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8 leçons tirées des jeux vidéo pour augmenter la motivation et l’engagement

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Par Alexandre Chenette enseignant et conseiller pédagogique au Service national du RÉCIT, domaine du développement de la personne

Les deux plus importants constats faits comme enseignant(e)s, en basculant vers l’apprentissage, à distance sont l’importance fondamentale du lien enseignant-élève et l’enjeu majeur de la motivation et de l’engagement. Certains élèves qui étaient motivés en classe préfèrent jouer aux jeux vidéo lorsqu’ils sont à la maison. D’autres ne sont tout simplement pas motivés en classe non plus, et leurs apprentissages en souffrent. 

Comment se fait-il qu’un même élève puisse être motivé à persévérer lorsqu’il échoue dans un jeu vidéo alors qu’un revers en classe le pousse à abandonner? Qu’est-ce que les progrès de la dernière décennie dans le domaine vidéoludique peuvent nous apprendre comme pédagogues? 

L’heure est venue pour le monde de l’éducation d’examiner comment la recherche en game design, combinée aux découvertes récentes en psychologie de la motivation humaine, peuvent nous aider à transformer l’éducation. Dix ans après la popularisation du terme ludification, je vous propose aujourd’hui de passer à la ludicisation.

Un nouveau monde ludique

Nous avons dès le berceau une propension au jeu. Nous sommes Homo Ludens. Jeux de rôle, jeux de société, jeux vidéo : les jeux sont extrêmement populaires et variés, mais ils sont aussi une excellente façon d’intérioriser la motivation, de stimuler l’engagement, la persévérance et le dépassement de soi. Ils sont porteurs de sens, développent l’autonomie, le sentiment de compétence, favorisent la créativité mais aussi la collaboration.

Le jeu vidéo est actuellement la forme de jeu qui connaît la plus fulgurante expansion. Que nous soyons joueur ou non, il fait désormais partie de notre vie, de notre culture. Depuis leurs débuts rudimentaires dans les années 1970 (vous vous rappelez de Pong?), les jeux vidéo n’ont cessé de se réinventer et de se diversifier. 

D’ailleurs, s’il est parfois plus simple de parler DU jeu vidéo, il existe en réalité des dizaines de types de jeux complètement différents, qui n’ont souvent en fait que très peu de choses en commun. Aujourd’hui, certains jeux vidéo ont le pouvoir de nous transporter dans des univers parallèles riches, vivants et profondément immersifs. Ils peuvent être sociaux, collaboratifs, sérieux et créatifs. De passe-temps marginal, le jeu vidéo est devenu aujourd’hui la forme de divertissement la plus populaire au monde. En 2020, l’industrie du jeu vidéo se chiffrait à 179,7 milliards de dollars US, bien au-delà des industries du cinéma et de la musique combinées. 

Selon Jane McGonigal, chercheuse et game designer, la moyenne des gens auront consacré environ 10 000 heures aux jeux vidéo avant l’âge de 21 ans, ce qui équivaut approximativement au temps passé en classe de la cinquième année du primaire à la fin du secondaire.

Le jeu et l’apprentissage ont traditionnellement été menés de manière essentiellement parallèle, mais les frontières entre ces deux réalités tendent progressivement à s’amenuiser par le travail de milliers de pédagogues passionnés aux quatre coins de la planète. 

Une décennie de ludification

Voilà maintenant 10 ans que le terme gamification a été popularisé. Traduit en français par ludification, il s’agit en fait de l’utilisation de mécanismes traditionnellement associés au jeu vidéo dans des contextes autres que ceux du jeu (commerce, santé, réseaux sociaux, plateformes Web, etc.). La gamification (ludification) promettait d’augmenter l’engagement et la rétention de la clientèle visée. De célèbres spécialistes de la ludification en entreprise comme Brian Burke affirmaient même que celle-ci n’avait rien à voir avec le plaisir, uniquement avec la motivation à modifier des comportements.

Ainsi, au début des années 2010, nombre de compagnies dans divers domaines s’intéressèrent à cette nouvelle tendance à la mode. Elles tâchèrent de capitaliser sur ce buzzword en investissant dans des projets de ludification, croyant naïvement qu’en ajoutant des points et des niveaux à des tâches répétitives et démotivantes, cette panacée permettrait d’attirer et de retenir davantage de nouveaux clients. Cette incompréhension du phénomène mena à quelques succès, mais se solda aussi inévitablement en de nombreux échecs et désillusions. Si bien que le terme gamification (ludification) en vint à revêtir, pour certains, une connotation passablement négative, associée à des tentatives de manipulation des comportements humains. 

Des points à l’humain

En réalité, le plaisir est un aspect majeur de l’expérience ludique et la motivation générée par un jeu vidéo chez les joueurs s’avère immensément plus profonde. Elle est par définition foncièrement intrinsèque : on joue à notre jeu favori pour le jeu en soi et le plaisir qu’il nous procure, pas pour les points et les niveaux qu’on y gagne, ceux-ci n’étant qu’une partie infime et secondaire de l’expérience.  

Percevant la tendance et l’incompréhension généralisée face à la ludification, le spécialiste Yu-Kai Chou, figure phare du domaine, invite désormais à se détourner des mécanismes de récompenses tape-à-l’oeil (game-centered design) pour se concentrer davantage sur l’humain en examinant plus en détail les véritables facteurs de motivation qui lui sont propres (human-centered design). Son modèle, appelé l’octalyse, présente les huit principaux moteurs de la motivation humaine.

« Si on demande à un joueur pourquoi un jeu est amusant, il ne dira pas que c’est parce qu’il y a des points. Il dira que c’est parce qu’il y a du challenge, parce que ça lui fait utiliser sa créativité, parce que ça fait de lui plus que ce qu’il était hier. » 

Yu-Kai Chou

Et en éducation?

Cette nouvelle perspective rafraîchissante s’avère particulièrement intéressante pour l’éducation puisque les visées ne sont pas la croissance et le profit, mais le développement et l’autonomisation de futurs citoyens. L’importance de « l’humain » (la relation pédagogue-apprenant, l’effet enseignant, le sentiment d’efficacité personnelle, les aptitudes socio-affectives, etc.) est cruciale pour l’apprentissage des élèves.

Dans cette optique, à l’instar de Margarida Romero et Eric Sanchez (Apprendre en jouant, 2020), je propose que dorénavant en éducation nous délaissions le terme connoté de ludification, trop souvent associé aux mécanismes de rétention et à la motivation extrinsèque, pour celui de ludicisation. Pour moi, la ludicisation c’est rendre l’apprentissage ludique plutôt qu’intégrer des mécanismes de jeu. Elle cherche, à terme, à stimuler chez les élèves une motivation intrinsèque, moins superficielle et plus durable. Elle s’intéresse aux véritables facteurs de motivation humains plutôt que de recourir à des stratagèmes de conditionnement opérant. De plus, ludiciser permet  de remettre le plaisir dans l’équation. 

Mais comme pédagogue, on peut légitimement se demander comment ludiciser sa classe, son enseignement, l’apprentissage de ses élèves? En quoi ces nouvelles informations sur les réussites du jeu vidéo peuvent-elles aider à motiver les jeunes? Pour répondre à ces questions, voici les 8 principaux moteurs de motivation ainsi que des astuces pour aider à ludiciser sa pratique pédagogique.

1. Sens épique et vocation

Le premier motivateur se manifeste lorsqu’une personne se sent interpellée, appelée personnellement à accomplir quelque chose de plus grand que soi, aux conséquences potentiellement épiques. Dans les jeux vidéo, nous sommes fréquemment invités à sauver le monde ou à arrêter une catastrophe. Dans la société, plusieurs personnes aujourd’hui ne se satisfont plus seulement d’un bon salaire, elles souhaitent que leur emploi les amène à participer à quelque chose d’important et de significatif.

Astuce pédagogique – Inventez des scénarios

Le fait d’inscrire vos activités d’apprentissage dans des scénarios et des mises en situation engageantes peut aider l’élève à s’y immerger davantage. Vous organisez traditionnellement un débat de classe? Cette année, la classe est dans un bunker pendant une apocalypse de zombie et la survie de l’humanité dépend de vos décisions communes! Vous travaillez sur l’environnement et le développement durable? Cette année, un ouragan occasionné par les dérèglements climatiques a détruit la ville et chaque équipe est responsable de proposer un projet pour la reconstruire de façon écologique et durable! Vous voyez l’idée?

2. Développement et accomplissement

Nous sommes motivés lorsque nous avons l’impression de nous améliorer, d’atteindre des objectifs, de surmonter des défis et de nous accomplir. Plusieurs jeux vidéo l’ont bien compris en offrant d’abord des défis simples, des succès accessibles, puis une courbe de difficulté qui suit la progression du joueur. 

Astuce pédagogique – Morcelez en défis réalistes

En éducation, le sentiment d’efficacité personnelle de l’élève est crucial. En morcelant la tâche en petits défis (ou quêtes) accessibles, on permet à l’élève de vivre plusieurs réussites et on stimule par le fait même ce sentiment.

D’ailleurs, la plus importante erreur de perception face à la motivation est de croire que plus nous sommes motivés, mieux nous réussissons. Toutefois, la recherche nous prouve le contraire : ce sont en réalité les réussites qui entraînent la motivation.

« Il y a beaucoup d’études qui montrent que ce n’est pas vraiment la motivation qui cause la réussite, mais plutôt l’inverse, c’est-à-dire que c’est la réussite qui cause la motivation. »

Steve Masson, chercheur en neuroéducation, UQAM

3. Autonomie créative et rétroaction

Cette motivation est stimulée lorsque nous pouvons expérimenter et donner libre cours à notre imagination. C’est pourquoi des jeux de création comme Minecraft et Roblox sont parmi les jeux les plus populaires de la planète.

Tel qu’on peut le lire dans l’Actualité, « en juillet 2020, pas moins de 150 millions de joueurs s’y sont branchés [NDLR : à Roblox]. À titre indicatif, au sommet de sa popularité en août 2018, le jeu de tir Fortnite avait pour sa part atteint 78,3 millions de joueurs en un mois. Roblox serait joué par les deux tiers des Américains de 9 à 12 ans, garçons et filles »

La liberté offerte par les jeux vidéo permet souvent au joueur de réfléchir et de tenter différentes approches ou stratégies créatives. La rétroaction automatisée du jeu lui permet de s’adapter en conséquence (essai-erreur) et stimule ainsi sa persévérance.

Astuce pédagogique – Offrez des choix

Offrir des choix aux élèves leur confère un sentiment de liberté et de pouvoir d’action. S’ils sont invités à choisir le sujet, l’outil, l’approche, le mode de présentation de leur projet, si on encourage leur créativité, ils ont plus de chance de s’y investir corps et âme. En fait, le fait de croire que nous avons le choix, même si celui-ci s’avère finalement sans réelle conséquence, constitue en soi un important facteur de motivation et d’engagement.

4. Propriété et possession

Plusieurs études en psychologie prouvent que nous accordons plus de valeur à ce que nous possédons (endowment effect). Lorsqu’une personne se sent propriétaire de quelque chose, elle veut naturellement l’améliorer. C’est d’ailleurs pourquoi certains jeux vidéo gratuits sont devenus parmi les plus lucratifs au monde en vendant des accessoires et costumes permettant aux joueurs de personnaliser leurs avatars, et ce même s’il ne s’agit que d’éléments purement esthétiques qui n’ont aucun impact sur la performance du joueur.

Astuce pédagogique – Donnez un espace créatif personnel 

Offrez à chaque élève un endroit individuel d’expression. Les tâches accomplies dans cet espace auront plus de valeur à ses yeux. Par exemple, en guise de portfolio individuel, chaque élève pourrait remettre ses travaux via son propre site Google (ou autre) qu’il peut personnaliser à sa guise. Plusieurs élèves souhaiteront dépasser les attentes et bonifier leur site, parfois même au-delà de la fin de l’année scolaire pour les plus motivés. Un site peut également être utilisé d’année en année. 

5. Influence sociale et connexion

Cette dynamique inclut tous les aspects sociaux qui motivent les utilisateurs, comme la camaraderie, le mentorat, la collaboration, mais aussi la compétition, la convoitise et le besoin d’acceptation sociale. Dans un jeu, voir un ami atteindre un certain niveau de compétence ou posséder quelque chose d’incroyable peut nous motiver à accéder à ce niveau ou à redoubler d’efforts. 

Astuce pédagogique – Transformer la classe en une aventure commune

Si la compétition peut être efficace dans certains types de jeu, il est préférable en éducation de miser sur son aspect collaboratif. La plateforme Classcraft est un outil que j’ai utilisé pour stimuler la camaraderie, l’entraide et la collaboration dans ma propre classe. Cette entreprise québécoise permet de transformer un cours en une grande aventure commune de type jeu de rôle, avec des avatars et des quêtes. Les équipes s’entraident et surmontent des défis ensemble. Personnellement, j’ai constaté des résultats réellement positifs.

6. Rareté et impatience

Certains objets dans les jeux vidéo sont extrêmement rares, ce qui pousse certains joueurs à tout faire pour les obtenir. De plus, le simple fait que quelque chose ne soit pas immédiatement disponible alimente la convoitise. Bien dosée, la période d’attente peut permettre de mousser l’intérêt.

Astuce pédagogique – Créez l’attente

En laissant présager des choses qui s’en viennent dans votre cours, mais qui ne sont pas encore accessibles, en offrant discrètement de petits indices, de courtes bande-annonces épiques pour présenter l’unité à venir ou une quête présentement inaccessible qui pourra éventuellement être débloquée, vous créez une hype qui encourage les élèves à avoir hâte à la prochaine période ou au prochain module. L’attente et l’espoir auront de plus tendance à leur faire accorder plus de valeur à l’activité convoitée le moment venu.

7. Imprévisibilité et curiosité

Notre cerveau est économe d’énergie, il a donc tendance à prendre des sentiers connus et à perdre sa concentration lorsque nous exécutons des tâches routinières. La surprise permet de raviver l’attention et de rallumer l’intérêt. Les éléments de hasard et de chance sont un aspect important des jeux de société et des jeux de rôle. Dans les jeux vidéo, les attaques surprises, des coups de théâtre dans le scénario et divers évènements aléatoires alimentent l’immersion et l’engagement. 

Astuce pédagogique – Intégrez du hasard

Pour favoriser l’apprentissage, il est important d’avoir un cadre clair, des consignes explicites et une constance. Mais parfois, lorsqu’une activité commence à s’essouffler, vous pouvez surprendre les élèves en ajoutant une petite twist pour rallumer leur intérêt. En petites doses, l’imprévisibilité peut aider à garder leur cerveau alerte et motivé. Ajouter des événements aléatoires, des surprises et du hasard brise la monotonie et renouvelle l’engagement dans l’activité. Néanmoins, il est essentiel de n’utiliser cette astuce qu’avec parcimonie et modération. La surprise ne doit pas devenir la norme mais demeurer l’exception, pour ne pas obtenir l’effet inverse. L’imprévisibilité peut aussi être source d’anxiété et de confusion.

8. Peur de la perte et évitement

Le dernier facteur de motivation est négatif. Nous avons en horreur de perdre ou de manquer quelque chose. Communément connue sous le terme de FOMO (fear of missing out), la crainte de passer à côté d’une occasion unique qui pourrait ne pas se reproduire peut nous motiver à agir. Dans certains jeux vidéo, ce facteur de motivation peut être stimulé par des costumes, des quêtes ou des accessoires pour un avatar, qui ne sont disponibles que pour une durée limitée.

Astuce pédagogique – Créez une expérience immersive incontournable

Grâce au bouche à oreille entre élèves, votre cours peut rapidement devenir le truc à ne pas manquer si vous prenez soin d’offrir une expérience immersive solide et invitante à vos élèves. Cela peut passer par une attitude ludique, une atmosphère soignée, un souci de cohésion dans le thème d’une unité (esthétique, musique, polices d’écritures, etc.). Le diable est dans les détails. Lorsque les élèves ne veulent absolument pas manquer votre cours, c’est ce facteur de motivation qui est en cause (en plus de tous les autres).

Conseils pour ludiciser l’apprentissage

  • Ne craignez rien : ludiciser, ce n’est pas tout recommencer!

Il ne faut pas percevoir la ludicisation comme une montagne ou du travail supplémentaire. Il ne s’agit pas de recommencer à zéro. Ça commence d’abord par une attitude, celle de vouloir rendre l’apprentissage plus ludique. On peut ludiciser nos activités existantes en modifiant de petites choses, en morcelant, en changeant notre angle d’approche pour rendre l’expérience plus intéressante, stimulante, plus trippante pour tous. Ensuite, lorsqu’il est temps de créer de nouvelles activités, on garde ces découvertes sur la motivation et la psychologie humaine en tête pour développer dans une approche ludique et agréable.

  • L’apprentissage prime toujours

La ludicisation ne doit jamais se faire au détriment de l’apprentissage, mais au contraire servir à le bonifier. Grâce à la recherche en éducation, nous savons désormais ce qui est efficace pour l’apprentissage, alors assurez-vous d’abord de maîtriser et d’appliquer les principes de l’enseignement explicite. L’apprentissage est l’essentiel, la ludicisation rend le tout plus agréable pour tous. Lorsqu’ils vivent des réussites et qu’en plus les cours sont amusants, les élèves développent une motivation intrinsèque à apprendre et à se dépasser. Apprendre pour le plaisir d’apprendre est beaucoup plus pérenne et profond qu’apprendre pour l’examen ou la note.

« L’apprentissage est l’essentiel, la ludicisation rend le tout plus agréable pour tous. »

Alexandre Chenette
  • Ça ne veut pas dire « créer des jeux »

Il est important de comprendre que la ludicisation n’implique pas de créer des jeux pour la classe, mais plutôt d’adopter une attitude ludique. Si la majorité des gens aime jouer, il existe différents types de joueurs qui ne recherchent pas les mêmes expériences de jeu (voir la typologie de Bartle). Par exemple, personnellement je n’aime pas les jeux d’évasion, car j’ai le goût d’abandonner au premier indice. Si le jeu d’évasion est ma seule alternative pour apprendre, je risque de me démotiver. Pensez à offrir une autre façon de procéder pour ceux qui ne souhaiteraient pas jouer.

  • Attention au ratio temps investi et valeur pédagogique

Votre temps est précieux et la ludicisation ne devrait pas être chronophage. Prendre une fin de semaine entière pour créer un jeu d’évasion complexe qui, au final, ne prendra que 20 minutes à faire en classe avec une valeur pédagogique discutable ne semble pas rentable pour vous. Dans ce scénario, le ratio temps investi par l’enseignant et apprentissage de l’élève est vraiment faible, ce qui n’est pas l’objectif d’un enseignement efficace. (Je suis toutefois certain qu’il existe d’excellents jeux d’évasion à haute teneur pédagogique, développés par des pédagogues passionnés et passionnants!)

  • Aussi bien à distance qu’en présence

La beauté de la ludicisation est qu’elle peut se vivre aussi bien en ligne qu’en présence. La motivation et l’engagement étant les plus grands défis de la formation à distance depuis les 40 dernières années (B. Poellhuber), la ludicisation peut s’avérer d’autant plus intéressante dans un contexte en ligne. Une plateforme comme Genial.ly permet de créer des scénarios, des quêtes, des activités d’apprentissage interactives, facilement partageables et consultables par les élèves. La ludicisation s’allie aussi bien avec une approche de classe inversée.

  • Ayez du plaisir

Assurez-vous de trouver vous-même du plaisir lors de la création d’activités d’apprentissage ludiques. Posez-vous la question « est-ce que j’aurais du plaisir à faire ce que je demande à mes élèves? ». Si la réponse est non, il peut être nécessaire de voir comment faire autrement. Comme l’effet enseignant est la chose la plus importante en éducation (Hattie, J. 2016), un enseignant heureux qui s’amuse installe une atmosphère décontractée et agréable. Le plaisir et la passion, c’est contagieux.

Au final, tout le monde gagne

Avec le temps, la frontière entre plaisir et travail devient pour moi de plus en plus floue. L’ère du numérique a permis à plus de gens de transformer leurs passions en carrière. Il y a fort à parier que la tendance se poursuivra dans les prochaines années. Lorsque les élèves apprennent dans le plaisir, qu’ils réussissent, qu’ils développent une relation avec leur enseignant(e) qui s’amuse à son tour, tout le monde gagne. Et cela entraine un climat accueillant, moins de gestion de classe, un endroit (physique ou virtuel) où tout le monde a envie de se retrouver et de se développer.

« Nous avons de moins en moins besoin de diviser notre journée entre ce que l’on DOIT faire et ce que l’on VEUT faire. Bientôt, tout ce que les gens auront à faire, c’est de passer leur journée à jouer et à grandir. »

You-Kai Chou

Bonne lecture!