Notre collaborateur Marc-André Girard effectue une expédition pédagogique en Finlande et la documente ici!
J’avais déjà rencontré Saara Nissinen il y a quatre ans, lors de ma première visite à Savonlinna. Elle m’avait accueilli à l’Université de la Finlande orientale. Pour le début de notre périple, nous avons choisi de débuter en terrain connu et nous avons revu Saara.
Si vous êtes un lecteur assidu de l’École branchée, vous avez déjà fait la connaissance de cette enseignante au primaire et doctorante en éducation. Elle et moi avions fait un balado sur l’importance que les Finlandais accordent à la nature, en particulier à la forêt en tant qu’environnement d’apprentissage.
Cette fois-ci, malgré le fait que la Finlande vibre au rythme de sa fête nationale, Saara s’est rendue disponible pour nous et elle nous a donné rendez-vous dans une des forêts expérimentales finlandaises, à l’Institut national de ressources naturelles, à Punkaharju. Nous avons marché quelques minutes avant d’arriver dans un superbe abri de bois rond dont la façade donne sur l’immense lac Saimaa. Nous avons fait un feu et Saara nous a servi un verre de glögi (boisson chaude et sucrée) bien chaud. Bref, nous n’avions même pas commencé notre discussion que nous vivions l’expérience finlandaise à plein!
Aller dehors pour apprendre? C’est simple!
On le sait : les Finlandais sont très près de la nature. Cela influence nécessairement leurs approches pédagogiques. En effet, pour eux, aller dehors, c’est naturel (mauvais jeu de mots)! J’ai questionné Saara entre deux gorgées de glögi : « oui, mais sortir pour faire des maths, c’est comment »? Sa réponse : c’est simple. Nous guidons les élèves, ils trouvent quelque chose dans leur environnement qui les intéresse et nous donnons le sens nécessaire à l’activité pédagogique. C’est à l’enseignant de faire les liens avec le programme et d’orienter les découvertes des élèves pour qu’elles soient contextualisées et circonscrites dans le programme imposé par le ministère et la ville (nous y reviendrons dans un autre article ultérieurement).
Selon Saara, aller dans la forêt, c’est permettre aux enseignants de se nourrir de l’émerveillement des élèves pour construire leur propre cours. Cela ouvre la porte toute grande à la différenciation pédagogique, où le cours se construit en fonction de l’intérêt des élèves pour converger vers l’intention pédagogique de l’enseignant. Pendant ce temps, les jeunes découvrent leur milieu, en comprennent la complexité pour, à terme, apprendre à mieux respecter l’environnement.
Prenons un exemple finlandais typique : ferrer un renne. Contrairement à un cheval, il n’est pas souhaitable de le faire. Cela blesse la bête et la fait souffrir. Les jeunes vont à la rencontre de ces animaux, mais ce n’est pas pour apprendre que ferrer un renne peut être dangereux en soi. En effet, ferrer un renne ne figure pas au programme (!). Toutefois en parlant de cette thématique précise, il est question des animaux dans leur globalité, des biomes et des écosystèmes en abordant aussi le réchauffement climatique. Ces dernières thématiques, elles, sont au programme.
Autrement dit, aller dehors ne nécessite pas une grande planification. Il faut faire confiance aux élèves pour qu’ils apportent des questions et des objets qui nous permettrons, en tant qu’éducateurs, de nourrir la leçon et de faire en sorte qu’ils apprennent de façon informelle d’abord pour ensuite formaliser cet apprentissage. Le visage de Saara s’éclaire : pour elle, c’est un véritable plaisir que d’entendre les jeunes s’émerveiller dans la nature et les voir avoir du plaisir avec ce qu’elle leur offre.
Une école naturellement ouverte sur sa communauté
Enfin, sortir de l’école en plein air favorise le maillage avec la communauté sur deux plans. Premièrement, cela permet de prendre contact avec des experts en lien avec la visite, dans ce cas-ci ceux de la foresterie. Ces experts contribuent à la démarche d’apprentissage des élèves grâce à des connaissances de pointe. En second lieu, la communauté, c’est aussi la participation soutenue des parents. Comme au Québec, ils peuvent accompagner les élèves et agir en soutien à l’enseignant. L’école finlandaise étant naturellement ouverte (ce dont nous profiterons allègrement dans les prochains jours), les parents y sont toujours les bienvenus. Saara, sourire en coin, relatait que les parents participent, entre autres, aux sorties scolaires en milieu naturel et que lorsqu’ils ont un empêchement ou un imprévu, ils se confondent en excuses et mandatent un remplaçant : un voisin, un grand-parent ou un ami de la famille. Après tout, ça prend tout un village pour élever un enfant, non?
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(NDLR : L’École branchée est heureuse d’être partenaire média de cette expédition! Notez que nous ne sommes toutefois pas associés à la campagne de financement.)