à développer leurs propres compétences ». D’ailleurs, ce référentiel est possiblement le seul au monde à présenter la notion de citoyen éthique à l’ère du numérique.
De son côté, le rapport du Conseil supérieur de l’éducation, paru en 2021, détaille largement pourquoi les enseignants doivent désormais enseigner au numérique plutôt que simplement enseigner par le numérique.
Assumer un rôle de leader
Dans leur milieu, les gestionnaires scolaires doivent assumer leur rôle de leader pour diriger toute action visant le changement, qu’il s’agisse de numérique ou non. « Trop de gestionnaires scolaires pensent encore qu’ils ne peuvent pas mener la transition numérique dans leur école parce qu’ils ne maîtrisent pas tous les rouages du numérique. Ils ont alors le réflexe de déléguer la gestion du changement à quelqu’un d’autre. Pourtant, ils n’ont pas besoin d’être des experts : il leur suffit d’être convaincus et de communiquer l’importance de mener le changement », soutient Benoît Petit.
« Les directions efficaces ne sont pas de simples messagers véhiculant les attentes et directives ministérielles. »
-Leclerc, 2012, p. 103
Une fois que le leadership est bien assumé, il est possible d’entreprendre une démarche pour jeter les bases d’une vision partagée. Nommer les enjeux, cibler des objectifs communs, réfléchir collectivement, définir sa mission, se mobiliser, répondre au pourquoi… ces éléments devraient faire partie des échanges.
Même si la situation actuelle ne semble pas idéale pour s’arrêter et réfléchir à ces aspects, M. Petit est convaincu qu’elle offre des possibilités d’agir. Peut-être que le numérique a été implanté dans l’urgence dans certains milieux. Maintenant, il est temps de poser un regard sur les apprentissages réalisés (autant pour les enseignants que les élèves) afin d’amener les équipes-école à trouver du sens au numérique dans une perspective à long terme.
Par ailleurs, le numérique seul ne suffit pas, a rappelé Benoît Petit. « Il faut arriver à combiner l’usage des outils numériques aux pratiques pédagogiques, ainsi, il sera possible de faire ressortir la véritable valeur ajoutée du numérique pour l’éducation. »
Un mot sur l’intelligence artificielle
Ces deux mots semblent encore très complexes et représentent une possibilité du futur pour plusieurs. Néanmoins, le développement de l’intelligence artificielle est identifié par Benoît Petit comme étant l’une des raisons pour lesquelles les gestionnaires scolaires doivent se tourner sans tarder vers la mise en place d’une vision numérique à plus long terme dans leur milieu.
« L’intelligence artificielle est dans nos vies et on ne s’en rend pas toujours compte. Au quotidien, nous utilisons des applications sur nos téléphones et ordinateurs. La plupart de celles-ci sont contrôlées par des intelligences artificielles, des algorithmes. Elles ne sont pas neutres », dit-il. Ainsi, les questions éthiques deviennent omniprésentes dans notre société. Ces technologies facilitent nos vies mais elles donnent du pouvoir à ceux qui les conçoivent. « Nous devons développer notre compréhension des enjeux associés aux possibilités de l’intelligence artificielle. »
Il a d’ailleurs parlé de la Société GRICS, fournisseur de plusieurs outils technologiques pour les écoles, qui travaille actuellement sur le projet Mozaïkdata, visant à rassembler des données sur les élèves québécois afin notamment d’analyser des éléments comme leur risque de décrochage. « Ce type de projet soulève des questions dans les écoles. Les algorithmes sauront-ils bien prédire? Ne risquent-t-il pas de stigmatiser des élèves? D’en démotiver d’autres? »
La présentation complète est disponible sur le site du RÉCITGS.
Une ressource pour comprendre les algorithmes : Comment expliquer ce qu’est un algorithme de façon simple? En utilisant une recette de pâte à crêpe comme exemple et en organisant l’information dans un Genial.ly. Le résultat est ici et permettra au plus néophyte de comprendre!
Déjà paru sur l’École branchée:
- « Il ne suffit plus d’enseigner par le numérique, il faut éduquer au numérique »
- D’où vient le mot pédagonumérique?
- Une entrevue avec Marjorie Paradis, du RÉCTDP : La recette des algorithmes