Lors de sa récente expédition pédagogique en Finlande, notre collaborateur Marc-André Girard s’est entretenu avec la professeure associée Marjaana Kangas, de l‘Université de Laponie, qui étudie les mécanismes de l’apprentissage ludique. Écoutez l’entretien en formule balado ou lisez son compte rendu ici!
En Finlande, l’apprentissage par le jeu fait partie du programme d’études. Ce volet regroupe diverses activités qui permettent autant aux élèves qu’à l’enseignant de sortir de la classe, ce lieu formel d’apprentissage.
C’est dans cette perspective que la professeure Marjaana Kangas, de l‘Université de Laponie, étudie les mécanismes de l’apprentissage ludique. La professeure travaille sur ce sujet depuis 2001 à l’intérieur d’un groupe de recherche finlandais.
Essentiellement, la professeure étudie diverses questions que plusieurs enseignants se posent :
- Comment combiner les apprentissages à réaliser et les compétences à développer dans une atmosphère de jeu?
- Comment faire pour que les élèves éprouvent du plaisir à apprendre?
- Comment réaliser des activités pédagogiques à l’extérieur et ainsi apprendre en plein air?
Il s’agirait d’une question de changement de mentalité chez l’enseignant, de changement de posture. L’enseignant, dans un premier temps, doit faire en sorte qu’une partie du contrôle de la classe revienne aux élèves. Ces derniers se responsabilisent alors face à leur comportement, mais aussi face aux apprentissages à réaliser. Cette responsabilisation peut aussi aller plus loin : les élèves peuvent aussi se responsabiliser face aux apprentissages de leurs pairs.
Dans cette approche, la discussion avec les élèves est essentielle : quelles sont les règles à mettre en place? Quels sont les objectifs du cours? Comment utiliser les outils mis à leur disposition? Les rôles de chacun sont à prévoir à l’avance afin de s’assurer du bon déroulement de chaque séance. C’est à partir de cette discussion que le sens se crée, et ce, autant pour les élèves que pour l’enseignant.
Ensuite, l’enseignant doit se préparer à apprendre avec ses élèves, en plus d’apprendre de ceux-ci. Bien sûr, l’activité doit être guidée par l’enseignant, mais son travail va au-delà de l’enseignement proprement dit. Il faut aussi motiver les troupes, les orienter, les encadrer, donner continuellement du sens à l’action et partager son expertise avec ses élèves.
Enfin, le potentiel collaboratif est indissociable de l’apprentissage ludique. Les enfants apprennent à collaborer et, surtout, à se réguler dans leur démarche. Ils se donnent aussi de la rétroaction entre pairs à certains moments.
Comment apprend-t-on en ayant du plaisir?
Les études de la professeure Kangas ont démontré que l’apprentissage n’était plus seulement un processus cognitif, mais aussi un processus émotif et un processus physique.
Sur le plan émotif, le processus relève notamment de la construction de sens dans une activité d’apprentissage ludique et de la capacité à gérer ses émotions, notamment en fonction des difficultés vécues ou dans des contextes de collaboration avec les pairs.
Sur le plan physique, c’est en bougeant et en faisant des mouvements que les possibilités d’apprendre apparaissent, notamment par l’expérimentation et l’action. En bougeant, l’élève découvre son environnement, son corps et l’interaction entre les deux.
Bref, apprendre, c’est sérieux, mais parfois, le plaisir doit cohabiter avec le sérieux!