Après avoir dévoilé les résultats d’une enquête au sujet de la coéducation menée en France récemment, les éditions Nathan ont réuni en table ronde des parents et des enseignants afin de discuter d’actions concrètes de coéducation qu’ils ont mis en place pour renforcer le lien école-famille.
Dès le début de la conversation, les panélistes sont revenus sur l’importance de « trouver un terrain de collaboration ». Les parents et les enseignants peuvent parfois avoir des visions différentes de ce que devrait être la coéducation, mais des points de communication sont toujours possibles.
Même si ce n’est pas encore pratique courante dans les écoles de France, Brune Hennquin, enseignante au préscolaire, n’hésite pas à laisser les parents de ses élèves entrer dans sa classe. Quotidiennement, elle communique aussi avec eux via une application mobile afin de leur donner des nouvelles de la vie scolaire. Deux fois par an, elle les invite même à passer une demi-journée en classe et à participer à des activités spéciales. « Ils peuvent voir comment cela se déroule concrètement. Cela les aide à avoir des référents », dit-elle. Elle a également constitué une petite bibliothèque de livres jeunesse qu’elle n’hésite pas à prêter aux parents.
Jérémie Fontanieu, professeur de lycée (2e cycle du secondaire), croit également à l’importance de la coéducation. Il incite les enseignants à communiquer avec tous les parents de leurs élèves en début d’année scolaire. Et cela vaut pour le primaire jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.
« Les parents s’attendent à ce qu’on communique avec eux uniquement en cas de problème. Si on leur tend la main dès septembre, cela peut changer la dynamique. Oui, ça demande du temps de le faire, mais cela permet de créer une alliance », fait-il remarquer. Après cet appel téléphonique initial en début d’année scolaire, il communique une fois par semaine avec les parents par texto pour leur donner des nouvelles brèves. « Il y a un lien de confiance qui s’installe. »
D’ailleurs, les intervenants étaient tous d’accord pour dire que les conflits prennent moins d’ampleur quand la communication est bonne avec les parents. Ceux-ci vont réagir de façon moins critique face à certaines situations s’ils sont bien informés de ce qui se passe en classe. Ils ont par contre déploré que la coéducation ne fasse pas partie de la formation des enseignants. Chacun doit donc l’apprivoiser à sa manière.
Une application pour communiquer avec les parents
Frank-David Cohen, cofondateur et président de Klassroom, avait été invité à participer à la discussion afin de présenter l’application développée par son entreprise pour faciliter les communications entre enseignants et parents.
L’application Klassy permet de partager des photos, vidéos, notes vocales, documents, événements, sondages, listes, invitations et devoirs. Les enseignants peuvent programmer des publications à l’avance, à la manière des médias sociaux, et gérer les réactions et commentaires des parents. Ils peuvent lancer des discussions privées ou de groupe. La fonction de traduction permet même d’écrire dans sa langue maternelle et de traduire les messages dans une centaine de langues. Enfin, l’application permet aux parents de prendre rendez-vous et, une fois le rendez-vous approuvé, celui-ci peut se tenir en visioconférence.
« Avant d’utiliser l’application, certains enseignants craignent que les parents deviennent envahissants et envoient des messages à tout moment de la journée », explique-t-il. « Ce n’est pas ce qui se produit. Ouvrir un canal de communication fait en sorte que les parents deviennent des alliés. »
Le point de vue des parents
Nageate Belahcen, co-présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), et Béatrice Lutz, secrétaire générale de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP), ont aussi pris part à la discussion. Toutes deux ont dit apprécier le fait que les enseignants communiquent avec les parents dans les bons moments avant tout, pas seulement lorsqu’il y a des problèmes.
Mme Belahcen a parlé des « code de l’école » qui sont parfois difficiles à maîtriser par les parents. « Il y a des expressions et des termes bureaucratiques qui sont utilisés dans les écoles. Les parents ne les connaissent pas. Ils doivent se faire expliquer ce vocabulaire pour ne pas se sentir dépassés. » Cela est particulièrement vrai pour les parents issus de l’immigration, qui ont d’autres référents au sujet du système scolaire de leur pays d’origine.
La rediffusion sera disponible ici dans les prochains jours.
En complément : L’École branchée vous offre des chroniques sur la coéducation. Surveillez la section Famille branchée et consultez la page École branchée sur la famille.