Cinq ans après le lancement de l’idée du Lab-École au Québec, les chercheurs Jonathan Bluteau et Mélissa Goulet, tous deux professeurs à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, s’apprêtent, avec une imposante équipe, à étudier les retombées de ce projet innovateur sur la réussite éducative.
Rappelons que le Lab-École est né sous l’impulsion de trois membres fondateurs, bien connus au Québec, l’architecte Pierre Thibault, le sportif Pierre Lavoie et le chef Ricardo Larrivée. Cet organisme à but non lucratif, qui a reçu le soutien du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) pour la construction de six nouvelles écoles, entendait mobiliser une réflexion collective pour en faire un projet de société, soit créer des lieux favorisant le bien-être des élèves et de tous ceux qui gravitent autour d’eux.
En septembre prochain, l’inauguration du premier Lab-École au Québec est prévue au cœur de la ville de Québec, dans le quartier Limoilou (arrondissement La Cité-Limoilou) (voir image principale de cet article : Lab-École Québec, conception architecturale : Lab-École + ABCP architecture).
Puis, à compter de 2023, ce sera au tour des villes de Rimouski, Shefford, Maskinongé, Saguenay et Gatineau d’inaugurer leur nouvelle école primaire issue du Lab-École.
Dès maintenant, il est prévu que Jonathan Bluteau et son équipe analysent certaines données recueillies sur les enfants de la 3e à la 6e année de Québec avant même qu’ils n ’emménagent dans leur nouvelle école de quartier. En quelque sorte, ils prennent une photo « avant le Lab-École », qui pourra éventuellement servir de comparatif.
Des chercheurs de plusieurs horizons
Dès la mise en place du Lab-École et selon les plans du MEQ, il était prévu qu’une recherche universitaire analyserait ses retombées éducatives. Un concours a eu lieu le printemps dernier et c’est l’équipe des professeurs Bluteau et Goulet qui l’a emporté.
Avec eux, pas moins d’une douzaine d’universitaires seront de la partie. Plusieurs sont rattachés à l’UQAM, mais certains le sont à l’UQTR, l’Université Laval, et même l’Université Cergy-Paris, en France, et l’Université de Fribourg, en Suisse. Ces chercheurs, hommes et femmes, proviennent de différents horizons : psychoéducation, didactique, activité physique, adaptation scolaire et psychologie. Se greffent à eux une conseillère pédagogique, Geneviève Marcoux, un architecte, Martin Champagne, et une directrice générale à la retraite, Michelle Fournier.
Selon Jonathan Bluteau, « c’est la première étude du genre au monde ». Elle évaluera les retombées du Lab-École sur le bien-être et la santé psychologique des élèves et des enseignants.
S’adapter à un nouveau véhicule
Pour en parler, nous avons rencontré le professeur Bluteau en visioconférence.
« En bref, tout ce monde-là se réunit pour dire si le Lab-École est positif? », avons-nous demandé. Sur l’écran Zoom, les sourcils se froncent. « Est-ce qu’on a besoin de savoir si une voiture électrique, c’est positif? », répond-il. « L’idée, ce n’est pas de savoir si le Lab-École est positif, c’est évident que de dessiner les plus belles écoles, par des architectes et des enseignants, ce l’est. C’est plutôt de voir comment développer les compétences des enseignantes, des éducatrices en service de garde et des enfants dans ces nouveaux espaces d’apprentissage. »
Il faut comprendre que, dans ces nouvelles écoles, il ne sera plus question de classes fermées ou de couloirs avec des casiers. On y retrouvera plutôt des espaces partagés, des alcôves, des îlots de travail, des petits gradins dans les classes lorsque l’enseignement est un peu plus magistral, des jardins extérieurs, des cuisines innovatrices…
Le travail de M. Bluteau et de sa collègue Mélissa Goulet consistera donc à étudier différents facteurs du projet, non seulement les lieux, mais également l’augmentation ou non de l’activité physique ou encore le bien-être psychologique des enfants, des enseignants et des intervenants en service de garde. On évaluera, entre autres, la motivation, l’engagement scolaire, le stress, les problèmes scolaires liés à la santé mentale. Des caméras serviront aussi aux chercheurs pour noter les interactions entre les enfants.
Ce gigantesque travail devrait prendre quatre ans, selon Jonathan Bluteau. En attendant les résultats de la recherche, les deux principaux chercheurs expliqueront leur démarche lors d’une conférence le 24 février à 16 h, à laquelle on peut s’inscrire ici.
« L’intérêt de l’enfant et l’amélioration des conditions de pratique professionnelle, incluant la formation initiale des intervenants scolaires, devraient être mis au cœur de chaque décision qui concerne l’école, y compris celles touchant l’architecture intérieure et extérieure », rappelle le site du Lab-École. La recherche universitaire des Bluteau, Goulet et cie aura à cœur de bien vérifier ce grand objectif du Lab-École.